Descendant des cieux par les fleuves comme un dernier rendez-vous, main dans la main, tu m'as suivi jusqu'ici. Le ciel nous souffle des mots impossibles à saisir, comme s'il voulait nous retenir. Du vent et son fond bleu lumineux, au bleu nuit des flots marins.
Nous balayons l'horizon d'un simple regard. Un endroit parfait pour un pardon ou un abandon. C'est un petit rayon d'eau au milieu d'une immensité. C'est un trop grand espace pour une dernière décision. Nos chairs sont réchauffées par des filaments du ciel, du soleil, à l'unisson.
Accrochant ton regard fier, c'est évident que tu ne sais pas pourquoi ici, on se perd. Ce liquide sous nos pieds m'apparaît comme un lit, doux, presque cotonneux. J'avance dessus oubliant presque l'objet de ma venue. Je t'ignore comme je peux.
Tu me regardes en souriant et ton rictus me percute. Il me fait mal. Serrant la mâchoire comme pour la fracturer, j'aimerais souffrir pour donner un sens à ce moment. Créer une douleur pour excuser mon acte. Mais tout ça est trouble et terriblement étiré. Comme la mer mais en moins bleu.
Baignant dans des idées trop noires pour toi, trop pour tes beaux yeux, trop pour un au revoir, je retiens mon cœur de pleurer. Saignant dans tout mon être, je ne comprends pas comment tu n'as pas vu cette marée monter. Ce sang comme un océan, ce cœur comme une cascade, mon être comme un radeau, ces démons m'obsédant.
Soudain, tu frissonnes comme si tu les avais aperçus. Ou peut-être les as-tu toujours vu. Doute démoli ou déni poli. Le vent et sa robe fraîche apparaissent. Tu me vois et tes traits se fatiguent, comme si tu me voyais les contours dessinés à la craie.
Dort ; ma douleur, sur ma nuque. Ou sur nos peaux nues. Dans la rue ou dans la nuit. Dans la retenue et sur les avenues. Partout où elle était la bienvenue. Quand elle était maintenue ou retenue. Cette douleur qui ne diminue, que même toi tu n'atténues. Un ange et son mal cornu, sa peine absolue.
Mort de peur dans son lit, la pâleur sur la peau ; une lumière est née dans mon cou. Souriant comme un enfant ou comme un menteur, je chassais les remèdes, je cachais la vérité. Aujourd'hui, un tourbillon m'entoure et me secoue.
La nature me berce comme pour me cacher de cet incendie qui prend doucement. Ma douce m'appelle mais ses mises en garde me parviennent comme des étouffements.
Tranquille. La fumée noire et épaisse nous entoure.
J'étouffe même si c'était déjà le cas.
Marchant entre toutes ces flammes, mon cœur remue dans mon torse pour toi. Chaque fois que mon nom danse entre tes lèvres, les flammes montent de deux mètres, et le ciel recule.
Mon corps rompt à chaque pas s'approchant de moi, l'air a disparu pour laisser place à un bain d'émotions. Le feu est noyé, mon cœur déborde. Tu poses ta main sur mon épaule, j'ai l'impression d'être enterré dans le sol.
Tes doigts s'accrochent à ma peau comme pour m'empêcher de couler mais je me cache les yeux et je pleure ; peine mesurée qui refuse ton aide. Elles rejoignent ces vagues qui nous bousculent.
Tu écoutes mes sanglots et leur lot de problèmes. Tu ne me juges pas mais j'ai honte. À la façon d'une tornade, tes pleurs s'ajoutent aux miens et mon monde se brise en mille éclats.
Maintenant, tu pleures à ma place. La honte entre nous. Cette douleur de te peser. Cette souffrance d'être de trop. Je devrais nous abandonner. Mes démons nagent jusqu'à nous et le temps s'arrête. Tout est flou, presque noir. Tes cris sont perdus sous l'eau.
Il n'y a plus que ces monstres qui m'empêchent de remonter à la surface. Tu me tends la main mais je ne la vois pas. Les gens sont magnifiques. Le monde est beau. La nature sourit de toutes ses dents. Or dans ces bas-fonds, je baigne dans la vase et l'oubli. Un mélange de moi et des autres. Ce dont je me lasse et ce qu'ils m'ont pris.
Plus rien n'a d'importance ici, il n'y a plus que des regrets dans le vide. Il n'y a plus que des sentiments gâchés entre les gouttes. Il n'y a plus qu'une âme égarée qui s'étouffe.
Tout me consume, tout brûle ; j'ai des flammes de quinze mètres dans la gorge et les yeux, que tes pleurs ne soulagent plus. La peau bleu dans le noir, je meurs de froid. Je meurs deux fois. Je me noie près de toi.
Je t'aimerai cachée dans le sable.
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ÉCLATS ASTRAUX
PoetryQuand la colère sourde de la mer se soulève, creusant dans le sable pour me sauver ; il n'y a plus d'espoir entre mes soupirs et mes silences. Puis, ta silhouette, entre les étoiles, a scintillé. Passion déchirante perdue vers un espoir intense. De...