Hocine

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Quelle raison pousse un homme à agir selon ses désirs ? Assouvir une soiffe cachée ? Acquérir plus de puissance ?

Les criminels répondront que rien ne peut empêcher un homme d'agir autrement que selon ses envies.

Les croyants répondront qu'abandonner ses désirs ouvrent les plus belles portes.

Mais quelle est la reponse parfaite pour les gens comme moi ?

Aucune idée.

Il ne me quittait pas des yeux. Adocé contre l'encadrement de la porte, le flic me fixait avec un sourire en coin. Attendant de moi la seule chose qui pourrait faire basculer mon existence. Un aveu.

Pourtant, ni son costar ni ses bretelles n'avaient su me faire parler. Il se grattait la moustache et froncait les sourcils. L'odeur de sa transpiration m'était insupportable. Cette fausse puissance qu'il pensait avoir ne m'impressionnait pas. Je m'étais fais le serment de sceller mes lèvres à tout jamais, et l'homme de valeur que j'étais devenu ne pouvait se résoudre à trahir de nouveau.

- Parles ! Enfoiré !
Insista l'homme en tapant fermement son poing sur la table.

Je n'ai pas sursauté.

Je savais ce qui m'attendais et la seule pensée qui me traversait l'esprit à cet instant, c'était le fait que mon père allait un jour être au courant.

J'affrontais dès lors la plus intense de mes peurs. La seul crainte qui est réellement compté. Les yeux de mon père me glacait le sang bien plus que ces gignoles armés jusqu'au dents qui se prenait pour le nombril du monde.

- Tu vas parler !

Je n'en fit rien.

En 1980, tout ce qui pouvait occupait un homme de 22 ans était son boulot, sa famille ou sa passion lorsqu'il avait assez de cervelle pour en avoir une. Étant le cadet d'une fraterie de 6 mômes perdus, j'avais hérité de mes parents le sens de l'honneur et de mes frères l'importance de se faire respecter envers et contre tout. On ne me regardait pas vraiment et on me donnait trop peu de légitimité pour que j'ai le sentiment d'être aimé.

Alors lorsque Nadiya me parlait, tout devenait plus simple. Elle voyait au travers du gamin que j'étais, un homme de valeurs. Elle s'adressait à moi comme si j'avais réponses à tout. L'intelligence qu'elle me portait dépassait la réalité et pourtant, j'étais entré volontier dans ce rôle qu'elle m'avait créer.

Nadiya était douce, et contrairement à ce que l'on pouvait voir dans l'établissement elle n'était ni extravertie ni avide de popularité. Elle était susceptible et préférait aux potins des collègues, la tranquillité. Nadiya était une des rare Maghrebine à intégrer le groupe des intello, la plupart des filles étaient déjà mariée. Ce qui expliquera le premier contact visuel que nous avons partagé.

Et contre tout attente, c'est ce jeudi que tout à commencé...

Coupable D'aimer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant