8) Se rendre à l'évidence

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Mattheo avait déjà entendu des hurlements aussi perçants et stridents à en faire hérisser les poils une autre fois dans sa vie.

Comme perdu entre le passé et le présent, il revoyait parfaitement sa mère taillader Flora jusqu'au plus profond de sa chair.

Les cris d'Olivia avaient la même intonation, la même détresse, la même douleur que ceux de Flora, poussés quelques années plus tôt.

C'est en un temps record que Mattheo et Flora avaient accourus jusqu'aux jumeaux.

Livia rampait sur le sol, couverte de sang, larmoyante. Leo, prisonnier de menotte enchaînée au sol, se débattait à tout prix pour se rapprocher de sa sœur.

Les jumeaux étaient tellement ensanglanté qu'ils étaient irreconnaisables.

En se précipitant sur eux, Flora ne pouvait plus contenir ses larmes. Elle se dépêcha de libérer son fils, de le prendre dans ses bras et d'attirer sa fille contre elle.

Elle marmonait ce qui se voulait des paroles rassurantes. Ses vêtements se tâchaient du sang de ses enfants.

Sa respiration s'affolait tandis que sa gorge s'asséchait d'angoisse.

Elle essuya le visage de ses deux bébés avec ce qui restait de son t-shirt. Sa peau était froide et devenait bleue, ses lèvres tremblaient et ses bras étaient recouverts de chaire de poule.

"Mes bébés, reniflait Flora en les serrant aussi fort qu'elle le pouvait contre son cœur, mes amours... tout va bien, c'est terminé..."

Leo s'agrippait aussi fort qu'il le pouvait à sa mère, enfouissant son visage dans le creu de son cou et ses cheveux. L'odeur floral du parfum de Flora le rassurait. Le son de sa voix avait le don de le calmer.

Olivia, quant à elle, tremblait de la tête au pieds comme montée sur ressort. Elle marmonait des choses incompréhensibles, larmoyante au point que son visage se liquéfiait tout entier.

Flora la berça doucement, incapable de canaliser la terreur de ses deux enfants. Elle jeta un coup d'œil par dessus son épaule : Mattheo était resté planté là, devant eux, tétanisé et stuporeux. Il semblait fait de marbre noir, une statue au visage décomposé.

Cette vision d'horreur lui était insoutenable.

Cette prophétie ne concernait que lui, pas ses enfants. Pas sa femme. Pas sa famille. Pourtant, c'était toujours les personnes qui lui étaient le plus cher qui périssaient, dans la mort ou la souffrance psychologique.

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