𝑻𝒉𝒆 𝐛𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫

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20 heures.

On est reparti, vingt heures, c'est le début du rush. Gin tonic, Mojito, Sex on the Beach... trop de classiques, s'il vous plait soyez original. Voyons voir avec ce client, qui vient juste de rentrer.

     — Une Margarita.

     Allez, j'ai dit ''soyez ORIGINAL'', et un ''merci'' c'est de trop pour vous. Bref, vous allez payer, c'est l'essentiel, je suppose... Donc, tequila, jus de citron vert, triple sec curaçao, on mélange le tout avec le shaker, petite frime - je lance le shaker dans les airs - je le réceptionne, ça vaut bien 2€ de pourboire, oui, je te regarde droit dans les yeux. Du sel sur le bord du verre, on verse, on termine avec le morceau de citron vert, -et c'est pour vous, vous connaissez le prix, plus le pourboire, bien évidemment.

     — Hm.

     Avec plaisir, monsieur...
     Je travaille ici depuis 5 ans maintenant, et c'est toujours la même chose, pas de bonjour, pas de s'il vous plaît, pas de merci, pas de pourboire, rien, excepter la commande et, des fois, une personne qui te parle de sa vie et/ou alcoolisée, la plupart du temps, les deux. Je le savais quand j'ai commencé, mais je ne sais pas, je pensais que les choses pouvaient changer. Mais non, c'est pire d'année en année.

     Une nouvelle cliente, qui s'installe au comptoir.
     — Bonsoir, est-ce que je pourrais avoir un Vodka Martini, s'il vous plait.

     Un grand sourire sur mon visage. Qu'arrive-t-il ce soir, est-ce qu'elle va bien ? En fait, j'ai dit que personne n'était polit, mais il y a des exceptions, comme elle, mais ce sont généralement des personnes tristes. Pourquoi les gens doivent être triste pour être polis ? Vraiment, comment va le monde ? Là, nous avons un cas, elle commence à pleurer, juste le temps de lui faire son Vodka Martini et une note :
   « Est-ce que tout va bien ? »

     Elle la lit à deux reprises et lève la tête pour me regarder.
     — Oui, tout va bien. Dit-elle.
     Je la regarde comme si ce qu'elle disait été vrai, et elle commence à boire et à pleurer. Je continue de la regarder, attendant qu'elle dise quelque chose, mais elle reste muette.

     — Eh ! Serveur, arrête de la regarder et donne-moi un autre verre ! Me hurle le client mal polit au Margarita.

     Merde, il a l'air pompette avec seulement une Margarita, je vais lui réduire la quantité de tequila. On n'est pas censé faire ça, mais je ne veux pas de personne bourrée à m'occuper ce soir. Je laisse la femme un moment, juste le temps de préparer une Margarita, allégé. Mais un autre gars à l'opposé du comptoir m'appelle. Je jette un coup d'œil à la femme, au passage, elle a la tête baissée.

     — Un Malibu Sunrise, s'il vous plaît.

     Pas très original – encore une fois, mais la politesse y est, préparation et petite esbroufe comme toujours, ce soir j'ai une cliente spéciale, même si cela est malheureux à dire. Je lui sers ce qu'il m'a demandé, avec un sourire, forcé, on travaille aux pourboires.

     Juste avant que la demoiselle termine son verre, je lui prépare une limonade, je ne veux pas qu'elle soit alcoolisée, et plus que cela, je ne veux pas qu'elle soit triste et alcoolisée. Je lui sers la boisson avec une autre note :
   « Si vous avez besoin de parler, s'il vous plaît, faites-le, et si vous ne voulez pas, s'il vous plaît, ne soyez pas saoule. »
   PS : la limonade est pour moi.

     Elle lève la tête, me regarde et esquisse un léger sourire.

21 heures.

On compte un soul sous contrôle, un passif agressif, un impatient et la demoiselle. Le problème est que le seul cocktail original demandé, est pour l'impatient, un old fashioned cocktail, cela prend 5 minutes à piler le sucre. Est-ce qu'il va pouvoir attendre ce temps-là ? Vu sa tête, la réponse est non.

𝑻𝒉𝒆 𝐛𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫 - 𝗩𝗙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant