Cécité [TOME 2]

Chapitre 33 | Marinette

Des sifflements me perforent le crâne. Ma vue s'embrouille entre flou et taches sombres. Une douleur vive me lancine le dos. Heureusement, les feuillages sur ma route ont amorti ma chute, cela aurait pu être bien pire. Allongée sur le flan, je tente de me redresser dans quand une voix grogne :

— D'accord Papillon, je t'apporterai les Miraculous de Ladybug et Chat Noir.

— Ne fais pas ça !

Mes ongles s'enfoncent dans la terre, je lutte contre la douleur pour me mettre à genoux. Mes côtes aussi ont morflé. Des bruits de pas s'approchent doucement de moi, suivi de deux yeux rouges. Sous un costume semblable à celui d'un superhéros, Yan me jauge de haut.

— Marinette, le Papillon m'a donné un nouveau pouvoir, celui d'être cru et admiré par les gens. N'est-ce pas formidable ? Ils ne croiront plus les mensonges de Lila si je leur ordonne de le faire !

Mon instinct m'intime de baisser la tête. Il y a une raison pour laquelle ses yeux m'attirent autant : son superpouvoir doit se déclencher à partir d'eux.

— Yan, écoute-moi ! Ce n'est pas la solution, il ne faut pas avaler tout ce que le Papillon te dit. Il ne veut pas t'aider, il désire juste les Miraculous de Ladybug et Chat Noir !

Chat Noir.

— Et alors ? Si cela peut me permettre d'obtenir ce que je mérite réellement, qu'est-ce que ça peut faire ? Et puis, je sais exactement où trouver un de ces miraculous.

Adrien, il sait qui est Adrien et il risque de le dire au Papillon. Je ne peux pas me transformer ici, sous ses yeux. Yan s'accroupit devant moi et pose une main sur son épaule. Je serre les dents pour ne pas relever la tête.

— Rejoins-moi Marinette.

Sa poigne se fait de plus en plus pressante.

— Hors de question.

Je ne peux pas me laisser berner ni passer sous son emprise, je dois sauver tout le monde, encore une fois. Déçu, Yan promène son bras jusqu'à mon poignet, puis le saisit brutalement. La douleur de mes côtes me coupe le souffle. Je pousse un cri à la hauteur de ma souffrance quand je retombe lourdement par terre. Un bruit sourd percute un mur de l'hôtel suivi de brisures de vitre. Un léger silence. J'ai trop mal pour bouger. Ainsi, lorsqu'une ombre assombrit ma vue, je n'ose plus respirer.

— Marinette ?

La voix d'Adrien me provoque un sanglot. Il glisse une main sous ma nuque et l'autre au creux de mes genoux avant de me soulever du sol. Les yeux à moitié fermés, je devine au vent qu'il hisse son bâton pour m'éloigner de l'hôtel.

— Accroche-toi, je t'emmène en lieu sûr.

Il pourrait me dire n'importe quoi, je le croirai. Je suis si heureuse qu'il soit venu m'aider, me sauver. Je me crispe quand ma peau touche le bitume glacé. Adrien se confond en excuses puis promène sa main vers ma bourse pour déloger Tikki, recroquevillée sur elle-même.

— Tout va bien, vous êtes en sécurité.

— Merci Chat Noir, glapit mon kwami.

Je peine à garder les yeux ouverts tant la douleur me tire vers les limbes du sommeil. De petites pattes forcent sur mes paupières pour les maintenir en place.

— Vite Marinette, transforme-toi !

Un soupir m'échappe, je me sens vraiment au fond du trou.