4 - République du congo

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Tel un marin passant au-dessus du garde-corps dans l’optique happée d’une curiosité presque malsaine d’apercevoir une sirène, je patiente en attendant de voir surgir Gloria. Elle, est la mer dans l’enveloppe d’une sirène ! Ses humeurs pouvaient être aussi lisse que la surface d'une mer sans intempéries dans laquelle pouvait se refléter le clair de lune, mais aussi agitée que des vagues déferlant en frappant l’équipage de front, sans relâche. Ah, et son sourire si jovial ! Je voudrais, quand elle arrivera, pouvoir lui en voler un soupçon afin de me porter responsable ne serait-ce que d’un centième de son bonheur ! Je n’ai jamais remis en question l’amour que je lui portais, et c’est le minimum qu’elle mérite.

 Gloria me causait un effet septique mais quand je lui disais, elle restait si sceptique. Son manque de confiance m’éberlue continuellement.

Soudain, sa silhouette passe, s’empare de moi et je me retrouve bercé tel un halluciné. Et ce devient sismique lorsqu’elle m’emporte en transe. Puis m’enlace vivement en me soufflant d’une voix ample ;

- Nélius, ozali koya na mayi? Ozali kotala ngai na miso banda kala, ozali ennuyeux? (Nélius, Tu viens dans l’eau ? Tu me fixes depuis tout à l’heure, tu t’ennuies ?)

Son maillot trempé me colle à la peau autrefois sèche. Quelle béatitude je ressens lorsqu’elle me tire dans l’eau avec elle. Quand elle en ressort je me permet de pâmer d’admiration face à ses cheveux crépus. Une longue et lourde chevelure de jais contenant des boucles gracieusement entortillées sur elles-mêmes. Ses yeux renferment les diamants les plus sombres, et sa peau est d’une uniformité irréprochable, presque idyllique.

- Nasepelaka na Pointe Noire, ezali plage moko kitoko! omoni te ?(J'apprécie la pointe noire, c'est une plage superbe ! T’es pas d’accord ?)

Mais je me sentais trop honorée de sa présence pour répondre à ce moment-là. Je crois qu’à ce moment-là, exactement celui-ci, elle compris que mes déclarations timides n’étaient pas erronées. Plus l’on passait du temps ensemble, plus sa scepticité s’évanouissait.

Quand j’y repense, heureusement qu’elle restait la plus extravertie d’entre nous deux. Car jamais je n’aurais fait le premier pas. Je n’ai fait ni le deuxième, ni aucun autre d’ailleurs. Je ne sais pas comment elle me supporte, c’est l’un de nos mystères imposés. Elle ne m’a jamais reproché ce silence, je me contentais seulement de la couvrir de cadeau dès que je le pouvais tout en sachant que pas un seul d’entre eux ne la valaient ou me permettait de la considérer comme acquise. De l’emmener en voyage en gardant à l’esprit qu’aucune ville, qu’aucune montagne, qu’aucun champs, ni qu’aucune forêt, n’avait une aura équivalente à la sienne. Elle savait s’approprier chaque paysage et aucun d’entre eux ne saurait ne serait-ce qu’alléger sa beauté. Ou de la parer des plus modestes attentions, comme lui acheter des Mikatés pour quand elle rentrait du travail.

La voir comme l’avoir me comble d’euphorie, quoique, c’est plutôt elle qui pouvait déclarer m’avoir.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 04 ⏰

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