6ème et dernière partie

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Au moment où je commence à reprendre conscience, j'entends le son d'un moniteur résonner régulièrement. Je sens mon corps reposer lourdement sur un matelas fin. Anaïs, une minute, pourquoi est-ce qu'il y a un matelas, même très fin, sur une île déserte?

J'utilise la force qui me revient peu à peu pour enfoncer mes doigts dans celui-ci. Je n'ai jamais senti quelque chose d'aussi mou entre mes mains depuis longtemps. C'est à ce moment que mes souvenirs avant que je m'évanouisse refont surface. La grotte et ses ossements, le serpent et sa morsure, le venin et l'hallucination défilent dans mon esprit. Puis je me revois retirer la fléchette et m'effondrer sur le sol en comprenant que mon hallucination était en faite la réalité. Je devrais être morte. Mais visiblement, je suis encore en vie... Que s'est-il passé?
Je suis complètement perdue mais mon instinct de survie prend le dessus. Je ne suis peut-être pas morte mais ça ne signifie pas forcément que je suis en sécurité. Pour commencer, je dois comprendre où je suis. Je dois évaluer ma situation.

Je vais commencer par essayer d'ouvrir les yeux, je pense que c'est un bon début. J'ai l'impression que mes paupières sont collées entre elles tellement elles sont lourdes. Après quelques secondes d'efforts, elles finissent par vaciller et je me retrouve éblouie par de la lumière blanche. Des points noirs envahissent mon champ de vision à cause de la trop forte luminosité. Je me retiens de mettre ma main devant mes yeux. Faire semblant d'être encore endormie peut me sauver la vie. Ma vision finit par se stabiliser et, tout en bougeant le moins possible la tête, je parviens à décrire mon environnement. Je suis allongée sur une table d'auscultation noire dans une pièce de taille moyenne. Les murs sont recouverts d'une peinture beige écaillée. A priori, il n'y a aucune décoration apparente, juste du matériel médical. Je me trouve au milieu de la pièce, reliée à une perfusion. Mon avant-bras, qui était blessé, est recouvert d'un bandage blanc et ma cheville est recouverte d'un immense pansement au niveau de la morsure du serpent. Je me suis faite soignée? A ma droite, je repère une fenêtre. Elle est fermée mais j'arrive distinctement à reconnaître l'immense forêt tropical se présentant derrière celle-ci. Je suis donc toujours sur l'île... Dans un espèce de bunker aménagé. Quand je regarde à ma gauche je prends peur et ferme immédiatement mes yeux. Un homme de dos, en blouse blanche s'affairait sur un plateau en métal près d'un ventilateur. J'ignore ce qu'il est en train de fabriquer...

-"Anaïs, je sais que tu es réveillée. Ta respiration t'as trahis." Me lance une voix grave et sévère.

Merde... Qu'est-ce qu'il va me faire? Et comment connaît-il mon nom? J'ouvre à nouveau les yeux et me retrouve face à un homme d'une quarantaine d'année. Ses cheveux bruns sont complètement négligés et ses yeux bruns me transperce, littéralement. Son visage a une forme carré, ne faisant que renforcer son côté sévère et presque dangereux. Je soutiens son regard attendant que cela soit lui qui prenne la parole.

-"Très bien, tu es réveillée. Nous pouvons donc commencer."

-"Commencer quoi?" Arrivé-je difficilement à prononcer.

Ma voix est complètement sèche et éraillée de ne pas avoir parler depuis des semaines. Je ne la reconnais pas.

-"La procédure d'extermination."

What!? Le mot extermination ne me plaît pas du tout. Je me redresse sur la table d'un geste et essaye de déterminer dans son regard ce que cela signifie. J'ai beau chercher dans son regard, il n'exprime aucune expression. C'est très déstabilisant.

Il se détourne de moi et prends rapidement deux seringues dans ses mains, posées sur la table en métal, pendant que mon esprit cherche à tout allure une solution ou un échappatoire.

-"Qui êtes-vous?" Demandé-je d'un ton que j'espère le plus calme possible.

-"Agent Mikaëls." Répond-t-il d'un ton égal.

Île déserteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant