Confusion

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Le lendemain, je voulais aller voir le port. Je passa devant la plage, et je me figea. Le même homme se tenait là, allongé, sur la même serviette, sirotant le même verre de pastis que moi, dans la même tenue. Je rebroussa chemin et me réfugia dans ma chambre d'hôtel, en sueur. Je réfléchi quelques instants, afin de me remettre les idées en place. Après plusieurs longues minutes, j'en arriva à la conclusion que l'homme était probablement un autre vacancier ayant la même apparence physique que moi, les même vêtements, les même goûts... Ce n'était donc qu'une incroyable coïncidence. Pas de quoi s'alarmer donc. Je décida de profiter de ma soirée, et la passa dans la piscine à discuter avec les autres résidents. Je fis quelques rencontres intéressantes, notamment un ancien colonel avec lequel j'eus quelques discussions futiles mais qui ont eu le mérite de passer le temps. Lui était cependant ravi d'avoir un interlocuteur à qui débiter ses histoires sans fin de conquêtes, de guerres et d'actes héroïques accomplis aux quatre coins du monde. Vins le dîner, puis je me coucha. Cette histoire étrange était déjà oubliée, et je dormis d'un sommeil paisible.

Soudain, un bruit. Des coups répétés à ma fenêtre. Probablement des gamins qui me faisait une mauvaise blague. Cependant, un je-ne-sais quoi dans l'atmosphère me soufflait que non. Je regarda mon réveil. Il était plus de minuit. Je me leva, et m'approcha de la fenêtre à pas lents. J'approchai mon doigts du bouton d'ouverture des volets. Quelque chose au plus profond de moi me fit hésiter. Je le pressa néanmoins. Les rideaux métalliques s'ouvrirent avec fracas, dans une longue plainte. Je pressa mes yeux contre la vitre, et je fis un gigantesque bond en arrière. L'homme du supermarché. Celui de la plage. Il se tenait en bas sur le trottoirs, et me regardait. Je fui dans le couloir, descendit les escaliers quatre à quatre, et déboucha devant l'hôtel. L'homme avait disparu. Je couru à en perdre haleine, héla un taxi, et roula jusqu'au matin. Mon voyage devait durer sept jours, et j'étais parti au bout du quatrième, mais je n'aurais pas pu rester une heure de plus là-bas. Une fois rentrée chez moi, j'appelai mon majordome :

« Bonjour monsieur. Avez-vous fait bon voyage ? Vous rentrez bien tôt. Vous n'êtes après tout parti qu'il y a deux jours. »

L'AUTRE MOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant