Chapitre 1 : L'aube rouge

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« Je rêve. Je rêve de réchauffer le cœur froid et blessé du peuple qui a tant souffert, sans que mon oncle ne me dicte mes actes. Il refusait que je leur vienne en aide, il disait que c'était dans l'ordre des choses, mais je savais qu'il avait tort. »

Un cri. Le cri aigu et assourdissant d'une femme à l'agonie. Omael rouvrit les yeux. Les hurlements, nombreux et éphémères firent trembler les murs de glace du château. Le Prince se leva subitement. Personne ne se trouvait dans sa chambre. Il empoigna son ceinturon et se dirigea vers la porte de ses quartiers. Qui peut nous attaquer ? Suis-je en plein rêve ?  Vinsille n'avait pas subi d'assaut depuis des lustres, c'était donc impossible.

Pourtant, lorsque le jeune prince arriva dans le long couloir, l'effroi le posséda. Les gardes étaient morts. La glace bleutée des murs, du sol et du plafond était souillée par la puanteur du sang rouge. Omael était sidéré.

Là, il vit au fond du couloir quelque chose.

Une silhouette sombre, maigre, humanoïde, dont le corps se confondait avec une brume noire, armée.

Tout à coup elle tourna sa tête vers lui. Deux points lumineux le fixaient tels des yeux inexpressifs. Elle n'avait pas de visage.

Omael se paralysa.

La silhouette disparut alors en un soupir.

Soudain, de nouveaux hurlements. Omael sortit de ses torpeurs, dégaina ses deux épées et s'élança dans leur direction en enjambant les cadavres.

Il atteignit le vestibule du château noyé dans les échos macabres.

Une nouvelle silhouette embrumée qui lui tournait le dos. Sans attendre, il lui trancha la tête. Elle disparut dans un nouveau soupir sans laisser de trace.

Un garde sortit d'un couloir protégeant derrière lui un petit groupe de nobles effrayés.

— Votre Altesse ! s'écria-t-il vers Omael.

Mais à la seconde d'après, la silhouette décapitée réapparut devant le garde, et embrocha son cœur.

Les nobles hurlèrent et se mirent à courir dans tous les sens.

Saisi par l'horreur, Omael ne réagit pas.

Le garde s'effondra, et la silhouette se retourna à nouveau vers le Prince. Sa tête réapparut à travers la brume, et ses yeux perçants l'observèrent à nouveau.

Mais elle ne l'attaqua pas. A la place, elle suivit les nobles.

Paniqué, Omael pensa soudainement à sa fiancée, sa douce Promise qui logeait dans l'un des appartements du château.

Il courut à travers les couloirs morbides et crut devenir sourd tant les cris étaient assourdissants. Un attroupement surgit droit devant lui, un autre groupe de nobles ensanglantés, terrorisés. L'un d'eux agrippa le bras d'Omael.

— Votre Altesse, pitié ! Que se passe-t-il ?!

Omael attrapa son épaule.

— Où est la Princesse Suane ?

— Je ... Je l'ignore, votre Altesse ! Nous dormions ! Et ... Et soudain ... ! Aidez-nous, votre Altesse ! Pitié !

Une nouvelle silhouette apparut derrière les survivants. Omael les plaça derrière lui et remplaça l'une de ses épées par son arme de l'ancienne technologie : un double canon d'or. Il mit en joue l'Ombre qui marchait vers eux, et tira deux balles. Une dans sa tête, et une dans son cœur.

Deux trous se formèrent dans le corps de la silhouette qui continuait pourtant à avancer.

Elle se volatilisa alors sous ses yeux, puis des cris jaillirent dans son dos.

« Projet Angelus » Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant