La Passion Dévorante - Rencontre avec un Phénix

Chapitre 1 - La croisière s'amuse

Tout débuta lors d'une douce fin de journée estivale. Résidant à Bordeaux depuis plusieurs années, cette ville exerçait sur moi une fascination profonde, que ce soit à travers ses résidents arborant un orgueil exacerbé ou au sein de ses nuits chaudes et sans fin, semblables à une errance nocturne en territoire infernal. Je venais de traverser une semaine tumultueuse, et, pour être honnête, il me semblait que ma vie elle-même était emportée dans un tourbillon de folie en ce moment. Et plus cette tourmente s'intensifiait, plus elle prenait une dimension extraordinaire. Étrange ironie du destin, n'est-ce pas ?

Ce soir-là, je m'apprêtais à rejoindre des amis pour une de ces soirées à la mode à la bordelaise que j'appréciais tout particulièrement. Non pas que je me considérais comme un bohème de la bourgeoisie locale, mais plutôt parce que j'aimais me fondre tel un caméléon au sein d'univers divers, y compris ceux qui semblaient être hors de ma portée.

La soirée se déroulerait sur l'eau, mais peu importe le flacon, tant que l'on a l'ivresse, et celle-ci allait s'avérer bien plus intense que ce que j'aurais pu imaginer à ce moment-là. Après une douche vivifiante, je me glissai dans une chemise. Il est indispensable que je vous confie mon amour pour les belles chemises, et dans ce cas précis, il s'agissait d'une chemise Boggi Milano en coton 2 plis, ce type de tissu qui vous enveloppe plus qu'il ne vous habille.

La chemise représentait pour moi l'habit incontournable pour tout homme aspirant à l'élégance, quelles que soient les circonstances. Je la mariai à un pantalon en lin et à des souliers italiens, des mocassins à double boucle, un modèle emblématique inspiré de la vénérable maison Santoni, proposé par la jeune marque française La Formidable Aventure, qui met à disposition « les meilleurs souliers faits main, au meilleur prix ».

« J'étais prêt à affronter le monde.
Mais le monde lui était-il prêt ? »

J'ai donc rallié le pont d'embarquement à vélo, sous un ciel radieux, la chaleur enveloppante faisant doucement monter la température de mon corps au fil de ma progression. La nuit s'annonçait torride.

Arrivé à destination, j'ai soigneusement attaché mon vélo avant d'allumer une cigarette. Quelques minutes plus tard, le bateau accostait enfin, mes amis se trouvaient déjà à bord. Après la présentation de mon billet d'entrée, j'ai dévalé la longue passerelle pour me rapprocher de ce lieu de festivités flottant, voguant sur les eaux boueuses et agitées de la Garonne. Rejoignant un couple d'amis, ma surprise fut grande en constatant la présence d'une amie que j'avais croisée à maintes reprises, accompagnée de son mari. Nos rencontres précédentes étaient plutôt conviviales, typiquement françaises et bien arrosées, mais nous n'avions jamais vraiment entamé de conversation tous les deux.

Je n'étais pas habitué à cultiver une trop grande proximité avec les femmes des autres, non par crainte de me faire dévorer, mais plutôt par manque d'intérêt. Comment expliquer... disons que si une femme est avec l'un de mes proches, je préfère éviter de créer une proximité excessive. Cette proximité engendre souvent du mépris, et je suis las de ces phénomènes sociaux teintés de malsainité que la plupart ne peuvent pas deviner, mais que je peux sentir, tel un squale détectant une goutte de sang à des kilomètres dans l'eau.

À cette époque, j'étais en couple, ou plutôt, mon être avait été happé par une tornade d'amour et de spontanéité, et personne ne pouvait détourner mon regard ni attirer mon intérêt, aussi platonique soit-il. Les gens ont toujours eu, pour la plupart, coutume de m'ennuyer. Égarés entre leurs désirs inavoués et leur incapacité à se gérer, à affronter, ils croulaient sous le poids de leurs échecs. Ils étaient hideux, faibles, sans vision, ni ambition, et à mon sens dénués d'intérêt, incapables de déceler la beauté profonde de cette vie.