Des mots sur les maux

Recueil de mes écrits

—————-

Comme chaque matin depuis mon arrivée en Berry je me promenais et j'observais tout ce qu'il y avait autour de moi. En traversant le jardin public, j'ai senti le besoin de me reposer me dirigeant vers ce banc, occupé par ce vieux monsieur. Je m'étais installée à ses côtés cet endroit si beau et parfumé portait le nom suivant : le jardin de l'Archevêché. Mon journal en main je pris mon stylo balançant des mots sur le papier. Il m'a longtemps observée sans rien que je ne sache lui dire.
Soudainement il commença à prendre la parole d'une voix grave et bien portante me demandant ce que j'inscrivais sur mon cahier; je lui répondis avec hésitation que j'écrivais pour me soulager de tous mes maux. C'est à ce moment qu'une conversation s'installa entre lui et moi. Ce monsieur me parla beaucoup de lui néanmoins il en vient au fait qu'il aimerait beaucoup que je lui lise quelques histoires me racontant qu'il ne savait ni lire ni écrire.
Étonnée par ce qu'il venait de me confier, manquant de confiance en moi je pris mon courage à deux mains et m'élança doucement dans la lecture.

Papa, l'admiration que j'ai pour toi est juste inimaginable.
Tu as toujours été à mes côtés pour me conseiller,
m'épauler et m'écouter.
Je ne saurais te remercier, tu m'as tant appris.
Sans toi, qui sait ?
Peut-être serrais-je encore en vie ?
Qui m'aurait protégé dans tous ces moments, où je ne savais plus quelle était ma trajectoire.
L'amour que je porte pour toi, mais aussi celui
que tu me renvois me rends plus forte.
Papa, tu ne m'as pas porté dans ton ventre pendant ces 9 mois où mon corps et mon esprit étaient en train de se développer.
Je voulais que tu saches que tu es un homme courageux malgré toutes les épreuves que tu as traversées.
Tu es comme mon super héros, celui qui me réconforte quand mes larmes se mettent à couler le long de mes joues.
Je t'aime papa, je ne te le dis pas souvent, mais sans toi,
il me serait impossible de voir la lumière du jour,
comme prise au piège.
Tu es celui qui rythme les battements de mon cœur.

Je pouvais lire sur le visage du monsieur qu'il avait l'air ému, touché par ce texte, pourtant nous ne nous connaissions pas. Il pris de nouveau la parole me demandant de continuer au rythme de cette lecture émouvante, je tournais ainsi les pages et d'un seul coup je préférais faire découvrir un nouvel aspect de mes pensées en changeant de texte.

Ton cœur ne bat plus, tu es partie et sans toi j'suis perdue.
Je ne veux pas tourner la page, je suis prise
au piège dans cette cage.
Ton sourire, ta joie de vivre ce putain de cancer
n'avait pas le droit de te faire souffrir.
Il t'a enlevé la vie, effacé tout ce que je t'avais promis.
Je suis restée à tes côtés, j'aurais voulu te détacher
de ce mal qui te rongeait.
Je n'ai rien pu faire pour te sauver de cet enfer.
Personne ne pourra sécher mes pleurs et recoller
les morceaux de mon cœur.
Moi j'm'en foutais du regard des autres quand j'étais près de toi.
Tu n'avais pas peur du noir, tu étais forte
courageuse et pleine d'espoir.
Personne ne te remplacera, j'voudrais tant à nouveau
te serrer dans mes bras.
Tu es dans le ciel l'étoile qui brille le plus.
J'accumule cette colère, qui est elle même
en train d'me consumer.
J'sais pas si d'la haut tu seras fière de moi, d'la façon dont j'vivrai le deuxième tome de ton histoire.
Ma meilleure amie tu étais, pour toi forte je resterai.

Je sentis les larmes monter chez ce vieil homme apeuré, ma voix tremblait, j'étais tel un chasseur désarmé.
Qu'aurais-je pu faire ?
J'avais tant de choses à dire, d'émotions à mettre en mots. J'aurais voulu que le temps cesse d'accélérer comme ces vagues qui s'écrasent. Mes yeux avaient pleuré, ma vie était remplie d'épines. J'aurais voulu changer d'air que quelqu'un me tende la main, évacuer toute cette colère pour essayer de voir demain.
M'ouvrir au bonheur ?
Laisser parler mon cœur ?
J'écrivais sur le papier pourtant je savais qu'il ne pourrait jamais soigner mes maux.