Chapitre 2

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Sophia y avait réfléchit un bon nombre de fois, elle avait pensé à retourner dans la maison de son enfance qu'elle avait hérité au décès de ses parents mais cette pensée lui broyait l'estomac rien qu'à l'idée d'imaginer cette maison vide sans la musique italienne de son père et sans les bons plats de sa mère. Sa deuxième hypothèse avait été d'aller chez sa tante qui vivait plus sur Montpellier que sur le Grau, mais cela aurait été s'éloigner de son objectif alors elle s'était cantonné à plus simple, plus efficace, l'auberge qui avait pour propriétaire un couple de jeunes parisiens qui n'en pouvaient plus de la vie parisienne.
Sophia s'était reconnue dans leur annonce, et avait réservé la dernière chambre qui leur restait, l'après-midi même.

En arrivant devant cette auberge qui semble être une ancienne maison de famille face à la plage, Sophia se sent reconnaissante d'avoir pris un logement ici, face à cette plage qui avait entendu tant de rires, de pleurs, de secrets et d'espoirs. Les couleurs étaient les mêmes, le soleil se couchait de la même manière, dans cette mer d'huile.
En rentrant dans l'auberge qui était une vieille bâtisse, Sophia se rendit compte de la grandeur du bâtiment. Des rires et des paroles échangées dans toutes les langues résonnaient au loin, à pas feutré comme elle le pouvait avec sa valise elle avança en direction de la grande salle à manger.
-Vous devez être Sophia !, s'exclama la jeune femme en bout de table

Ce devait être la propriétaire de l'auberge, son regard bleu lui rappelait la mer et ses contours. Ses cheveux qui tombaient en cascade autour de son visage rond semblaient être un champ de blé prêt à être moissonné.

-Oui c'est bien cela, rougit Sophia en voyant que toute l'attention était tournée vers elle.


La jeune femme blonde lui prit son bagage des mains et le posa dans un coin tandis qu'un jeune homme vraisemblablement son mari, l'invita à s'asseoir autour de la table bien garnie.


-Bienvenue ! Ma femme, dans l'empressement, en oublie parfois les bonnes manières excusez là.

Cette dernière lui jetait déjà un regard en biais avec un sourire moqueur. Puis vient l'embrasser sur la joue après avoir servi une assiette de salade composée devant Sophia. Ils n'étaient qu'une dizaine autour de cette grande table et c'est en mangeant que Sophia se rendit compte qu'elle n'avait en tout et pour tout avaler qu'un croissant aujourd'hui et qu'elle avait très faim.

-Alors Sophia que faites-vous dans les parages ?, l'interrogea un vieil homme qui aurait pu avoir l'âge de son père.

-Je suis là de passage, je viens pour les vacances.

-Vous connaissiez déjà la région ou c'est un hasard ?

Sophia se demanda si elle devait lui dire la vérité, elle se dit qu'au fond il valait mieux qu'elle serve le même mensonge à tout le monde pour ne pas s'emmêler les pinceaux

-J'ai grandis ici mais j'ai rapidement quitté la région quand j'étais plus jeune et comme le sud commençait à me manquer j'y suis revenue pour un court séjour.

-Vous voyagez seule ? Vous n'avez pas peur vous ! , s'enquit le petit papy

La petite dame assise à ses côtés sourit à Sophia et s'excusa du comportement de son mari, il est très curieux affirma-t-elle.

-Ne vous en faites pas, je comprends, lui sourit-elle. J'ai décidé de voyager seule car cela était plus pratique à paris personne n'est disponible, les gens posent peu de vacances alors c'était pour moi l'occasion de faire le grand saut en faisant seule ce voyage.

Elle omit que cela n'était pas la première fois et que l'inconnu était à présent devenu son quotidien, elle avait tout plaqué du jour au lendemain pour partir sur Paris et vingt ans après voilà qu'elle refaisait de même dans le chemin inverse.

La vie parisienne lança les débats et des sujets diverses autour du rythme de vie qui était bien trop stressant et Sophia en était ravie, elle détestait avoir toute l'attention tournée vers elle.

A la fin du repas, chacun regagna sa chambre. La propriétaire qui se prénommait Raphaëlle lui proposa une tisane sur la terrasse, ce que Sophia accepta avec plaisir. Elle lui apprit que son mari, Mathieu, et elle avait deux enfants et qu'il était possible qu'elle les voit dans les parages mais qu'ils passaient énormément de temps dehors avec leur grand âge.

-Vous avez quel âge si ce n 'est pas indiscret ?

-Sophia on pourrait peut-être se tutoyer on doit avoir le même âge, j'ai eu mes quarante and le mois dernier.

-Avec plaisir ! Je te pensais beaucoup plus jeune, lui confia Sophia.

-On me le dit souvent, sourit Raphaëlle. Mais j'ai bien senti mes quarante ans passés et mes adolescents me le font bien comprendre !

-Ils ont quel âge ?

Parler enfants, avait toujours fait cet effet à Sophia, elle s'emballait et voulait tout savoir puis au fil de la conversation elle se rendait compte que cela ne lui faisait plus de mal que de bien. Ce vide immense dans son cœur ne se refermerait jamais. C'est bien pour cela que ces dernières années, Sophia s'était enfermée dans le travail et avait complètement délaissé sa vie sociale, délaissant ainsi son mari qui sortait avec leurs amis sans compagne. Ce dernier ne lui a jamais reproché, Sophia savait qu'il comprenait, voir tous leurs amis avoir des enfants, parler crèche, biberon et à quel point il est dur de s'occuper d'un enfant après une journée de travail lui donnait envie de crier à la terre entière qu'ils pouvaient s'estimer heureux. Perdue dans ses pensées elles n'avaient pas entendu la réponse de Raphaëlle qui lui propose de se reposer et de remettre ça demain soir après une bonne nuit de sommeil.

Sophia lui était reconnaissante de sa bienveillance et alla se coucher dans son lit. Avant d'éteindre la lumière et de se glisser dans ses draps qui sentaient bon le monoï, elle fit quelque chose qu'elle n'avait pas refait depuis vingt ans. Elle ouvrit sa fenêtre pour s'endormir avec le bruit de la houle qui emporte avec elle, les coquillages et le sable. 

L'éternel refrain de nos étésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant