Chapitre 2

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- Rosaline ?!

Mademoiselle Soiyer inspecta chaque recoin de la chambre de la demoiselle, affolée depuis la découverte du lit vide de la jeune fille. Elle couru dans les couloirs du vieux château fort, sa jupe fermement tenue par ses mains grasses afin de ne pas tomber. Elle criait sans cesse le nom de sa jeune maîtresse, dans l'espoir qu'elle la retrouve bien sagement, en vain. Découragée, elle alla devant le bureau du baron en prenant soin d'ajuster les plis de sa tunique. Après une longue respiration, elle frappa à la porte.

- Entrez. fit une voix lasse.

Le baron Carsweren remplissait tranquillement la paperasse habituelle, ne daignant pas regarder sa domestique, pensant qu'elle allait lui remonter les erreurs quotidiennes des filles de cuisine. Sa fine barbe blanche et son crâne dégarni contrastait avec la jeunesse de sa femme, occupée à broder sur une bancelle dans un coin de la pièce.

- Mon seigneur...Ma Dame... commença la gouvernante en s'inclinant. Je ne trouve lady Rosaline nul part...

Le vieil homme se figea un instant, abandonnant son écriture. La châtelaine, quand à elle, continuait son travail minutieux. Voyant que son époux s'imaginait le pire, elle prit la parole sans quitter des yeux la fleur qu'elle brodait.

- Ne vous faites pas de mourons mon cher. Rosaline est partie tôt ce matin dans les jardins.

Le baron regarda son épouse un instant avant de s'adresser à madame Soiyer :

- Vous pouvez disposez.

Une fois la gouvernante partie, le seigneur s'affala sur son siège.

- Cette enfant ne nous apportera que de l'inquiétude ! Souffla-t-il à l'intention de sa femme. Mes vieux nerfs ne la supporteront plus...

La baronne s'approcha de lui et entoura de ses bras fins la nuque de son époux puis déposa un chaste baiser sur sa joue.

- Vos nerfs me supportent depuis plus de vingt ans déjà... Alors je pense qu'ils seront capables de supporter notre fille.

Elle se redressa et regarda les jardins à travers la fenêtre, un air de mélancolie sur son visage lisse et élégant.

- Rosaline va avoir quinze ans lors des Serpydes. Laissons-lui encore un peu de liberté avant son mariage...

- Quand allons-nous lui dire ? commença le seigneur. Il n'y a personne de plus qualifiée qu'une mère pour ça...

Dame Elisandre se rongea nerveusement les ongles.

- Le jeune Falcon Givenstar n'est pas encore adoubé... Nous avons encore trois mois devant nous avant qu'il ne lui fasse sa demande.

Le baron se leva de sa lourde chaise et posa une main réconfortante sur l'épaule de sa femme qui commençait à trembler. Elle se tourna brusquement vers lui et fondit en larmes dans ses bras, faisant couler le charbon qu'elle avait mis sur ses paupières afin de mettre en valeur ses yeux noisette.

- Rosaline est bien trop jeune pour ce marier au fils de ce monstre ! C'est injuste...

- Je sais ma mie, je sais... Mais les Grivenstar sont sûrement la famille la plus influente du continent elfique. Notre fille sera en sécurité et vivra comme une véritable reine.

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Les pans de la jupe pleins de boue, les cheveux noirs lâchés sur ses épaules et un panier rempli de fleurs à la main, Rosaline marchait le long des rosiers blancs qui menaient à la fontaine principale. Le Jardin Gris, comme on aimait appeler la demeure des Casweren, regorgeait de secrets cachés. Les hauts remparts du château se prolongeaient afin de protéger l'immense jardin du regard extérieur, privant beaucoup plus tôt les plantes de la lumière du jour au grand damne de la jeune fille. Heureusement, étant née lors des cérémonies annuelles dédiées au dieu du soleil, le glorieux Serpy, elle avait reçu des dieux le don de la magie. Les plantes s'épanouissaient en sa présence et Rosaline s'épanouissait en leur présence : telle était la règle d'équilibre que les êtres divins imposaient à chaque enfant béni sous leurs jours sacrés. « Si les ôh grandes divinités vous confèrent des facultés, leur seule utilisation vous fera sentir plus vivante que les vivants, ma lady. Croquez à pleines dents au pouvoir divin, le seul pouvoir saint en ce monde corrompu ! Sinon le vide s'emparera de vous et vous succomberez au désespoir le plus total ! » comme lui avait dit le prêtre du village voisin le jour où sa magie s'était réveillée. « Foutaises que cela !» avait fait le baron de Casweren, sa fille de six ans dans les bras. « Ma fille ne rentrera pas dans vos paroisses fanatiques ! Oh que non ! » sous le regard indigné de son épouse, étant très croyante et pratiquante depuis sa plus tendre enfance.

La jeune brune continua sa route, rendant les pétales de roses encore plus éclatants qu'ils ne l'étaient la veille. Rien ne poussait à proximité des murs lorsque qu'elle était petite, mais grâce à sa magie et à ses promenades quotidiennes, le jardins ne s'étaient jamais aussi bien portés. Elle croisa sur son chemin le vieux jardinier qui taillait une haie avec une paire de cisailles.

- Bien le bonjour lady Rosaline ! Je ne vous croyais pas de si bon matin ! Fit-il jovialement en retirant son chapeau de paille.

La brune au teint d'ivoire se mit à rire doucement.

- Bonjour Santoh ! J'ai eu un horrible rêve cette nuit qui m'a réveillée tôt.

Le vieil homme au visage ridé, rides dues à des dizaines d'années au soleil, émis un rire gras.

- Et pourtant je ne vois aucune cerne sur ce si joli minois ! Bonne journée à vous ma lady !

La jeune héritière sourit de toutes ses dents face à ce gentil compliment qui lui réchauffa le coeur.

- Passez une bonne journée Santoh !

Sur ce, elle repris sa marche décidée et le jardinier continua sa tâche en chantonnant comme il le faisait chaque matin.

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- Mère ?

Elisandre Casweren se tenait devant l'âtre de la grande cheminée. Aucun feu n'y brûlait : la saison chaude était bien entamée. Le jeune fille déposa son panier de fleurs sur un bout de l'immense table en chêne massif en souriant.

- Des domestiques ont dit que vous me cherchiez.

Elle reprit :

- Je suis désolée d'être sortie de ma chambre ce matin, mais j'avais fais un étrange rêve...

La baronne perdit son regard inquisiteur.

- Et que te racontait Alkizioh* ?                                       

La jeune fille se mit à genoux et vint poser sa tête sur les cuisses de sa mère, comme elle le faisait étant petite lorsqu'elle était tourmentée.

- Je marchais dans une forêt de ronces, dans le brouillard du matin. J'étais totalement perdue... Mais ! D'un seul coup d'un seul j'entendis une voix lointaine me réconforter. Cette voix m'a rassurée... Comme un bon feu en hiver ! Puis... Elle est partie ! Et alors je sentis derrière moi une présence malveillante, prête bondir pour me dévorer ! C'était un dragon ! Un dragon rouge venu depuis la mer ! Oh mère j'ai eu si peur !

La châtelaine se figea à ses mots: le dragon des mers rouge était le blason de la famille Grivenstar. 




*Alkizioh: dieu du sommeil et des rêve

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Hello hello !

Sorry pour cette longue absence 😢

Merci à vous si vous lisez cette histoire ❤ La suite arrivera bientot (j'espère)


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 27 ⏰

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