Je fouillai parmi les vinyles et les albums de vieilles photographies, à la recherche d'objets hors du commun.
Cette petite boutique du onzième arrondissement de Paris en était remplie. Avec mes deux plus proches amies, Anna et Célia, nous rentrions du collège lorsque nous l'avions aperçue, et la devanture était si jolie que nous nous sommes senties obligées d'y entrer.
Ma meilleure amie, Célia, surgit devant moi. Elle brandit un blouson en cuir devant elle et me dit, d'une voix enthousiaste :
«- Mégane ! Regarde, n'est-il pas magnifique ?
- Il est joli, mais un peu court.
- Ce que tu peux être rabat-joie des fois ! dit-elle en riant.»
Je levais les yeux au ciel, un sourire collé au visage, et ma meilleure amie repartie faire ses emplettes.
C'est alors que je l'aperçu. Un vieil appareil photo posé sur une étagère. Il m'attirait. Je m'avançai vers lui et l'attrapai du bout des doigts. Je ressentis une sensation de satisfaction, mais aussi d'autre chose, plus mystérieux, plus effrayant, mais je ne sus quoi. Je parcourus des yeux les boutons, la caméra, tout l'appareil. On aurait dit qu'il était fait pour moi.
Je me dirigeai alors vers les deux amies, l'objet dans les mains. Nous finîmes de parcourir les étals, puis nous allâmes payer nos achats.
Lorsque je donnai l'appareil photo à la vendeuse, elle me regarda intensément. C'en était presque gênant, mais je ne m'en formalisai pas. Mais quand nous sortîmes de la boutique, je pouvais sentir le regard pesant de la femme sur moi, et cela me mit très mal à l'aise.
Une fois dehors, je sortis l'appareil photo du sac dans lequel il avait été mis et l'allumai. Je ressentis les mêmes sensations que dans la boutique. Je souris à mes meilleures amies et les pris en photo. Nous regardâmes le cliché. Un sourire étincelant collé au visage, les deux avaient l'air joyeuses et complices. Nous allions prendre une photo de nous trois, lorsque ma mère m'appela sur mon portable, me disant qu'il était tard et que je devais rentrer. Je dis alors au-revoir à Célia et Anna, et me rendis chez moi.
La soirée se passa comme toutes les autres, je me douchai, mangeai avec mes parents puis allai me coucher.
Le lendemain, quand j'arrivai au collège, je trouvai Célia en larmes. Anna m'expliqua que l'entreprise que la famille aisée de Celia possédait avait fait faillite la veille. La famille était donc ruinée. Mais Célia nous interrompit :
«- Ce n'est pas ça le pire! Le pire c'est que, Anna, ta famille, hier soir, a gagné la même somme que l'on a perdue ! »
Anna resta sans voix et hocha la tête. Sa famille avait bel et bien gagné cette somme la veille.
La journée continua, Célia fit plusieurs fois allusion à la famille d'Anna, mais celle-ci ne s'en formalisa pas.
Le soir en rentrant chez moi et en voyant l'appareil, le doute me pris. J'attrapai l'objet, l'allumai et regardai le cliché de mes amies. Je poussai un petit cri. Les émotions sur leur visage avaient changé. Elles n'étaient plus aussi souriantes. Célia pleurait, et Anna avait l'air confuse. Je n'y croyais pas. Je partit me doucher, mais lorsque je revins l'appareil n'était plus là.
Je descendis au salon précipitamment, le cœur battant la chamade, et vis mon frère prendre en photo mes parents. Je lui arrachai des mains l'appareil photo et remontai dans ma chambre. Je l'examinai plus minutieusement.
Sur l'un des côtés était gravé «XIX» et le nom d'une personne. J'attrapai mon portable et fis une recherche. C'était un inventeur du XIXe siècle, réputé pour utiliser des pratiques étranges, voire de la magie noire, et qui était enterré dans le cimetière près de chez moi. Sympa, me dis-je.
Le lendemain matin, ma mère avait perdu sa montre, qui était un héritage familial, et mon père en avait trouvé, en sortant les poubelles, une autre magnifique, qui devait coûter une fortune.
Je décidai donc de me rendre à la boutique du onzième arrondissement, mais lorsque j'arrivai, elle n'y était plus. À la place, il y avait un trou entre les deux bâtiments qui l'entouraient auparavant.
Je m'assis alors sur un banc, pour tenter de réfléchir. Il fallait que je m'en débarrasse.
Je rentrais chez moi et le jetai dans la poubelle, mais lorsque j'arrivai dans ma chambre, il était posé sur mon lit.
Je tentai alors de le détruire avec un marteau, mais bien sûr, le marteau se cassa tandis que l'appareil photo, lui, était toujours aussi intacte.
Je tentai alors le tout pour le tout. Quand mes parents furent occupés tous les deux, je descendis au salon. Heureusement pour moi, la cheminée était allumée. Je jetai l'objet maléfique dans les flammes, espérant de tout mon cœur que cela fonctionne. Mais les flammes devinrent violettes, et le feu s'éteignit d'un seul coup.
J'éclatai alors en sanglots.
Qu'allai-je bien pouvoir faire pour m'en débarrasser ?
La nuit, je ne réussis pas à fermer l'oeil. Je ne pouvais m'arrêter de penser à cet appareil, et à la sensation que j'avais ressenti dans la boutique. C'était une espèce d'alarme, d'avertissement, et je savais que j'aurais dû me méfier davantage.
Le matin, je me levai avec une idée en tête.
Je me rendis alors au cimetière où était enterré l'inventeur de cet objet diabolique. J'avais décidé d'enterrer l'appareil photo avec son créateur. Peut-être que, de cette façon, je m'en débarrasserais réellement.
J'allai vers la tombe de ce monsieur, et posai l'appareil par terre pour commencer à creuser.
Mais, alors que j'attrapai une pelle, je vis du coin de l'oeil un flash blanc. Je me figeai sur place, le souffle coupé.
L'appareil avait pris une photo, seul. Alors je me précipitai pour vérifier le cliché.
C'est avec horreur que je me vis, moi, tenant la pelle dans la main.
Mais le plus terrible, c'est que sur la photographie, on pouvait voir la tombe, et que mon image commençait à disparaître.
Je poussai alors le cri le plus horrifié de toute ma vie, et sans doute le dernier.
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Recueil De Nouvelles
De TodoTout est dit dans le titre, ceci est un recueil de nouvelles !