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_ C'est donc elle ... Dit la dame en me voyant .

Mon père a passé deux semaine à me chercher une maison à un prix convenable . Actuellement , nous étions dans une grande maison de bourgeois capois et mon père s'adressait à la maîtresse des lieux.

_ Vous êtes sûr que ce laideron maigrelet peut tout faire ?! Demanda la dame .

_ Oui , elle est parfaite pour vous et votre maisonnée madame, je vous assure ! Garantit mon père.

_ Mais vous savez ... Commence t elle . Je n'ai pas beaucoup de chance avec mes restavèk , ils sont toujours des ingrats qui fuient sans demander leurs restes . Nous informe t elle.

_ La sagesse et l'obéissance de ma fille sont similaires à ceux d'un fervent Zonbi* et sa gratitude ainsi que sa fidélité égalent celui d'un bon toutou ! Argumente mon père.

(NDA : Un Zonbi est un être mort et réssucité via la magie haïtienne plus précisément par le vodou afin de devenir un esclave fidèle et obéissant. )

_ J'espère que je ne regretterai pas ... Marmonne la dame avant d'inviter mon père à la suivre dans son bureau.

Moi , je les attendais dans la cour de la maison comme l'idiote que j'étais et j'en profitais pour analyser mon environnement . La cour était verdoyante et son sol était cimentée avec quelques morceaux de céramiques de couleurs différentes , il y avait une grenière et même un grand puits ainsi qu'un potager . Des balais , des seaux et des serpillières par ci et par là , bref tout un tas de choses ...

Quelques minutes plus tard , mon père sortit de la maison , un chèque à la main , un sourire lui arborant le visage.

_ Je vous la laisse.  Dit il simplement .

_ Papa , mais j'ai pas dit aurevoir aux autres ! Balbutiai je.

_ SILENCE ! Ordonne t il .

Je me tais et baissai instantanément les yeux en pleurant silencieusement .

_ Je t'apporterai tes haillons plus tard , sois une gentille fille .

Ce fut les derniers mots de mon géniteur avant qu'il ne m'abandonne dans cette demeure luxueuse .

_ C'est quoi ton nom ? Exige sèchement la dame.

_ Lina ... Adélina ...! Répondis je , les yeux toujours rivés vers le sol.

_ Tu sais cuisiner ?

_ Oui ... Enfin je crois .

_ Réponds par "Oui" ou "Non" ! Commande t elle de façon rigide .

_ Oui. 

_ "Oui" qui ça ?!!

_ Oui Ma tante . Répondis je sagement .

(NDA : En Haïti , il fut un temps où tous les adultes étaient des tontons et tantines pour les jeunes . Mais de nos jours ... Les jeunes ne respectent presque plus personne néanmoins je ne dis pas qu'ils sont tous irrespectueux , hein ! )

_ Suis moi , je vais t'indiquer tes appartements . Dit elle.

J'obéis et elle me montra ma chambre . C'était carrément une cellule mais c'était assez pour moi . La chambre était composée d'un lit pliant en fer sur lequel était disposé un matelas et un oreiller , d'une fenêtre , d'un petit bureau et d'un placard fait dans le mur de la pièce et même d'un miroir tout près de la porte  .

_ Si tu veux faire tes besoins ou autres , les toilettes pour domestiques sont justes à côté . Dit elle.

Je suivis du regard son index m'indiquant le lieu et effectivement , je remarquai deux portes , une en face de ma chambre et l'autre just à côté. Je me demande qui est cette personne résidant en face de ma piaule .

_ Merci ma tante .

Elle tourna les talons sans m'adresser un regard et je saisis l'occasion pour faire connaissance avec ma chambre bien que petite mais incroyablement belle et cela, même sans peinture .

Quelques heures plus tard comme me l'avait promis mon père , il apporta mes affaires ; trois robes seulement et quelques sous vêtements , un peigne en bois et mon gobelet .
Entre temps , je m'étais dejà lavée et portais un uniforme beaucoup trop grand pour moi constitué d'une chemise bleu ciel et d'une jupe noire munie d'un tablier .

Arrivée dans la cuisine je fis la connaissance de l'intendante ; Nicodème qui me communiqua ses ordre pour le nettoyage de la maison avant l'arrivée du patron.

Pour résumer , je me trouvais dans une grande maison à la plaine du nord où les patrons était des francs Capois exigeants . C'était la famille HAUTBOIS comprenant une mère ; Huguette est haïtienne , un père français et deux enfants dont le fils était l'aîné et la cadette , une fille qui fréquentaient les écoles privées du Cap Haïtien . Les enfants rentraient chez eux , seulement pendant les weekends car ils restaient chez leur oncle au Cap durant l'année scolaire parcontre , ils passaient leurs vacances avec leurs parents .

[...]

_ C'est elle ,la nouvelle restavèk ? Questionna Ms Hautbois assis devant son dîner.

_ Oui chérie , je l'ai dégotée ce matin . Affirme Mme Huguette.

_ Elle a l'air faible ... Elle a sûrement eu une vie misérable . Remarque Mr .

_ Mais malgré ces bras maigres , elle travaille plutôt bien .

Ils discutaient comme si je n'étais pas là alors que j'étais juste sous leurs yeux .

_ Nicodème ! Appela Le monsieur .

L'employé fait rapidement son apparition tout en attendant les directives de son patron .

_ Je veux que tu prennes soin de cette gamine . Assure toi qu'elle mange à sa faim et qu'elle dort bien . Je veux que dans les mois à venir , cette petite ait de la viande sur les os . Déclare t il .

Nicodème acquiesça et les patrons nous ordonnèrent de disposer , ce que nous fîmes pour aller nous remplir l'estomac . Ensuite , nous avions dû débarrasser la table , laver les vaisselles et pour finir nettoyer la cuisine .

Je me suis lavée tard et couchée tard avec des courbatures . J'étais dejà fatiguée alors que ce n'était que ma première journée !

Je me demande ce que font mes frères et soeurs en ce moment .

Est ce papa leur a offert un repas avec l'argent de mon "achat" ? Le mieux qu'il pourrait faire ce serait ça , mais le connaissant , il va juste se payer de l'alcool et des prostituées avec .  Est ce que maman se sent mieux ?! Est ce qu'on la lave pour éviter que ses crasses lui collent au dos ? Si Michel , n'est pas devenu restavèk aujourd'hui lui aussi , peut être qu'il pourrait le faire car les autres sont encore trop petit.

Tant de questions se bousculaient dans ma tête et donc , j'ai beaucoup cogité avant de me laisser emporter dans les bras de Morphée .

Demain sera une dure journée . Je le sens .

La " RÈSTAVÈK "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant