— C'est incroyable...
— C'est impossible, vous voulez dire ! coupa Saborn.
Incapable de croire en ce qu'il voyait, il préféra sortir pour toucher le sable chaud qui les entourait. Après avoir fait plusieurs fois le tour de la bâtisse, il dû accepter la réalité.
Seul le désert les entourait.
Lina, Julian et Karine étaient restés à l'entrée, immobiles, muets. Seuls leurs yeux bougeaient, guettant une preuve qu'ils se trompaient, que c'était une illusion. Le moindre mouvement dans cette mer de sable serait le bienvenu.
Mais rien ne bougeait. Rien, excepté le père de Julian, qui continuait à courir autour du bâtiment avec des yeux exorbités.
Le jeune homme s'accroupit, prit une poignée de sable et le laissa glisser entre ses doigts.
C'était impossible. La logique voulait que ce soit impossible. Et pourtant... Pourtant, ils étaient bien là, tout les quatre, autour de leur propre maison posée au milieu de nulle part. Comment étaient-ils arrivés là ? C'était la question.
— Il faudrait faire revenir mon père, dit Julian. On ne sait pas où on est. Qui sait s'il n'y a pas quelque chose de dangereux, ici ?
À ces mots, Lina et Karine reculèrent dans la maison. Julian poussa un soupir.
— J'y vais, alors.
Il se remit sur ses pieds et partit à la suite de son père.
Ses yeux glissaient sur le sable alentour. Le soleil était à son zénith, comme au moment où ils avaient senti la terre trembler sous leurs pieds.
Un simple repas entre amis. Saborn, Lina, Karine et lui. Ils étaient sûrs de passer une bonne journée, tous les quatre.
Lorsque la secousse avait cessée, ils s'étaient précipités aux fenêtres, persuadés d'avoir affaire à un « simple » tremblement de terre. Ils voulaient jauger les dégâts à l'extérieur avant de sortir aider ceux qui en avaient besoin.
Mais il n'y avait rien. Plus de villas, plus d'arbres, plus de voisins. Rien. Sauf du sable.
Julian poussa un profond soupir.
Ce n'était pas tant la situation qui l'étonnait que sa propre attitude. Son père était totalement affolé. Karine et Lina l'étaient certainement tout autant, même si elles le montraient par leur quasi-immobilité. Et lui... et bien, il prenait la situation avec un certain calme.
Certes, il était inquiet. Qui ne le serrait pas ? Mais pas vraiment apeuré. À quoi la peur lui servirait-elle ? Ils étaient dans un endroit inconnu et y étaient venus sans savoir comment. Bien. Maintenant, il fallait trouver comment retourner chez eux... avec leur maison, si possible.
— Julian... Julian...
Son père venait vers lui. Julian ne s'était jamais reconnu en lui. Âgé de dix-huit ans, il était plutôt grand. Ses grands yeux noirs étaient mis en valeur par sa chevelure rousse. Sa fine musculature ne se voyait pas sous ses vêtements. Au premier coup d'œil, on pourrait le croire maigre. C'était faux.
Son père, en revanche...À quarante-cinq ans, il avait gardé la minceur de sa jeunesse. Si sa chevelure était grise, son sourire et sa vitalité le faisaient paraître plus jeune qu'il ne l'était.
À cet instant, pourtant, il faisait plus vieux. Beaucoup plus vieux. L'effet de la peur, sans doute.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Saborn.
— Comment veux-tu que je le sache ?
— Mais... on ne peut pas...
Julian le prit par le coude et le força à revenir vers la maison. Il l'avait toujours trouvée trop grande pour eux deux...En quoi trois étages pouvaient bien servir à deux personnes ?
— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Pour l'instant, mieux vaut rester dans la maison. En attendant d'être sûrs qu'il n'y a pas de danger.
— Du danger ?
Saborn avait sursauté à ce mot.
— Tu crois qu'on est en danger ?
— Je ne sais pas. C'est possible. Va savoir.
Il n'ajouta rien. A quoi bon ? Son père était assez affolé comme ça.
Pourtant, Julian ne pouvait se départir d'une mauvaise impression. Pas seulement dû à ce « changement d'endroit ». Il y avait autre chose. Il sentait qu'il y avait un problème ici. Peut-être était-ce tout ce sable...Il n'aimait pas le sable. On ne savait jamais ce qui pouvait se tapir dessous.
Lina regardait timidement par une fenêtre quand ils les retrouvèrent. Karine, elle, était assise, les avant-bras sur la table du salon. La mâchoire serrée, les yeux dans le vide, elle pouvait passer pour une vivante statue de l'angoisse.
Julian poussa doucement son père vers un fauteuil et s'assit à la table, face à Karine. Il prit ses mains dans les siennes et les pressa légèrement. Il ne trouvait pas les mots pour la réconforter. Il aurait voulu lui dire que cette situation extraordinaire allait s'arranger, que ce n'était que passager, qu'il y avait certainement quelque chose au-delà des dunes, qu'il ne pouvait pas y avoir que du sable autour d'eux.
Mais lui-même avait du mal à y croire.
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Bonne lecture à tous!
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Black Hole
Ciencia FicciónLorsqu'ils ne trouvèrent rien de plus qu'une interminable étendue désertique sur le pas de leur porte, Julian et les siens ne comprirent pas ce qu''il s'était passé. N'habitaient-ils pas en ville quelques minutes plus tôt ? Pourtant, il n'était pas...