34. Enzo Pares

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- MILA -

« Je ferme doucement mon casier, mon sac, pesant moins lourd qu'il y a quelques minutes, sur mon épaule.

Ma main tient fermement la bandoulière, comme si j’avais peur qu’on ne me vole mes affaires.

En réalité, c'est le cas.

J’ai peur. Constamment.

J’ai su que s’il y a bien un lieu où je devrais avoir les sens aux aguets, c'est bien ce lycée.

Je fais abstraction des rires qui m’entourent, car j’ai en permanence l’impression qu'ils me sont adressés.

Et c’est le cas aussi. Souvent.

— Eh ! Mila ! crie quelqu'un depuis le bout du couloir.

Des frissons parcourent ma colonne vertébrale tandis que je me retourne lentement afin de croiser les yeux de celui qui hante mes rêves pour en faire des cauchemars.

Alors que je m’attendais à des lancers de boule de papier ou alors de ballons de sport, je suis agréablement surprise qu’il ne fasse rien de tout ça.

— On a tous compris, m’avoue-t-il, croissant mon étonnement. Rejoins-nous dans la salle de musique dans une heure, on fête l’anniversaire d’Enzo.

L’idée qu’il soit venu vers moi reconnaître ses torts me fait chaud au cœur.

Je hoche la tête, sourire aux lèvres, en lui affirmant que j'y serais.

Sur ces mots, il part en m’adressant un vague signe de la main, son éternel sourire en coin.

Je m’en vais également, laissant derrière moi une lourde respiration de joie.


Et j'aurais dû savoir que ce serait la dernière. »

J'émerge doucement de mon sommeil, ayant l’impression que l’entièreté de mon corps pèse une tonne.

Un soupir m’échappe lorsque j’essaye de me relever sur mes deux bras qui lâchent aussitôt prise, me clouant de nouveau sur un matelas que je devine miteux.

Quoi de mieux qu'un énième enlèvement, n'est-ce pas ?!

Un cauchemar dont les auteurs sont les mêmes qu’autrefois.
Ironique, aimerais-je dire.

Je finis par parvenir à me relever sur mes fesses, mon dos collé au mur derrière moi pour que je puisse rester dans cette position.

J’ai cette étrange impression d'avoir avalé des centaines de somnifères, c'est terriblement désagréable.

Mon mal de tête ne fait que s’intensifier au fil des secondes, je me sens presque déconnectée de la réalité.

Je n’entends que le continuel raisonnement de mes battements de cœur.

Soudain, je sens de l'eau ruisseler le long de mes joues. Je mets du temps à comprendre qu'elle provient de mes yeux.

La vérité, c'est que je ne me croyais même plus capable de verser des larmes.

Je respire doucement, affaiblie par tout. Tout est douloureux à cet instant.

J’aurais voulu dire que je me suis habituée. Mais ce serait un mensonge.

Je me vois sombrer chaque jour dans ce monde qui n'était pas le mien au départ. Je me vois me noyer, m’enfoncer plus bas chaque seconde et tout ça, de ma propre volonté.

No Time For LoveWhere stories live. Discover now