L'autre royaume

Chapitre 4

Il ne bougeait pas. 

-Viens lui répéta l’inconnue.  

Glenn s’était figé. Qui était donc cette personne ? Comment connaissait-elle son nom ? Où souhait elle aller avec lui ? Il reprit finalement la parole.  

-Qui êtes-vous ? 

-Je me nomme Bridelia. Je suis… Nous sommes… Enfin nous avons besoin de toi. Tu dois venir avec moi. 

-Mais pourquoi ? Et où ? Que me voulez-vous ? 

-Ce serait trop long à t’expliquer pour l’instant, mais tu comprendras tout rapidement. Je t’en fais le serment. Pour le moment tu dois juste savoir qu’il te faut quitter tes proches et me suivre. Tu sais évidemment que ton destin n’est pas dans ces champs. J’ai pu te suivre, t’observer et d’une certaine façon apprendre à te connaître. Tu n’es pas de ceux qui se contentent de l’acceptable. Tu réaliseras de grandes choses. 

Glenn sans savoir pourquoi, prenait à cœur cette tirade. Elle résonnait en lui. Et même s’il n’avait aucune raison de faire confiance à cette personne, il sentait en elle une telle autorité naturelle, une telle sérénité qu’il ne pouvait s’empêcher de l’écouter. Il s’approcha d’elle pour mieux la distinguer sans qu’elle n’esquisse le moindre mouvement. De plus près, elle semblait magnifique, les traits fins, la peau très pâle, presque argentée. Malgré son apparente jeunesse, une sagesse immense se dégageait de son regard. Sa cape, d’un vert sombre était de bien meilleure facture que celle des rares voyageurs qu’il vaut pu rencontrer.  

Toute sa logique lui imposait la méfiance et même de craindre cette personne, mais en même temps l’aura de mystère qui l’enveloppait l’attirait indubitablement. Il lui fallait comprendre qui elle était et pour cela il ne pouvait fuir la discussion. Restant tout de même sur ses gardes il tenta de la questionner sur sa provenance, son but et surtout sur la façon dont elle avait pu le connaître comme elle n'annonçait. Elle avait dit l’avoir suivie. Était-ce elle qu’il avait cru voir à plusieurs reprises ? Cela expliquerait bien des choses. Mais il n’était pas plus avancé sur la raison. A chaque question que Glenn posait, elle lui retorquait que les réponses viendraient plus tard, en temps voulus selon ses propres termes. Ce n’était pas de nature à rassurer le paysan. 

Comme si elle avait lu dans ses pensées, Bridelia l’interrogea : 

-Penses-tu que si je te voulais du mal j’aurais pris la peine de te sauver des défenses de ce sanglier ? 

Glenn en resta bouche bée. Comment pouvait-elle être au courant de cet épisode ? et surtout pourquoi se targuait elle d’être intervenue ? 

-Sans moi, poursuivit-elle, crois-tu vraiment que tu aurais pu lui échapper ? Peu de choses pouvaient t’aider à cet instant ! 

La situation commençait sérieusement à agacer Glenn qui s’apprêtait à lui répondre un peu plus sèchement avant de se raisonner. Ils ne venaient certainement pas du même monde. Les atours, la prestance et l’arrogance de son interlocutrice lui indiquaient clairement un lien avec la noblesse. Il ne pouvait pas se permettre de dire ce qui lui passait par la tête. S’il s’agissait de la fille d’un seigneur, quel qu’il soit, Glenn le paierait sa vie entière, voire de SA vie. Il se contenta donc de reprendre d’un ton posé : 

-Madame, je... 

-Bridelia! l’interrompit-elle 

-Bri, Bridelia, je vous remercie pour votre aide dans ce cas mais je ne partirais pas pour autant avec une inconnue. Et encore moins sans savoir ni où ni comment. J’ai ma vie ici, ma famille et mes obligations. Vous ne pouvez imposer à quelqu’un de tout quitter sans raison. Ma mère va arriver d’un instant à l’autre avec ma sœur et elles ne verront pas d’un très bon œil de trouver une étrangère ici.