CH~5

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"Baisse les yeux, sois délicat, garde toujours le sourire", c'était ce que m'avaient appris mes parents. Je devais plaire à mes beaux-parents, c'était là la clé du bonheur. Mais aujourd'hui, je ne savais plus où se situait mon bonheur. Je vivais comme un célibataire alors que j'étais marié dans une prestigieuse famille, et je n'avais droit au bonheur. J'étais parfois jaloux de mon meilleur ami, qui lui avait la chance de vivre dans la même ville que son mari, alors que moi j'étais là à attendre de revoir le mien qui ne me donnait même pas de ses nouvelles.

Je soupirai tout en terminant de faire ma valise. J'avais pris du temps à le faire, je ne savais pas vraiment de quoi j'avais besoin, alors j'avais pris le strict nécessaire. Jungkook m'offrit un sourire, debout devant la porte.

« Tu es sûr que ça ne t'embête pas de rester seule ? demandai-je tout en me tournant vers lui.

— Hyung, ne t'inquiète pas. Et puis c'est ta belle-famille qui veut passer un peu de temps avec toi, nous n'avons pas vraiment le choix. Et puis ta belle-mère est tellement gentille. »

Oui, ma belle-mère était un amour. Elle m'avait toujours témoigné de l'amour. Mais c'était ma décision de partir. J'étais marié à leur fils, et ce dernier n'était pas là. Alors pourquoi rester avec eux ? Je ne voulais pas être une bouche de plus à nourrir, je voulais mon indépendance, être loin pour oublier que j'étais marié à un fantôme qui ne montrait pas le bout de son nez.

« C'est pour elle que j'y vais. Elle me l'a demandé et je ne peux rien lui refuser, dis-je avant de prendre ma valise. Si quelque chose ne va pas, appelle-moi, mais ne reste pas trop seule.

— Moi, rester seule ? J'ai un mari qui essaie de se racheter, il ne me laisserait pas seule, même pas pour une seconde. Regarde, quand on parle du loup... », dit Jungkook en montrant son téléphone qui affichait le nom de son mari.

Je hochai simplement la tête avant de sortir, le laissant avoir une discussion en privé. J'installai ma valise dans le coffre avant de m'installer sur le siège conducteur.

« Hyung, fais bon voyage et prends bien soin de toi », dit-il tout en faisant signe de la main.

Jungkook était le seul ami que j'avais. Il était à la fois mon ami, mon frère et mon confident. Il avait toujours su mon désir de divorcer, il ne m'avait jamais jugé parce que nous étions tous deux dans la même situation. Mais lui, il avait son mari à ses côtés. Ils avaient passé leur temps à essayer d'avoir un enfant. Le mien n'avait jamais posé ses mains sur moi, et aujourd'hui encore je me sentais frustré. Il m'avait épousé et m'avait laissé seul avec sa famille, sans plus donner de nouvelles - à moi en tout cas. Mais je savais qu'il parlait régulièrement à ses parents. C'était pour cela que j'étais parti.

Il me fallait deux heures de route pour arriver chez ma belle-famille. Je leur rendais visite seulement lorsqu'ils le voulaient, je ne prenais jamais l'initiative de les voir. À quoi bon entretenir des relations si elles n'allaient pas durer ? Je leur avais déjà fait part de mon désir de divorcer de leur fils, et ils avaient très bien compris. J'attendais simplement qu'il rentre enfin pour mettre fin à ce calvaire. Je me devais encore d'être patient, tout allait bientôt prendre fin.

Je pénétrai dans la propriété et garai ma voiture dans le parking avant de sortir de mon véhicule. Une petite tête brune m'attrapa les jambes. La jolie petite fille leva ses magnifiques yeux noirs sur moi et m'offrit son plus beau sourire.

« T'es enfin là ! s'exclama la petite tout en se collant encore plus.

— Il est enfin là ! s'exclama ma belle-sœur. Maman, Jimin vient d'arriver », dit-elle avant de venir me prendre dans ses bras.

C'était toujours comme ça. La mère et l'enfant n'arrêtaient pas de me coller lorsque je venais leur rendre visite, mais ce n'était pas pour autant que ça me déplaisait. Je me sentais accueilli dans cette maison. La jeune femme se détacha de moi et s'empressa de sortir ma valise du coffre, comme si elle avait peur que je m'en aille.

« Tu sais, je peux porter moi-même ma valise, dis-je tout en portant la petite fille dans mes bras.

— Oui, je le sais, mais je veux être aux petits soins avec toi quand tu viens nous rendre visite. J'ai préparé ta chambre », dit-elle tout en sautillant.

Ma chambre... Elle voulait dire la chambre de son frère. Je souffrai. Je détestais être dans cette pièce où toutes ses affaires étaient encore. J'entrai dans la maison et me dirigeai vers le salon.

« Oh mon chéri, te voilà ! T'es enfin là, dit ma belle-mère en venant me prendre dans ses bras. Tu m'as tellement manqué.

— Vous m'avez aussi manqué, dis-je tout en lui rendant son câlin. »

Je ne savais pas pourquoi, mais quelque chose clochait. Ils étaient bizarres, beaucoup trop heureux de me voir. C'était comme s'ils avaient reçu une excellente nouvelle, mais je ne savais pas laquelle.

« Jimin, viens là ! Prends place près de moi ! s'exclama grand-père en indiquant la place à ses côtés.

— Comment allez-vous, grand-père ? demandai-je en me rapprochant de lui.

— Je vais bien maintenant que tu es là. J'ai hâte de manger tes bons petits plats, dit-il tout en m'offrant un sourire chaleureux. Alors, comment se passe ton travail ?

— Tout se passe bien. Je vis bien avec ce que je gagne, dis-je tout en caressant la joue de la petite fille sur mes genoux.

— Pourquoi n'acceptes-tu toujours pas de revenir à la maison ? Tu sais que nous aimons quand tu es là ! s'exclama mon beau-père en déposant son journal.

— Vous savez pourquoi je ne veux pas revenir ici. Et je me débrouille bien seule, vous n'avez pas à vous inquiéter. Je vis avec un ami.

— Oh, Jungkook, c'est ça ? Comment va-t-il ? demanda ma belle-mère.

— Il va bien. Il va avoir un bébé, dis-je tout en baissant la tête. »

Je voulais avoir aussi un bébé, mais je savais que ce ne serait pas possible tant que j'étais marié à un fantôme.

« Je suis heureuse pour ton ami. Toi aussi tu auras le tien, ne t'inquiète pas. Tu offriras à cette famille un héritier très bientôt », dit-elle, sûre d'elle. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas pourquoi elle parlait ainsi.

« Maintenant que je suis ici, il pourra rentrer et vous le verrez autant que vous le voudrez ! » s'exclama une voix que j'avais fini par oublier.

Je levai les yeux vers la personne qui se tenait debout devant l'entrée du salon. Je compris pourquoi elle avait tant insisté pour que je vienne ce week-end. C'était parce qu'il était rentré. Il était enfin là, et j'allais enfin avoir ma liberté.

Un Foyer à construireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant