Arya
Northwestern Memorial Hospital, Chicago
Alors que les battants de la porte s'ouvrent, je découvre une femme, agé d'une trentaine d'années. Son sourire fait ressortir la brillance de ses dents blanches comme neige. Je remarque immédiatement qu'elle ne porte pas de blouse, mais plutôt une tenue simple composée d'un jean et d'un tee-shirt. Alors qui est elle ?
Elle s'approche de moi, d'un pas décidé.
- Tu es bien Arya Evans ?
Je lui répond d'un hochement de tête.
- Tu veux bien me suivre ? me demande t elleJe sais qu'il ne faut pas se fier aux apparences mais elle a l'air d'être une personne de confiance, alors je décide de me lever, et de la suivre sans broncher. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis assise, en tout cas assez longtemps pour avoir la tête qui tourne lorsque je me lève.
Nous traversons le couloir et passons devant plusieurs fenêtres. J'aperçois le ciel et me rends compte qu'il est étoilé. La pleine lune illumine les trottoirs recouverts de feuilles orangées.
La femme tourne à droite et je fais de même. Elle se dirige vers une porte où il est écrit "psychologue" je devine alors qui elle est.
Cette dernière me la tient et me laisse m'installer sur un fauteuil puis fait de même.
- Je me présente, je suis madame Peterson et comme tu as pu le voir sur la porte je suis psychologue me dit-elle en la pointant du doigt. Je sais que cela ne va pas être facile mais tu vas essayer de me parler de ce qui c'est passé.
C'est certain. Je n'ai aucune envie de lui raconter ce qui c'est passé et encore moins de lui parler de ce que j'ai ressenti et d'à quelle point j'ai eu peur. Après tout j'ai toujours tout garder pour moi sans jamais en parler à quiconque.Je me suis toujours sentie capable de vaincre mes problèmes seule, et jusqu'à aujourd'hui cela fonctionne
Aucun mot ne sort de ma bouche. Je suis épuisé et je n'ai plus de force. J'essaye tant bien que mal mais rien n'y fait. De plus, la nuit est déjà tombée depuis bien longtemps et je n'ai toujours pas de nouvelles de mon père, ce qui m'inquiète d'autant plus.
Madame Peterson me regarde d'un air interrogateur, elle doit sûrement se demander pourquoi je ne lui réponds pas. Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est que je n'y arrive pas. J'aimerais oublier ces images et ces paroles traumatisantes et échapper à la réalité, je donnerais tout pour, mais dans la vie on ne peut pas tout avoir.
- Mademoiselle Arya, peux tu m'expliquer ce qu'il c'est passé s'il te plait ? tu n'es pas obligé de tout me détailler. Je veux juste que tu me dises ce que tu as vu et entendu pour que tu aies un poids en moins.
- Désolé. lui répondis-je alors.C'est le seul mot que je réussis à articuler. À travers ce dernier, je ne sais pas si je veux exprimer mon pardon de ne pas répondre à ses questions ou celui de ne pas avoir agi avant par rapport à l'alcoolisme de ma mère et de tout ce que mon père endure chaque jours a cause d'elle.
- Tu n'as pas besoin de t'excuser Arya, ne te sens pas coupable. Tu n'y es pour rien et tout le monde aurait réagi de la même façon a ta place.
Je suis rassuré de l'entendre même si je reste persuadé que c'est de ma faute.
Si seulement j'avais agi avant, si je n'avais fait rien que quelques pas jusqu'au poste de police pour en parler, rien de tout ça ne serait arrivé.
-Écoute, si tu ne te sens pas de me le raconter ce n'est pas grave on va essayer autre chose me dit-elle d'une voix douce. Je vais te poser des questions et tu vas répondre seulement par un ou quelques mots.
- Ok accepte ai-je d'un air froid, apeuré par les questions qu'elle pourrait me poser.
- Pour commencer depuis combien de temps est ce que ta mère consomme de l'alcool à cette fréquence là ?
- 9 mois lui répondis-je la voix tremblante.Les larmes commencent à inonder mes yeux. J'essaye de les retenir mais rien n'y fait. Les images de ce soir-là défilent dans ma tête et me heurtent au plus profond de mon âme.
- Bien. Est ce que tu as été victime de violence physique de sa part ?
- Non, lui répondis- je d'un ton sec.
- Et de violence verbale ?Je laisse mon regard se promener dans le vide et essaye d'esquiver la question.
Ma conscience me dit de répondre oui, mais mon esprit lui, reste persuadée que ce n'est pas à cause d'elle et remet la faute sur son alcoolisme, car au fond j'ai encore de l'espoir qu'elle ne pense pas vraiment tout ce qu'elle nous a dit à mon père et moi. Pourtant, je suis sûre qu'elle l'a toujours pensé et que l'alcool lui a seulement donné le courage nécessaire pour nous l'avouer.
Il faut que je prenne mon courage à deux mains. Je ne dois plus trouver un côté positif aux personnes qui m'ont fait du mal.Je ne peux plus laisser passer les occasions, je dois dire la vérité car à présent c'est comme si je protégeais un coupable. Après tout, c'est à cause de ses actes et ses paroles que des traumatismes resteront gravés en moi jusqu'à ma mort.
- Oui, affirmais-je sûre de moi.
« espece d'incapable, pauvre conne, salope, tu es habillé comme une pute, t'avoir eu est la pire erreur de vie »
Toutes les méchancetés que ma mère a pu me communiquer ses derniers mois résonnent dans ma tête comme si elle me les criait dans les oreilles.
Trois coups retentissent contre la porte et elle s'ouvre d'un coup sec laissant apparaître un homme brun portant des lunettes rondes et une blouse blanche. Cette fois ci je suis certaine que c'est un médecin.
- Bonjour, ou plutôt bonsoir. Je suis désolé de vous déranger mais c'est bien la jeune Arya que nous avons la ? se renseigne t'il.
- Oui, exactement ! lui assure madame Peterson.Je dirige donc mon regard vers l'homme et lui souris histoire de le saluer. Il me rend un sourire et va s'asseoir près de la psychologue.
- Bonjour Arya, je suis le Docteur Robinson et c'est moi qui suis en charge de ton père. Je viens donc à ta rencontre pour te dire ce qu'il en est mais aussi pour te parler de ta mère.
Ma mère. J'ai tellement peur pour mon père que j'ai oublié son existence, et je pense que c'est mieux comme ça. Même si je lui en veut énormément, je me demande quand même ce qu'il va se passer pour elle.
- Tout d'abord, nous allons parler de ta mère, reprend t'il. Elle va d' abord faire une cure de désintoxication afin de l'aider à arrêter de boire et si l'on se rend compte que ses excès de violence ne viennent pas de son addiction nous devrons aller plus loin.
Ces nouvelles ne me font ni chaud ni froid, après tout peut être que c'est tout ce qu'elle mérite, et que c'est la seule chose à faire. A partir d'aujourd'hui je ne demande plus qu'une chose, ne plus avoir a faire à cette femme et l'oublier ainsi que tous les traumatismes qu'elle à graver en moi.
- Ensuite pour ton père, je ne sais pas vraiment par ou commencer... Reprend le médecin d'un air stressé.
Je pris pour que cela ne soit pas une mauvaise nouvelle.
- Tout d'abord, il à perdu énormément de sang à cause de l'ouverture située sur le haut de son crâne et est donc branché à une perfusion.
Il marque une pause et reprend son souffle avant de m'annoncer le bilan.
- Je sais que c'est compliqué d'entendre ça pour une jeune fille de ton age mais ce que je veux t'annoncer et que ton père est dans le coma et nous ne savons pas quand est ce qu'il va se réveiller...
Mon monde s'écroule. Une deuxième fois.