01. Prologue

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Appartement privé de Mao Mao

Dans l'air flottaient moult effluves aussi douces les unes que les autres. Mao Mao dodelinait, la tête embrumée par les vapeurs alléchantes des produits qu'elle mélangeait. Elle savait sa création presque prête tant son effet était puissant. Dévastateur. Elle sourit, autant d'excitation que d'extase.

- Hmm... C'est presque ça...

Elle versa encore quelques extraits de vanille avant de remixer. Satisfaite, son sourire s'élargit davantage.

- Voilà. Avec ça, ça y est.

Elle n'avait parlé à personne de ce nouveau projet, de crainte d'attirer les convoitises. Jinshi était déjà assez collant comme ça. Ici, au moins, elle connaissait un semblant de paix.

Elle allait partager le fruit de son labeur avec Dame Gyokuyo. Depuis l'épisode de la poudre blanche, elle s'était promis de lui en offrir une, non seulement sans danger, mais dont le charme mettrait en valeur sa beauté déjà incontestable. Et voilà qu'elle tenait cette crème entre ses mains.

Elle referma le pot prudemment et le couvrit d'un tissu. Il lui fallait faire dans la discrétion. Ne pas éveiller les soupçons.

Ses doigts, d'ordinaire si habiles, tremblaient. Vite. Ne pas traîner. Ne pas tarder. Elle n'avait que trop hâte de découvrir la réaction de la principale intéressée.

À cette heure, Dame Gyokuyo vaquait dans les jardins privés jouxtant ses appartements. Le moment était idéalement choisi pour l'apothicaire.

Trop de hardiesse. En s'exécutant, Mao Mao oublia qu'un ingrédient se trouvait toujours sur le sol. Une ridicule fiole. Ce n'était pas tant le contenant mais le liquide qu'il répandit juste sous ses pieds lorsqu'elle le percuta.

Mao Mao glissa sur le fluide. L'espace d'un instant, presqu'en une danse au ralenti, elle vit voler tissu, pot et crème. En chutant, elle s'était cogné la tête. Un gémissement de douleur allait s'échapper de ses lèvres entrouvertes. Toutefois, il n'en fut rien. Avant de perdre connaissance, pas un son ne s'en échappa. Ou devrait-on dire, ne put s'en échapper. Ce fut plutôt un liquide qui y pénétra. Sa précieuse création...

Elle avala malgré elle en hoquetant. Après, plus rien. Que les ténèbres. Mao Mao avait hélas perdu connaissance...

Un moment après

Le réveil fut quelque peu désagréable. La bouche de Mao Mao était pâteuse. Elle frotta, non sans tendresse, la petite bosse qu'elle avait derrière le crâne.

- Ouch!

Si, au moins, sa blessure était due à l'effet d'un poison plutôt qu'à sa propre stupidité!

- Mouais... Dommage... rumina-t-elle.

Mao Mao se redressa. Chose étrange, elle avait la désagréable impression d'être coincée dans ses habits. Même les coutures émettaient de dangereux craquements au moindre mouvement. Menaçants de céder.

Sérieusement, depuis quand une chute au sol bousillait à ce point les vêtements que l'on avait sur le corps? Ou sinon, prendre brusquement du poids?

- Ouh là là...

Mao Mao prit appui au dosseret d'un fauteuil pour retrouver un semblant d'équilibre. Même ses yeux embrumés taquinaient désagréablement sa patience. Il y avait tout de même des limites au ridicule de la situation!

Désireuse d'évaluer elle-même l'étendue des dégâts, elle s'empara d'un miroir.

- Que...? Quoi ? !

Choc. Stupeur. Tremblements. Croyant être à la merci d'un rêve, elle se frotta vigoureusement les yeux. Quitte à répéter l'opération. Une fois. Deux fois. Trois fois...

Même résultat. Il n'y avait rien de rationnel là-dedans et pourtant. Mao Mao aurait bien voulu crier, mais cela lui semblait peu raisonnable et d'aucune utilité. À part ameuter tout le monde, y compris Jinshi... 

Une chose était sûre, bien que difficilement compréhensible, ce reflet dans la glace, une magnifique jeune femme – Chevelure abondante, yeux aux cils longs et fournis, corps bien développé – n'était nulle autre que le sien.

- Mais c'est quoi ce bordel...? !

À suivre...

Les Carnets de l'Apothicaire [Mao Mao x Jinshi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant