Chapitre 2

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Le lendemain matin, après un petit déjeuner partagé avec les quelques amis restant, Jack et son fils repartirent vers la Ronde pour y reprendre leurs activités habituelles et retrouver leur famille. Le retour se fit un peu lentement du fait de la fatigue accumulée ces deux derniers jours mais sans difficulté aucune. Sur la fin du trajet, ils braconnèrent même un peu de gibier qui agrémenterait le repas du soir.  

A peine arrivés chez eux Jack se remit en chemin pour aller voir la maturation des quelques vignes qu’il possédait. La vendange ne tarderait plus. Pendant ce temps, Glenn répara une hache qui avait été abimée la veille puis alla couper du bois en prévision de la saison froide.  

Il était encore un peu tôt pour les semis mais préparer l'hiver était déjà possible en ramassant du bois, des fruits à coque. Il restait également encore beaucoup de grain à broyer, la moisson ayant été plutôt bonne l'été passé. Aylin, la mère de cette famille et Jenny s'étaient déjà occupées du bétail. Outre les quelques habitants de la maison, la famille s'occupait d'une dizaine de moutons, de deux vaches et d'un cochon. La famille Garrec travaillait sur le fief du vassal Aendel. Ce dernier était exigeant mais savait rester juste. Jack Garrec avait obtenu une tenure raisonnable qui permettait à la famille de manger à leur fin en contrepartie d’un travail intense et quotidien. Jack ne se plaignait pas de sa situation. Il réalisait ses corvées, s’occupait de son bétail et de ses terres et arrivait à payer sans trop de retard ses divers impôts. Il acceptait d’autant plus sa situation que le vassal Aendel servait d’intermédiaire avec le suzerain des terres, le seigneur de Bellegarde, autrement plus irascible et dangereux. Les vilains n’avaient donc que très rarement affaire avec le suzerain et ils se contentaient largement de ces rarissimes mais désagréables rencontres. 

Pour Glenn, les corvées, qui avaient démarré trois ans auparavant étaient beaucoup plus dures à accepter. Ce dernier n’arrivait à accepter de devoir plus de moitié de ce qu’il gagnait ou travaillait à un seigneur qui paradait en chassant et festoyant quotidiennement. Le prix de cette liberté lui semblait très cher. Certes il n’enviait pas les serfs pour qui la situation semblait bien pire mais il n'imaginait pas continuer ainsi toute sa vie.  

Tout en débitant des bûches Glenn repensa aux deux jours qu'il avait passé. Rien que le fait de sortir de la routine familiale, de voir d’autres personnes que sa famille et se quelques voisins, lui avait procuré un bien fou. Il avait été heureux de retrouver son ami et n’était pas resté indifférent aux regards qu’il avait surpris venant d’une jeune femme lorsque Cormac avait narré ses exploits. Ses exploits d’ailleurs auxquels il avait longuement repensé. Il n’arrivait pas à comprendre comment il avait pu sauter si haut. Malgré les tentatives le soir autour du feu, il était encore très loin de ce qu’il avait dû faire pour éviter cette bête. Il s'en était rapidement ouvert à son père sur le chemin du retour mais ce dernier en avait plutôt ri, se réjouissant surtout de la fin heureuse de cette mésaventure. Mais pour Glenn, cette histoire restait inexpliquée. Cette sensation d’avoir volé ne le quittait pas. Il ne se rappelait même pas avoir essayé de sauter ! 

Après plusieurs heures de travail, il regagna la maison avec la charrette tractant le bois abattu. Sa sœur Jenny vint l’aider à décharger et entreposer le bois à l’abri. Elle en profita pour lui demander des nouvelles de l’extérieur. Depuis que Glenn travaillait à plein temps, elle trouvait les journées très longues. Ayant perdu son compagnon de jeu, son complice et ne pouvant pour sa part, pas participer aux travaux dans les villages voisins, elle se cantonnait à la compagnie de sa mère une bonne partie de la journée. 

L’après-midi n’étant pas trop entamée, ils partirent tous deux, à nouveau en direction de la forêt, pour ramasser des fruits et des champignons. Alors qu’ils erraient à la recherche de ces éléments, Jenny entendit un gémissement étouffé. S’approchant prudemment, elle contourna la souche de derrière laquelle semblait venir ce bruit. Elle ne l’entendait désormais rien de plus que le bruit du vent dans les arbres et les bruits de pas de Glenn qui s’approchait. 

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