Chapitre 2

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Nous passâmes la nuit dans le bureau que j'avais aménagé en piaule. J'avais installé mon invitée surprise sur la couchette tandis que je campais dans le fauteuil miteux restant. Au petit matin, réveillé en premier, j'en profitai pour observer l'étrange endormie. Elle avait des traits fins, sans traces de stigmates disgracieux. Sa chevelure brune n'avait pas vu de ciseaux depuis un certain temps, pourtant cette masse ébouriffée ne l'enlaidissait nullement. Le jour de sa transformation, elle devait être jeune, pas plus de 25 ans. Elle n'avait pas dû se laver depuis plusieurs jours. Cela lui donnait un air de sauvageonne rebelle.

Sous mon regard scrutateur, la jeune femme se réveilla, nullement effrayée.

« Bonjour, me salua-t-elle d'une voix douce mais ferme, en se redressant. Je pourrais connaître tes intentions à mon égard ? Tu ne m'as pas sauvé et embarqué avec toi pour le plaisir ? Tu as forcément une idée en tête, continua-t-elle, me détaillant à son tour.

- J'ai été engagé par ZYMBIOTEC pour te ramener chez eux, répondis-je succinctement.

- Et... ?

- Et rien d'autre. Point final. Mon implication s'arrêtera lorsque je t'aurais livré à eux.

- Alors, nous allons avoir un problème tous les deux. Puisqu'il est hors de question que j'y retourne ! Ils ne me disséqueront plus ! »

Si je ne tressaillis pas au terme de disséquer, je faillis sourire à cette déclaration catégorique. La biche effarouchée était devenue une fière amazone, prête à mordre quiconque la contredirait. Le changement était spectaculaire. Pour la première fois, depuis très longtemps, j'étais intrigué et... curieux. Tout était bizarre dans cette mission : le délai accordé de dix jours maximum, les zombies au comportement et au physique déconcertants, puis enfin l'objectif en lui-même. Il y avait anguille sous roche, sûr !

En attendant d'y voir plus clair, je lui proposai d'aller se laver sur les berges du lac jouxtant les bâtiments. À quelques mètres du rivage, la jeune femme se retourna et balança : « Au fait, je m'appelle Flora ». Puis, elle avança tranquillement vers l'eau tout en se déshabillant. « Et moi Zec... » Toutefois, je ne fus pas sûr d'avoir été entendu, mon interlocutrice était déjà dans l'eau, quasi nue.

Je posai mon fusil à pompe sur mon épaule, et d'un regard attentif, parcourus le paysage ainsi que ma ZombieBox dans une surveillance vigilante des alentours. Application de la Règle n°1. Attiré par un mouvement, je regardai Flora, qui sortait de l'eau. Inconsciemment, je me rapprochai, encore, encore plus près, jusqu'à n'être plus qu'à quelques mètres d'elle. Impossible, je rêve ! Mes doigts ayant pincé fortement mon bras, je réalisai que non. Mes yeux étaient scotchés sur son ventre. Sentant ma perplexité, cette dernière me questionna abruptement, me prenant sans doute pour un énième voyeur.

« Quoi encore, qu'est-ce que t'as à me mater comme ça ? »

Pour toute réponse, je tendis mon doigt et pointai son ventre. Avec un magnifique sourire, elle prononça une phrase qui fit sonner une alarme dans mon cerveau.

« Je crois qu'il a bien profité de sa nuit au calme !

- Non, mais là c'est plus profité, c'est carrément explosé ! »

Je n'en revenais toujours pas. Ce matin, sous son tee-shirt flottant, je n'avais pas remarqué que son ventre était devenu aussi gonflé que celui d'une femme enceinte de trois à quatre mois.

« T'as avalé des boîtes de petits pois en cachette cette nuit ? » ne pus-je m'empêcher de la questionner. « Comment c'est possible ? Hier soir, sur la moto, tu n'avais pas un ventre si... enflé. Je l'aurais senti ! »

Les Enfants d'ApophisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant