XIV

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Faith

Demain, les cours reprennent, cette idée n'est que très peu enthousiaste à mes yeux. Je suis tombée dans leur piège, et je ne peux en vouloir qu'à moi-même. Je ne sais pas qui est derrière tout ça, les vidéos ont été diffusées sur un canal anonyme. Cependant, ça ne me surprendrait pas si Kate ou Sharon étaient les cerveaux derrière tout cela. J'ignorais vraiment que Steve avait une copine, et dans tous les cas, sobre, je n'aurais jamais osé m'approcher de lui. Je pressens que les filles ne manqueront pas de faire reposer l'entièreté de la faute sur moi, usant de leur vice habituelle. La vidéo m'a replongée dans le souvenir déplaisant de ses mains sur mes hanches, son torse entre mes cuisses, son regard scrutant ma poitrine ; je me répugne. En plus, avant-hier, en rentrant chez moi, mon père m'a accueillie comme il se doit, par une vague d'insultes.

De retour, toujours troublée par mon réveil chez Monsieur Johnson, je me suis confrontée à mon père sur le canapé, absorbé par une émission. Une atmosphère oppressante flottait déjà, son regard scrutateur pesant sur moi. J'ai décidé de l'ignorer et de passer à côté de lui.

— Tu te fous de moi ? s'est-il exclamé.

J'ai arqué un sourcil.

— Tu portes un parfum masculin.

Il était impératif que je reste impassible.

— Mon amie a un frère, ai-je répliqué.

— Depuis quand tu as des amis, toi ? a-t-il rétorqué.

J'ai haussé les épaules.

— Quelle nouvelle stupidité vas-tu avancer ? Son frère t'a prêté ses vêtements, c'est ça ?

À ce stade, j'avais peu à répliquer.

— Tu vois ? Tu vois, Faith ? Tu n'es qu'une sacrée effrontée, une salope. Peu importe mes efforts, rien ne te fait changer. Je m'épuise à tenter quelque chose pour que tu évolues, mais en vain, a-t-il explosé.

— Ce sont les vêtements d'une amie.

— Tu te fous de ma gueule en plus ?! s'est-il indigné.

— C'est toi qui te fous de moi ! Tu prétends te dévouer pour moi, alors que tu n'es jamais à la maison, et quand tu l'es, tu ne fais que m'insulter ! a été ma riposte.

Il a murmuré quelques insultes que je préfère ne pas entendre, et je suis remontée.

Sur mon chemin en direction du Dunkin' le plus proche, j'emprunte les rues animées, qui, à cette heure là, sont bondées de malheureux pressés de regagner leurs foyers après une journée de travail. Sortir est loin d'être un de mes passe-temps favoris, mais en présence de mon père, même le lycée semble m'être favorable. Les rues de la ville débordent de gens pressés, formant une scène animée de la vie en ville que je hais tant.

Une fois arrivée au Dunkin', l'agitation s'atténue. Seuls quelques personnes attendent patiemment, formant une petite file devant le comptoir. C'est alors qu'une voix familière m'interpelle.

— Faith ! s'exclame Ethan, un membre du personnel.

Ses cheveux, d'une teinte de châtain tirant vers le roux, ou l'inverse, ajoutent une touche singulière à son apparence.

— Ça va ? Ca fait un moment que tu n'es pas passée par ici, dit-il, arborant un large sourire.

— Oui, je n'ai pas eu beaucoup de temps, avoué-je.

— Bien, comme d'habitude ? Un Ginger Cookie Latte ? propose-t-il.

— Oui, réponds-je en souriant.

Forgotten MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant