Chapitre 2 : vivre sans lui

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Cela faisait maintenant quatre jours qu'Hadès était parti, et avec lui, le sourire de Seika. Les chevaliers avaient bien songé à lui rendre visite, mais elle ne les avait pas invité, et Athéna avait bien insisté sur ce point quand la jeune fille emménagea. Ils ne devaient pas aller là-bas sans y être invités. Bien sûr, ils avaient protesté, mais la déesse était restée ferme.

- Seika a tout de même le droit d'avoir un havre de tranquillité, avait-elle dit avec un léger sourire.

Non mais ! Qu'est-ce qu'elle insinuait là ? Qu'ils étaient fatigants à supporter ?

Heureusement, Seika venait souvent au sanctuaire, elle appréciait beaucoup les chevaliers d'or. Et puis, il lui était difficile de rester chez elle sans se mettre à pleurer. Ses larmes, elles les avaient retenues au moment du départ, elle ne voulait pas que se soit la dernière image qu'il ait d'elle. La jeune fille lui avait trouvé un sac à dos où elle avait mis des vêtements de rechange et de quoi manger, ainsi qu'une bouteille d'eau. Ils avaient plaisanté quand elle lui avait affirmé qu'il s'agissait une bouteille rechargeable. Elle avait eu bien du mal à lui faire accepter l'argent qu'elle lui donnait. Bien évidemment, elle ne lui avait pas dit que l'argent venait d'Athéna.

En effet, la veille la déesse lui avait annoncé le retour de Seiya pour la fin de la semaine. Son valeureux pégase n'étant pas un modèle d'obéissance, Seika ne pourrait pas faire autrement que de le recevoir chez elle. Connaissant l'appétit d'ogre du chevalier, la déesse avait songé qu'une aide financière serait la bienvenue. La jeune fille avait finalement dû s'avouer vaincue lorsque Athéna lui dit avec un clin d'œil complice : "tu en feras ce que tu veux."

Seika ne mentait pas lorsqu'elle disait avoir de quoi nourrir son ogre de frère, car son dieu de la mort convalescent n'avait pas franchement un appétit de moineau, et en plus, si elle l'avait écouté, elle aurait elle-même pris au moins dix kilo.

Hadès était donc parti avec de quoi se loger à l'hôtel et se restaurer pendant quelques jours, s'il n'avait pas trop des goûts de luxe. Pour voyager léger, il lui fallu laisser ses tableaux. Il avait aussi redemandé à Seika si elle se souvenait de la signification de Ily. En rougissant à nouveau, elle avait répondu :

- Non, mais si vous voulez, vous chercherez et vous reviendrez me le dire.

- Est-ce une invitation ? Demanda Hadès amusé par la réaction de la jeune fille.

La gorge nouée, craignant de se mettre à pleurer si elle parlait, Seika ne pût que hocher la tête.

- Et bien dans ce cas, gente damoiselle, j'accomplirai ma quête avec honneur, lui dit Hadès en la saluant avec panache pour la taquiner.

Et ce fut donc en riant qu'ils se séparèrent, le dieux n'avait pas fait deux mètres qu'il s'arrêta comme hésitant, puis fit demi-tour. La main sous le menton de Seika, il lui souleva légèrement la tête et l'embrassa tendrement sur le front. D'une voix douce, il lui dit : "merci pour tout" puis parti sans se retourner. Ce n'était pas le baiser, celui qu'elle avait espéré, mais... il l'avait tout de même embrassée. Seika entra dans la maison et s'effondra sur le lit en pleurs.

Elle pouvait encore sentir l'odeur d'Hadès dans les draps. Elle serra l'oreiller contre elle, y enfoui le visage et pleura pendant des heures. La maison lui semblait si cruellement vide et silencieuse. Le seigneur des enfers s'est montré de compagnie si agréable. Ils leurs arrivaient souvent de discuter des livres qu'elle lui apportait, cela l'obligeait à lire ceux qu'elle ne connaissant pas. Au début, il levait les yeux au ciel en soupirant lorsqu'elle abandonnait certains ouvrages dès la première page, puis il avait pris l'habitude de lui en faire la lecture. Elle lui en lisait aussi et il aimait l'écouter. Le dernier qu'ils avaient commencé ensemble concernait la théorie de la relativité. Lorsqu'au bout d'une dizaine de lignes elle s'était mise à bailler, il l'avait dévisagé quelques instant d'une expression neutre et finalement un sourire s'était dessiné sur son visage comme s'il venait d'avoir une idée. Hadès avait alors repris sa lecture sur le ton d'un récit épique. Seika avait bien rit mais avait aussi eu envie de connaître la suite. Et pour la faire rire, ça il savait s'y prendre comme durant ses séances de pose où il la faisait rire aux éclats pour lui reprocher après de trop bouger ce qui la faisait rire encore plus. Il avait même eu la patience de l'initier aux échecs... Épuisée par ses sanglots, elle s'endormit.

Rédemption ou le triomphe de l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant