Une page d'amour

Un séparation douloureuse

Une page d'amour

Chapitre 1

Tranquillement assis au milieu de la cité en cette fin d'après-midi de juin, Malcolm et Pierre, tous deux 25 ans, ne parlaient pas, mais semblaient absorbés dans de lointaines pensées. D'ailleurs, ce silence durait depuis un moment déjà.

Cependant, à un moment Malcolm brisa cette trêve silencieuse par une question : « tu m'accompagnes demain à l'hôpital ? Ma grand-mère va mal...

- Impossible... Répondit Pierre, je pars ce soir. Malcolm sursauta au fond de lui :

- Où ça ?

- Je m'en vais à Paname, mon père veut plus que j'reste ici... Il m'a pris un billet de train, il m'a trouvé du travail dans une boulangerie qui est tenue par un pote à lui...

Les deux amis d'enfance restèrent quasiment paralysés de la langue. Pierre et Malcolm c'était une amitié éternelle, ils avaient tout vécu ensemble depuis la maternelle, et voilà que cette nouvelle tombe comme le tonnerre. Ils avaient appris à vivre ensemble, et il n'y avait pas un seul jour qu'ils ne s'étaient pas retrouvés. Jamais, l'un d'entre eux ne pouvaient concevoir l'idée d'une séparation.

Il y avait un moment que Pierre voulait parler de ce départ à son ami, mais il n'osa pas, et n'en eut pas la force. Malcolm n'arrivait pas à y croire :

" Tu pars quand ?

- Ce soir, ma valise est prête, je prends le TGV à Saint-Charles dans une heure et demie, mon oncle m'accompagne.

- Et tu comptais pas me dire ?

- Si, mais je l'ai su que ce matin... Mon père veut plus que j'reste ici, il dit que c'est mort pour moi. Et depuis qu'ils ont montré notre quartier à la télé, il dit que c'est complètement foutu..

- Putain... Et tu vas revenir ou c'est définitif ?

- Mon père dit que je reviendrai plus. »

Le silence reprit le dessus, Malcolm avait au bout des doigts un petit bâton qu'il scrutait sans la présence de l'esprit. Il semblait perdu. Pierre reprit :

- Tu savais que le Caïd de La Rose s'est fait raffaler ?

- Par qui ?

- À ton avis.. ?

- Et qui a repris le réseau ?

- Son cousin, il parait que c'est un fou.. Fais attention à toi Malcolm.

- Te casse...

A ce moment-là, une voiture arriva avec une musique de rap, c'était Nadir à bord. Toujours aussi heureux : " et les gars ça vous dit une ptite soirée tout à l'heure... Il y aura à boire et à manger pour tout le monde ! Pierre le va la tête :

- Demande à Malcolm, je bouge moi...

Nadir attendit une réponse qui ne vint pas... Il redémarra la voiture :

- Malcolm, tu sais où je suis si tu me cherches ! Ciao les gars ! "

La BMW repartit dans un crissement de pneus.

Puis, finalement Pierre se leva, et tapa dans la main de Malcolm :

" Bonne chance mec.. !

- Bonne continuation à toi Pierre..."

Et ce fut tout, la pudeur les retenait de se dire combien ils allaient souffrir réciproquement de leur séparation.

Cette dernière parole s'abattit sur les oreilles de Malcolm avec la violence d'un coup de marteau. Pierre en avait conscience, et lui aussi souffrait dans son for intérieur. Il disparut, puis revint de suite :

"Tiens ce billet de train, il est pas composté, donne-le à Josiane, ils la rembourseront, elle en a bien besoin la pauvre. Moi je vais griller le train.

- Ok , c'est gentil pour elle, prends bien soin de toi et à un de ces jours..."

La nuit était à présent tombée, et Malcolm demeura en l'endroit quelques instants encore. Puis, tout à coup, un « salut Malcolm !» le tira de ses songes. Il releva la tête : la silhouette venait de disparaître, mais il n'avait pas rêvé, c'était bien Zakia... Mon Dieu, elle était donc revenue !

Au cœur de cette nuit sans espoir, il lui semblait qu'un nouveau jour se levait pour lui... Même si au fond, leur histoire était terminée depuis des années... Le jeune homme se leva et la suivit.

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