something that's been lost, our unfinished story.

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  La neige fondait, les premiers cerisiers fleurissaient, drôle de contraste qu'offrait la fin février

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La neige fondait, les premiers cerisiers fleurissaient, drôle de contraste qu'offrait la fin février. Les poussières immaculées du ciel coulant sur le rose des pétales, timides et délicats. L'hiver s'était prolongé, le printemps fait trop impatient. Ça tissait une toile oxymore nuance aquarelle, mêlant les saisons comme les cœurs des protagonistes.

Car oui, elle avait des personnages cette toile. Toile qui racontait d'ailleurs un peu plus que, simplement, la collision des saisons. À travers leurs regards et leurs pensées, leurs souffles s'évanouissant dans l'air froid et leurs pas soudain arrêtés, y'avait une collision entre leurs mondes, également. Lee Minho et Kim Seungmin, on ne savait pas bien qui d'eux ou du nouveau printemps, donnait ses couleurs au tableau. Le mélange des deux, certainement. Collision de rencontres, rencontres en collision, ça ne peut qu'au final donner une œuvre plus riche encore, plus vivante.

En bord de ville, bercés par le calme propre aux banlieues aisées d'un côté et le trafic ferroviaire de l'autre, du à la gare non loin, les discussions lointaines et le vent clément faisaient office de seule bande-son à leur film, si ç'en avait été un. Et quelle scène ç'aurait été ! Des retrouvailles dont on attend tant, l'émotion si puissante, bloquée dans la gorge, une seconde rencontre. Un scénario cliché, toute somme, qui s'il l'est réellement, exclut toutes inquiétudes : le cliché se termine toujours bien.

Mais si leurs mélodies, à Seungmin et Minho, les deux protagonistes rêvant un peu trop l'un de l'autre, ne s'accordaient plus aussi bien qu'avant ? S'ils avaient dépassé leur temps, si l'échange s'avérait fade, la complicité évaporée et l'alchimie muette ? Si, tout compte fait, ils n'étaient pas un si beau cliché qu'on le présumait ? En poussière espoirs et idylles, désuet l'amour des âmes juvéniles. Ils le craignaient, le redoutaient de tout leur être, autant l'un que l'autre. Peut-être, seulement, Minho le montrait plus.

Parce qu'il était dur à lire, Seungmin. Il l'avait toujours été, l'autre s'y était accoutumé, et pourtant, ça ne suffisait pas toujours. Malgré qu'il était devenu le plus apte, pour le décoder – si jamais les années ne leur avaient pas volé cela, en plus du reste – il gardait toujours une part de mystère pour lui, le plus jeune. Une marge de sécurité, son jardin secret, ses pensées profondes on les devinait rarement. Et là encore, planté de l'autre côté de ce bout de route, toujours sur le parvis de la gare, valise à l'arrêt et sac sur l'épaule, Minho peinait à l'interpréter. Après le long voyage qu'il terminait, Seungmin devait bien se sentir fatigué, excité, hésitant ou comme Minho lui-même, anxieux de ces retrouvailles. Mais aucune trace de ces tourmentes sur ses traits, rien que son doux sourire et ses yeux bienveillants, alors qu'il faisait signe au garçon de le rejoindre. En retrait, leurs parents bavardaient déjà joyeusement, si c'était pas ironique.

Mais il en avait assez Minho, d'être décalé. Celui qui ne sait jamais comment agir, celui qui ressent trop, toujours plus, jamais quand il faut. Pour cette exacte raison, il le frustrait un peu Seungmin, à banalement sourire et rester aussi opaque. C'est bête car c'est justement ce qui l'a fasciné chez lui, cette incapacité éprouvée à le cerner, quand Minho lui-même a toujours été un livre ouvert lisant clair en les autres. Seungmin était l'exception, il la restait ce jour-ci, mais ce que c'était peu pratique, parfois.

Ce que Minho ignorait, c'est que son ami, s'il se cachait aussi longtemps derrière son sourire à tout faire, c'est qu'il paniquait tout autant que lui. Et aussi, peut-être, qu'il s'accordait une courte pause pour l'admirer car diable, ce qu'il était devenu beau, Minho. Ses yeux félins emplis d'émotions délicieuses, sa lâche et blanche chemise retombant – un peu trop bien – sur ses épaules et ses cheveux désormais roux, il n'avait plus grand chose du petit garçon qu'avait connu Seungmin. Sauf, sans aucun doute, le regard. Identique, il pétillait toujours autant.

Et dans cet enchevêtrement d'éclosions silencieuses, sans qu'aucun ne comprenne vraiment, c'était devenu Seungmin, celui qui aime trop.

La brise continuait de souffler, si délicatement qu'elle ne faisait que passer, on la remarquait tout juste. Peut-être avait-elle peur de bousculer les aquarelles, l'art c'est sacré même si cet art là, il commençait sérieusement à s'éterniser. Puis dans un souffle moins timide, une voix chaleureuse et taquine, bousculant au passage toute une houle de souvenirs sans trop s'en apercevoir, s'élève dans l'hiver délaissé.

— Allez, viens. Tu m'as manqué, idiot.

— Pff. On s'est parlé hier.

Il articula avec difficulté Minho, parce que les larmes lui vinrent, mais il articula quand même. Ses émotions prennaient souvent le dessus, l'engloutissaient, c'était aussi le cas cette fois-là.

— Tu sais très bien que je parle pas de ça.

Léger gloussement, effectivement il savait. Le plus naturel possible qu'il lui était permis, le rouquin s'avança pour aider le voyageur avec ses bagages, leurs mirades se cherchant puis se fuyant, toujours aussi hésitantes. Réalisant l'absurdité de leur comportement les deux garçons se laissèrent aller à une hilarité partagée, c'était plus aisé que les mots, parfois, les regards et les rires.

Peut-être que, tout compte fait, leurs mélodies avaient encore beaucoup en commun. Et si elles s'accordaient toujours à merveille, alors..? Alors c'est qu'un nouveau printemps commençait. Qu'ils n'avaient pas tant perdu que ça, dans l'hiver doux, les protagonistes éloignés.

˚₊‧꒰ა ☁︎ ໒꒱ ‧₊˚

J'DEVAIS PAS POSTER DE SUITE AYO mais amani tu l'attendais alors voilà 😔

౨ৎ 𝗕𝗥𝗢𝗞𝗘𝗡 𝗠𝗘𝗟𝗢𝗗𝗜𝗘𝗦 [2min]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant