6- LUNA

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C'est ma dernière année. C'est ma dernière année. C'est ma dernière année.

J'essaie de me rassurer comme je peux ou plutôt de me consoler lorsque je marche jusqu'à l'arrêt de bus. Je n'ai jamais aimé aller à l'école à cause des mauvaises expériences du passé.

Mais tous les matins je me forçais à faire le même trajet et à passer la journée. Elles se ressemblaient toutes et j'avais l'impression d'être prisonnière d'un mauvais tour ou d'un cauchemar. Ca irait mieux si je savais qu'en arrivant là-bas des amis m'attendaient mais j'ai tout perdu. Au fond, ça doit être de ma faute et je pense que je le sais.

J'ai tellement hâte que tout ça se finisse et que je parte pour l'université. Mais pour ça, il faut que je survive à cette année et que je réussisse mes examens. C'est pas gagné mais si je travaille suffisamment, j'aurai peut-être une chance de m'en sortir. Je n'ai jamais fourni suffisamment d'efforts, me laissant submerger par mes problèmes.

Arrivée à l'arrêt de bus, je constate que je suis seule. Je m'attendais à trouver le nouveau mais il n'était pas là. Moi qui voulait voir comment il allait malgré le fait qu'il ait été des plus désagréables à l'hôpital mais je pense comprendre. Quelqu'un qui souhaite mourir et a enfin le courage de passer à l'acte se voit retourner de force à son enfer. Je pense que j'aurai été tout aussi irritable.

Emily n'avait pas arrêté de me répéter que j'étais trop gentille et qu'à ma place, elle l'aurait déjà baffé. J'ai trouvé sa réaction excessive et après que je lui ai dit, on s'est disputé. De quoi bien commencer l'année scolaire.

Le bus arrive enfin et je monte pour m'installer vers l'avant où il y a de la place. Par chance, je suis dans les premiers arrêts alors il n'y a pas trop de monde et beaucoup de places libres.

Je monte le son de mes écouteurs et me laisse rêver encore un peu avant d'affronter ce qui m'attend. Quinze minutes plus tard, nous arrivons à destination. Je laisse tout le monde passer en premier et sors dans les derniers.

Une fois sur le goudron, je prends une profonde inspiration et marche jusqu'à l'entrée du lycée. Je passe devant de nombreux élèves qui attendent la sonnerie pour partir en cours et j'affronte les regards dérangeants d'Aurore et sa bande d'amis dont, autrefois, je faisais partie. Je me sens toujours mal à l'aise lorsque ce moment arrive. Je reconnais le rire de mon ancienne amie dans mon dos et décide de l'ignorer malgré le fait que mon cœur se serre.

Ce n'est rien, elle ne rit pas de toi, respire.

Mais comme à chaque fois que je stress trop, je me mange la peau des doigts. Ça peut paraître déroutant mais c'est automatique, un peu comme l'habitude de se ronger les ongles. Je traverse les couloirs jusqu'à arriver dans celui où se trouve ma salle de cours et je m'appuie contre le mur en attendant patiemment la sonnerie pour pouvoir rentrer en cours.

Petit à petit, le couloir se remplit et d'autres personnes de ma classe arrivent. Certains me jettent de drôles de regards mais je n'y prête pas attention. Du moins j'essaie mais ce genre de choses me fait toujours me sentir mal à l'aise et m'angoisse.

La sonnerie retentit enfin et le professeur arrive dans le même temps, entrant dans la salle. Nous entrons à notre tour et je pars m'installer à ma place habituelle c'est-à-dire au fond juste à côté de la fenêtre. Je ne supportais pas de me retrouver au milieu d'une salle. Ça me déclenche des crises d'angoisses la plupart du temps. De toute façon, peu importe où j'étais installé, il m'était impossible de rester concentré plus de dix minutes sur quelque chose sauf si ça m'intéressait vraiment et encore. C'était fatiguant de me forcer à longueur de journée de prêter attention aux cours. Mon esprit se distrait trop facilement.

DAMAGED [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant