03 | Les révélations du marchandage

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Comme tous les matins depuis plusieurs mois, Hélène se réveillait au son de son téléphone qui sonnait, et comme tous les matins depuis plusieurs mois, elle s'asseyait à l'immense table à manger de son immense salon avec un regard tout ensommeillé fixé sur l'appareil bruyant.

Cependant, elle ne trouvait pas ce son récurrent agaçant, bien au contraire - même si elle ne l'avouerait certainement pas, du moins pas tout de suite -, elle appréciait cet instant.

La tête posée sur ses bras croisés, son visage ne reflétait pas du tout l'ennui, c'était plutôt de la nostalgie comme si elle voulait bien répondre mais en était incapable pour le moment.

Pourtant, à raison de trois mois de sonneries à neuf heures tapantes, Hélène aurait dû avoir le courage de décrocher maintenant, non? Mais malheureusement, la réponse était non.

Après la fin des sonneries, elle se levait de sa chaise et allait prendre un bon et gros verre de café bien chaud et passait quelques coups de fil et classait quelques dossiers. C'était sa routine de tous les jours, même le dimanche où Hélène se sentait obligée de travailler. Elle ne s'accordait pas vraiment de jour de repos, et ce, même quand elle était lieutenant de police ; les choses se passaient déjà ainsi.

Un peu plus tard dans la matinée, la sonnette d'entrée retentit, presque en train de la réveiller alors qu'elle somnolait sur les documents qu'elle avait commencé à lire.

Après s'être étirée le dos, elle se dirigea vers l'entrée de l'appartement. En regardant à travers l'œil de Judas, elle aperçut un vieil homme habillé d'un long manteau bleu foncé, de la même couleur que l'uniforme élégant qu'il portait.

Elle ouvrit immédiatement la porte, un sourire sur les lèvres en voyant le bon vieux réceptionniste. Son visage rayonnait, montrant qu'elle était heureuse de voir ce vieil ami.

« Earl, bonjour !, s'exclama-t-elle, accueillant chaleureusement l'homme. Comment allez-vous ?

- Très bien. Et toi ?

- Bien, merci. Entrez, entrez. Il ne faut pas rester dehors. »

Elle se décala pour le laisser entrer dans la somptueuse suite qu'elle occupait, et l'homme retira ses chaussures pour enfiler les chaussons qu'Hélène venait de lui apporter.

« Je n'ai pas beaucoup de temps ce matin, dit-il en déboutonnant sa veste. Il y a énormément de clients importants qui arrivent aujourd'hui.

- C'est une bonne chose, Earl. Alors ne tirez pas cette tête, plaisanta-t-elle. »

Hélène rit en aidant son ami à retirer son long manteau puis l'invita à s'installer sur le canapé. Elle le rejoignit avec une jolie tasse de tisane. Comme Earl considérait que le café était mauvais pour la santé, il n'en buvait pas.

Alors qu'elle prenait place près de lui, le sourire aux lèvres, elle s'exclama joyeusement :

« J'ai appris que Marguerite II et son époux ont été invités par le Prince du Japon. Ils vont, m'a-t-on dit, séjourner ici. Dis donc Earl... Votre clientèle est de plus en plus haut de gamme !

- Oh, qu'est-ce que tu racontes ?, renchérit-il en riant. C'est toi qui as joué en faveur de notre hôtel pour faire venir la famille royale du Danemark ici pendant leur excursion à Tokyo. »

La femme donna un petit coup d'épaule à monsieur Mcmillan.

« Je veux que cet hôtel reste ouvert pour toujours, dit-elle. Ça me tient vraiment à cœur.

Les yeux d'Hélène Lamberti brillaient de bonheur. Elle avait tant de bons souvenirs ici et avait passé une grande partie de son adolescence à courir dans les couloirs du Peninsula de Tokyo.

Nicky Larson \/ Mon plus grand amour...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant