Mon amour, je te hais.

Chapitre 1 : Tout est flou.

Je connais Siri depuis longtemps, depuis la 6e primaire, et je pense que je ne l'ai jamais aimée.

Alors pourquoi viens-je de l'embrasser ?!

Je ne comprends rien.

Attends... tout se mélange dans ma tête.

Où suis-je ?

Pourquoi viens-je de l'embrasser ?

Pourquoi n'arrive-je pas à ouvrir les yeux ?

Pourquoi ses lèvres sont-elles si douces ?

J'ouvre les yeux et la vois en pleurs. Son gilet tombe de ses épaules, ses cheveux roux en arrière ; elle ne m'avait jamais paru plus belle.

Tu ne comprends rien, idiot. Elle se retourne et part en courant.

J'étais idiot... C'est vrai.

Je venais de tomber amoureux de ma pire ennemie.

Siri et moi, nous nous connaissons depuis une éternité, et depuis toujours, nous nous détestons, c'est un fait.

Rien que la semaine dernière, j'avais piqué son parapluie pendant l'orage. Alors pourquoi sa présence me manque soudainement ?

La première fois que je l'ai vue, je m'en souviens encore. J'avais 10 ans. Nous allions jouer dans le village avec Mattieu, et une nouvelle famille venait d'emménager.

Alors, nous venions jouer les curieux. Un grand homme en chemise et une femme aux cheveux roux sortaient des caisses du coffre d'une 205 rouge. Assise à l'arrière, il y avait une petite fille qui pleurait. Matthieu était le premier à aller la voir.

Bonjour, comment tu t'appelles ?

Avec sa ceinture encore attachée à son siège, elle cessa de pleurer pour répondre d'une petite voix.

Siri.

L'arrêt de ses pleurs attisa la curiosité de sa mère, qui vint vers nous.

Bonjour vous deux, vous venez voir notre emménagement ? Vous vous appelez comment ? Matthieu. Lucien. Et vous avez quel âge ? On a tous les deux 10 ans depuis hier.

Matthieu avait son anniversaire aujourd'hui, mais on l'avait fêté la veille en même temps que le mien, car on avait l'impression d'être connectés, et aussi, c'était plus simple pour les parents de préparer une seule fête pour deux.

Je demandai à la dame devant nous.

On peut vous aider à tout déménager ? Surprise par ma question, elle se retourna vers son mari qui déballait un carton à la fenêtre de la maison. Jean, viens ici. Interpellé, il arriva en se demandant ce qu'elle voulait. Tu veux deux petits déménageurs de plus ? Il se mit à rire et approuva sa femme.

En voyant l'ambiance changer, la petite fille sortit enfin de la voiture.

C'était Siri. Elle était déjà rousse à l'époque et portait une robe blanche d'été. Nous étions contents de l'avoir sortie de sa tristesse. Nous avons alors passé l'après-midi à aider tant bien que mal à déménager.

À la fin du déménagement, il commençait à faire noir, et la règle que nos parents avaient établie était que l'on devait toujours rentrer avant que les lampadaires ne s'allument. Nous dûmes vite dire au revoir. Et au moment de dire au revoir à Siri, je lui demandai :

Tu veux que l'on soit amis ? Elle répondit : Non, jamais de la vie.