Ginevra Molly Weasley fut tirée du sommeil par les vociférations de sa mère. Clignant des yeux dans la lumière naissante de l'aube, elle songea qu'il était encore beaucoup trop tôt pour qu'elle se mette à crier ainsi. Elle se demanda ce que les jumeaux avaient bien pu faire comme bêtise pour la mettre dans un tel état d'aussi bon matin.
Les cris provenaient de la cour. Depuis son lit, Ginny ne parvenait pas à distinguer la teneur exacte des propos. Elle tenta de se rendormir, mais les hurlements laissèrent bientôt place à une odeur de saucisse grillée qui monta jusque sa chambre. Son estomac se mit à gargouiller. Elle s'extirpa du lit, enfila ses pantoufles et descendit dans la cuisine en chemise de nuit.
Sa mère était en train de beurrer du pain. Quatre silhouettes étaient attablées dans la cuisine : trois garçons aux cheveux aussi roux que les siens, et un autre aux cheveux noirs de jais qui portait des lunettes rondes. Ginny laissa échapper un cri de surprise. Harry Potter. Harry Potter était dans sa cuisine ! Et elle venait d'y entrer... en chemise de nuit. Les joues rouges de honte, elle s'empressa de faire demi-tour. Dans les escaliers, elle regretta aussitôt sa décision : pourquoi s'était-elle enfuie ainsi ? Elle devait avoir eu l'air ridicule !
Au deuxième étage, elle se réfugia dans sa chambre et s'empressa de revêtir une tenue convenable. Pourquoi personne ne l'avait prévenue qu'un invité arrivait ce matin ?
Ginny rassembla alors les pièces du puzzle : les cris de sa mère, les trois personnes assises à table avec Harry : Ron, Fred et George. Elle comprit que l'arrivée du garçon n'avait pas du tout été prévue. Ses frères étaient allés le chercher eux-mêmes ! Comment s'y étaient-ils pris ?
Ron avait envoyé de nombreuses lettres à Harry au cours du mois de juillet pour l'inviter à séjourner chez eux, mais il n'avait jamais répondu.
— Peut-être qu'il est trop occupé à lire le courrier de ses admiratrices ! avait plaisanté Fred trois jours plus tôt, le jour de l'anniversaire de Harry, alors que Ron s'inquiétait à nouveau de ne pas avoir de nouvelles. Tu lui as envoyé une lettre, Ginny ?
— N'importe quoi ! avait-elle répliqué en se cachant à moitié derrière la boîte de céréales, rouge pivoine.
Ron avait passé l'été à parler des exploits de Harry contre Quirrell. Ginny avait posé des questions, impressionnée, et maintenant, on la prenait pour une groupie ! Certes, les faits d'armes de Harry l'intéressaient un peu plus que ceux de Ron, qui avait raconté à l'envi sa partie d'échecs magiques géante (au grand dam de Fred et George), mais... cela ne voulait rien dire du tout !
— Après tout, il a réussi à battre Quirrell à mains nues ! avait repris Fred.
Il avait coincé la pomme qu'il était en train de manger entre ses mâchoires et, imitant Harry, avait collé ses mains contre le visage de George, qui avait fait semblant de hurler de douleur et de mourir de façon grotesque.
— Et Quirell afait Vous-Chavez-Qui derrière la tête ! avait renchéri Fred avec une élocution approximative, la pomme toujours dans la bouche.
Sa mère l'avait aussitôt rabroué. Elle n'aimait pas que l'on mentionne le mage noir. Bien qu'elle ne l'évoque qu'en de rares occasions, elle avait perdu ses frères pendant la guerre. Il y avait quelques mois encore, la majeure partie du monde des sorciers pensait que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom avait disparu pour de bon, mais les évènements du mois de juin avaient prouvé le contraire. Même si, d'après le père de Ginny, peu de gens voulaient croire Dumbledore... La nouvelle n'avait d'ailleurs pas fait la une des journaux, ni même les petites lignes. Si Ron n'avait pas été directement impliqué dans les évènements, peut-être que les Weasley auraient préféré les ignorer, comme le reste de la population...
Ginny ne tarda pas à comprendre comment ses frères s'étaient débrouillés pour ramener Harry chez eux. Au rez-de-chaussée, sa mère haussa à nouveau le ton, cette fois en s'adressant au père de Ginny, qui venait de rentrer du travail. Ginny entrouvrit la porte de sa chambre pour mieux entendre. Apparemment, Ron, Fred et George avaient emprunté la voiture qu'il avait traficoté pour la faire voler. Ginny étouffa un rire. Dans la mesure où le métier d'Arthur Weasley consistait à lutter contre les objets moldus ensorcelés, il fallait admettre que c'était cocasse.
Ginny entendit des pas dans l'escalier. Ron et Harry passèrent devant sa porte. Dans un moment de panique, Ginny s'empressa de la refermer. Elle s'en voulut aussitôt. Harry allait sûrement rester au Terrier un moment. Sans doute jusqu'à la rentrée, dans un mois. Un mois qu'elle ne pourrait pas passer cachée dans sa chambre.
Il va vraiment falloir que j'arrête de réagir comme une idiote, songea-t-elle.
Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle fanfic, la réécriture de La Chambre des Secrets du point de vue de Ginny ! Cette fic m'a fait réaliser quelque chose : vu par Harry, ce tome 2 a ses moments dignes d'un thriller, mais vu par Ginny, c'est carrément un film d'horreur ! Je me suis rendue compte que je devais revenir sur la première année de Ginny à Poudlard avant de continuer à écrire sa 7ème année en raison de certains évènements qui y seront abordés. J'espère que cette réécriture vous plaira. Bonne lecture !
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Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 1 : Le journal de Jedusor
Fanfiction"Je m'appelle Ginevra Molly Weasley, mais tout le monde m'appelle Ginny." Elle suspendit la plume au dessus de la page quelques secondes, butant sur le choix de ses prochains mots. Sous ses yeux ébahis, ceux qu'elle venait d'écrire disparurent alors...