Le crépuscule, ce moment de la journée ou le soleil rouge flamboyant est chassé par la noirceur du ciel étoilé. Les arbres semble froids sans la lueur du jour. Et la lune est à peine perceptible. Je frissonne un peu mais je suis bientôt arrivé à la maison. L'ambiance est étrange, je sens une présence.Ces pensées qui semblent être rêvées mais sont en réalité le souvenir d'une sombre soirée, m'agrippe l'esprit tel une sangsue. Cette forêt est tout aussi effrayante que celle de mon souvenir. Le chemin de l'école m'était difficile plus jeune. J'avais peur, je ne me sentais jamais en sécurité. Mais je n'avais guère d'autres choix. Mon père était souvent demander au bureau, ma mère en voyage d'affaires pour l'entreprise familiale. Lorsqu'elle revenait en France elle résidait dans le Manoir familiale près de Paris. Celui que j'occupe actuellement. J'ai principalement été élevé par mon grand frère, Phil. Parti à Orléans pour ces études, je n'avais que quatorze ans lorsque j'ai dû vivre seule. Chez mes parents certes, mais seule. Je n'ai jamais eu de vrai confort. La richesse de la société Scott était reversée à la SPA, ou bien mise sur des comptes pour Phil et moi. Auquel nous avions promis de ne pas toucher sans leurs accords. Apprendre à vivre modestement était une des principales valeurs qu'ils voulaient nous inculquer. Ainsi que l'empathie et la bonté en aidant son prochain. Les dons à la SPA en sont l'exemple. Seulement être débrouillard et indépendant aurait pu être une exception. J'aurai préféré ne pas vivre l'absence régulière de mes parents. Bien que je suis consciente de l'amour qu'ils nous portent. C'est lors de mon passage en CE2 que mes parents commencèrent à être réellement absents. Au départ, Phil et moi allions à l'école ensemble. Ma ville natale regroupant maternelle, primaire, collège et lycée. Nous pouvions être ensemble sur le trajet de l'école. Mais il a commencé à traîner avec ses copains. Dès lors, je me suis vite retrouvée seule. Même en hiver je n'avais personne, lorsqu'il faisait noir j'étais terrifiée. Seule traversant la forêt de pin pendant dix longues minutes pour atteindre l'entrée de la ville. Heureusement quelques Albizia ornaient certains endroits du sentier et rendaient le trajet agréable en été. Le gel étant le pire ennemi de celui-ci, il n'y en a aucun dans la région où je réside aujourd'hui... C'est l'odeur de la nature planant dans la voiture, qui me ramène en ce temps. L'air est frais et l'humidité me rappelle les nuits où j'arpentais les bois à la recherche de mon mystérieux bienfaiteur et de loups garous. Ces recherches n'aboutissaient jamais mais je suis sûre que je n'étais pas seule. Je me souviens de ce détail marquant mon enfance. Pendant toutes ces années quelqu'un me suivait, une présence qui me rassurait.
Je pensais à un ange, un protecteur ou n'importe quel être vivant bienveillant. Mais personne ne se manifestait jamais. Des craquements de branches ou de feuilles résonnaient derrière moi chaque jour. Près des Albizias. Lorsque j'inspectai le coin, il n'y avait rien. Pas même de traces au sol, de branches arrachées ou de fleurs piétinées. J'aimerais croire que j'avais un ami qui m'aurait protégé en cas de danger. Enfin cela c'est produit la toute première année où je traversais la forêt seule. Lorsqu'une louve s'en est prit à moi. Un mystérieux garçon, une dame et deux loups m'ont sauvé. J'ai cru un temps que c'était ce garçon qui me suivait. Il n'allait pas à l'école et je ne l'ai jamais recroisé pour lui poser la question. Enfin me voilà en voiture avec celui-ci qui a quitté les Pyrénées-Orientales pour s'installer dans la banlieue Parisienne. Une coïncidence ou bien une évidence. Je le découvrirai. Je sais seulement que nos chemins sont liés d'une quelconque manière. Je partage son secret inconsciemment depuis le jour de notre rencontre.- Tu dors ? Me demande le conducteur.
- Non je suis toujours éveillé, patch ?
- Pour toi se sera Arsène !
- Patch me convient déjà. Lui affirmais-je.
Il laissa tomber, et je ferma les yeux emplis de fatigue. Mes paupières lourdes ne me laissaient aucune chance. Il faisait de plus en plus froid et je retournais dans mon enfance à la vitesse d'un avion de chasse. Cela faisait quelque temps que je ne pensais plus à toutes ces choses qui me manquent autant. Seulement ma vie en Essonne est bien plus saine. Du moins c'est une question de point de vue. Ne pas dormir, faire la fête tout le temps et ne presque pas mettre les pieds à la fac sont mes envies actuelles. Je respecte mes envies, sans avoir l'avis de personne et je me porte bien. Le chauffage se mit en marche et mon corps frissonnant de fatigue commençait peu à peu à se réchauffer. Une douce mélodie chatouille mes tympans, John Powell. Comment savait il que j'aimais écouter un orchestre symphonique pour m'emmener dans les bras de Morphée. Tout le monde n'est pas accros aux musiques de film comme moi, c'est même rare je dirais. Il n'a rien d'un mec qui écoute ce type de musique. Pourtant j'ai comme l'impression qu'il essaie de faire un effort pour me mettre à l'aise. Alors je vais me laisser porter par cette atmosphère agréable. Et apprécier ce moment. Rien de tel que les cordes, les cuivres, les bois et les percussions jouant à l'unisson pour ce calmer et se reposer l'esprit. Si seulement mes chiens étaient avec moi, je me blottirais contre eux pour me réchauffer. Je me rends compte qu'il va falloir que je les habitue aux loups, puisqu'une dizaine seulement viennent d'aménager en face du manoir. Il faut également que je prévienne papi Louis, il doit savoir que ces invités sont inoffensifs. Mais cacher la vérité sur les loups garous semble la solution la plus sécurisante pour lui. Il comprendra que je ne lui dise pas tout ce que je sais, puis il n'est pas d'un naturel curieux. C'est à mon avantage. La voiture s'arrête et mes yeux pleinement fermés peinent à s'ouvrir. Ma porte s'ouvre et une ombre massive m'extirpe de mon siège. Porter tel une princesse, je cherche les clés du portail dans mon sac à main, appuie sur le bouton du bip, ouvre et laisse le loup me porter jusqu'au pas de la porte. Il ne s'arrête pas à ça, il prend mon trousseau des mains. Déverrouille la porte et entre. Les chiens grognent mais ne sautent pas. Il les calme par dieu sait quelle manière de loup. J'ouvre les yeux de temps à autre, mais je ne suis pas très consciente. Moelleux, congelé mais confortable... mon lit, je suis enfin blottie dedans. Je grelotte, j'ai l'impression qu'il fait un froid glacial.