Leur p'tit trésor | THE WALKING DEAD ONE-SHOT

Leur p'tit trésor

Merle, pour le peu de choses qu'il avait à aimer, il les protégeait sans pitié.

Il n'était sûrement pas le meilleur des frangins, celui dont les p'tits gars comme Daryl ont toujours rêvé d'avoir, mais il essayait.

Et essayer, c'est ce qui est le plus important, pas vrai ?

Merle s'était souvent posé la question, à savoir s'il avait fait de son mieux avec le grand gaillard qu'était devenu Daryl au fil des années. Mais ses addictions, aussi multiples étaient-elles, lui faisaient toujours oublier la réponse, qu'importe la façon dont il tentait de s'en souvenir.

Il se levait le matin, ou bien peut-être l'après-midi, l'alcool ne l'aidant pas à se situer, et le p'tit gars était delà lui. Merle ne l'était pas totalement, mais Daryl assurait.

Alors leur p'tit trésor était bien gardé.

Merle faisait aveuglément confiance à son frangin. Et peut-être même qu'il se reposait souvent sur lui, un peu trop même. Mais il avait toujours eu l'impression que Daryl le faisait de bon cœur, avec une certaine joie qu'il réussissait à dissimuler derrière son expression amorphe de tous les jours, comme s'il n'assumait pas vraiment ce rôle.

Soudain, leur p'tit trésor remua. Merle se figea. Malgré les années, il n'y était toujours pas habitué. C'était toujours trop déroutant, comme la première fois.

Mais il n'y avait pas d'entourloupe, que du réel. Ce qu'il ressentait, ça ne pouvait pas s'inventer. Son cœur, parce qu'il en avait bien un, bondissait à chacun de ses mouvements. Et il le voyait que Daryl, lui aussi il était aux aguets. Mais jamais les deux frangins n'avaient pu l'admettre ouvertement. Il n'y avait jamais eu la place pour ce genre de conversation chez les Dixon et ce n'était pas avec la fin du monde que ça allait changer !

— ... bouge pas mal en c'moment, hein ?

Daryl haussa les épaules, le regard rivé sur le feu qui se mourrait, ses doigts vinrent trouver ses lèvres pour un rituel qu'ils ne connaissaient que trop bien et changea de sujet.

— Demain je vais aller chasser.

— Faudra que j'y fasse gaffe alors.

— Ouais, vaudrait mieux.

Leur p'tit trésor n'était pas si emmerdant que ça, il avait ses bons et ses mauvais côtés, mais il était aussi presque trop fragile. Fallait l'garder à l'œil pour pas que ces putains d'étrangers, ils fassent main basse dessus. Manquerait plus qu'il s'entiche d'eux par-dessus l'marché !

Merle ne se le permettrait jamais !

— ... vais m'coucher.

Leur p'tit trésor avait à peine ouvert la bouche. Il se redressa, dévisagea Daryl et se mit à rire doucement, les yeux encore baignés de fatigue.

— Un jour, tu perdras ta main à la ronger comme tu l'fais, Darylina.

Daryl rumina. T'es bien la fille d'ton père, pensa-t-il.

— ... et je ne serai pas là pour te la retrouver.

— J'dois ramener de quoi manger, j'vais la garder, j'suis pas con.

— C'est bien.

P'tit trésor se pencha vers Daryl, déposa un baiser sur sa joue, comme elle le faisait depuis toute petite, et rit à nouveau.

— Perds pas la main, faut pas qu'tu perdes la main...

Les deux frangins la regardèrent s'éloigner, pas trop loin quand même, et disparaître sous sa tente. Une lumière se mit à brûler car, et ce n'était un secret pour personne, leur p'tit trésor avait peur du noir.

— Elle a raison pour ta main, faut pas qu'tu la ronges comme ça frangin.

— Oh ! Va te faire foutre, Merle !