Rockin' Around the Christmas Tree

5. Le décompte

Comment ai-je pu me laisser avoir par ce type ? J'ai vraiment cru qu'il s'intéressait sincèrement à moi. Je ne sais pas à quoi il s'attendait exactement entre nous, ni même pourquoi il a fait semblant. À quoi ça a servi si ce n'est de me faire perdre mon temps ?

En tout cas, il a vraiment très bien joué le jeu.

Je déteste Elliot Cooper. Le mec, il m'offre une étoile, propose de me revoir, me donne un baiser... J'ai pensé à lui pendant trois jours à essayer de comprendre ce que cela pouvait signifier... si j'avais eu quinze ans je serai en pleine phase 'je fais des cœurs avec un E à l'intérieur partout sur mes cahiers'.

Ce n'était pas juste physique... C'est vrai, il ne m'a pas fallu plus de trois secondes à l'Arbre de Noël de mes parents pour m'apercevoir qu'il était devenu canon. Mais depuis ce jour là, il a réussi à me faire rire, à me faire pleurer, il m'a écouté parler de ma grand-mère. On a discuté... j'ai fantasmé...

... et tout ça pour qu'il m'ignore royalement à notre rencontre suivante.

Malgré mes doutes concernant mes sentiments naissants pour Elliot, j'ai décidé d'accompagner Tyler à cette fête de Nouvel An. D'une part parce que ça me faisait plaisir de revoir une partie de mes camarades d'enfance et d'autre part parce que rien ne s'était passé entre Tyler et moi. Je pouvais donc profiter de cette soirée avec lui sans me sentir obligée de quoi que ce soit à son encontre. Juste entre amis.

D'ailleurs, on s'est chacun greffé à un groupe de convives différents dès notre arrivée. Ce n'est que peu de temps après qu'on s'est retrouvés et qu'on s'est un peu isolés des autres pour discuter tranquillement.

Enfin Tyler parle. Moi j'enchaîne les verres et encaisse les regards noirs d'Elliot. Quand il daigne me regarder.

Il est arrivé peu après nous, à peu près au moment où Tyler m'a rejointe. J'étais surprise et ravie. En même pas quinze jours, le destin m'avait amené Elliot sur un plateau deux fois.

Cette fois-ci, j'allais peut-être me servir. Surtout dans cette veste cintrée du plus bel effet sur ses épaules et ce pantalon sombre légèrement près du corps.

Enfin ça c'est que je pensais. J'aurais tout donné à une époque pour qu'il m'ignore comme il le fait ce soir. Mais aujourd'hui ça me fait encore plus de mal que quand je subissais ses moqueries.

– Tu as déjà vu le sous-sol ? Demande Tyler.

Je me retiens de lui rétorquer que la pestiférée que je semble être n'a jamais eu la chance de mettre les pieds dans ce sanctuaire de la fête qu'est la maison de Steve McBride. Le pauvre Tyler n'y est pour rien, même si je le vois venir à des kilomètres à la ronde. Il aurait pu me demander si je voulais bien enlever mes vêtements qu'il n'aurait pas été moins subtil.

Et puis j'ai besoin d'air.

– Non jamais.

Il sourit, se lève et me tend la main.

– Suis-moi.

Les parents de Steve McBride possèdent une chaîne de magasins de sport. Ils sont blindés de pognon. Leur maison est gigantesque et le sous-sol est...

– Hallucinant !

Billard, table de ping-pong, flipper, canapés monstrueux.

– Et tu n'as pas vu la piscine ! Rit Tyler.

Les énormes soirées qu'organisait Steve McBride se déroulaient dans cette pièce et finissaient souvent en orgie à ce qu'on en disait. C'est étrange de découvrir ce lieu dans cette ambiance paisible, les basses de la musique de l'étage en sourdine alors qu'elles devaient hurler ici même il y a quelques années. C'est d'ailleurs bizarre que personne ne squatte cet endroit ce soir.