Chapitre 10 - Face à face

97 14 24
                                    

Ginny tenta de rassembler son courage à maintes reprises, mais dès qu'une occasion de se faufiler dans le dortoir de Harry pour récupérer le journal se présentait, elle était prise d'une crise de tétanie. Elle ne voulait pas retoucher à cette chose. Plus jamais.

Les semaines défilèrent. Elle guettait la réaction de Harry en sa présence, mais celui-ci faisait à peine attention à elle. Tom ne lui avait sans doute rien raconté à son sujet. Une autre peur s'empara alors d'elle : et si Tom se servait de Harry pour commettre de nouvelles agressions ? Elle ne pouvait pas le laisser faire...

La veille du match contre Poufsouffle, Ginny décida de profiter de l'entraînement de Quidditch de Harry et de l'absence des autres, partis dîner, pour enfin passer à l'action. Terrifiée à l'idée de manquer de temps et d'être prise la main dans le sac, elle ne perdit pas une seconde et retourna sans vergogne les affaires de Harry. Il finirait bien vite par s'apercevoir qu'on lui avait volé le journal, de toute façon...

Elle trouva ce dernier et s'en saisit avec des mains tremblantes. Puis elle fila hors du dortoir et le cacha sous son matelas.

Cette nuit-là, elle rêva du journal. Elle le sortait de sa cachette, trempait sa plume et écrivait dedans.

Cher Tom...

— Non, murmura-t-elle. Non...

Elle voulait se réveiller. Mais elle en était incapable.

Ce n'était pas un rêve.

***

— À compter d'aujourd'hui, tous les élèves devront regagner leurs salles communes à six heures du soir. Passé cette heure, aucun élève ne devra plus quitter son dortoir. À la fin de chaque cours, un professeur vous accompagnera dans la classe suivante. Tous les entrainements et les matches de Quidditch sont reportés à une date ultérieure et il n'y aura plus aucune activité le soir.

Un silence de plomb retomba sur la salle commune de Gryffondor pleine à craquer suite au discours de McGonagall. Ginny regarda autour d'elle. Percy avait l'air pâle, abattu. La culpabilité rongeait le cœur de Ginny. Il y avait eu une nouvelle double agression dans la matinée, avant le match de Quidditch. Deux nouvelles victimes pétrifiées. L'une était Pénélope Deauclaire.

L'autre était Hermione.

Regarder Percy était difficile ; regarder Harry et Ron, impossible. Ginny se sentait à nouveau malade, épuisée. Vide.

— Je n'ai pas besoin d'ajouter que j'ai rarement été aussi bouleversée, poursuivit McGonagall. Si le coupable n'est pas bientôt arrêté, il faudra s'attendre à une fermeture pure et simple de l'école. Je demande à tous ceux qui pourraient avoir des renseignements à fournir en rapport avec ces agressions de les communiquer sans délai.

Ginny regarda McGonagall quitter la salle commune. Elle savait qui se cachait derrière tout ça. Elle aurait pu parler. Elle avait le pouvoir de tout arrêter. Elle serait renvoyée, mais qu'est-ce qu'un renvoi pesait contre une fermeture de l'école ? Contre des vies sauvées ?

Alors pourquoi en était-elle incapable ? Manquait-elle à ce point de courage ? Elle faisait une bien piètre Gryffondor...

Le lendemain, une autre nouvelle assomma toute l'école : Dumbledore avait été suspendu de ses fonctions par le conseil d'administration dirigé par Lucius Malefoy. La peur augmenta d'un cran dans le château. Hagrid avait également été arrêté et emmené à Azkaban par le ministre de la Magie en personne, Cornelius Fudge. Personne, hormis Lockhart, ne semblait croire qu'il se cachait vraiment derrière ces agressions. Aux yeux de la plupart des élèves et des professeurs, Hagrid n'était qu'un bouc émissaire.

Les Chroniques de Ginny Weasley - Tome 1 : Le journal de JedusorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant