COLLIDE - Tome 2

06. You still love me, my love ?

MAZE

Los Angeles, Californie.

La transpiration, due à l'effort que je faisais depuis déjà trois bonnes heures, perlait contre mes tempes. Mes cheveux humides, collaient contre mon front et, ayant les mains emprisonnées dans les gants de boxe, il m'étais seulement possible de les pousser sur le côté, afin de dégager ma vue.

« Je ne veux plus de toi. »

J'inspirais bruyamment avant de lâcher un cri guttural, espérant me débarrasser de toute la rage et la tension que cette simple phrase provoquait en moi. Mes coups redoublèrent et je n'arrêtais que lorsque la douleur musculaire devint insupportable.

J'attrapais le sac entre mes gants et posais le front contre celui-ci. Ma poitrine montait et descendait rapidement, à l'allure saccadée de ma respiration. Je tentais de reprendre mon souffle, d'évincer le point que je ressentais dans les côtes, mais lorsque sa voix tinta à nouveau dans mon esprit, je ne pus m'empêcher de me déchaîner à nouveau, jusqu'à ne plus avoir de force pour continuer.

La chaîne ifi s'éteignit. Mes gestes se stoppèrent immédiatement et je me retournais pour poser les yeux sur celui qui venait d'oser m'interrompre.

― Putain mec, qu'est-ce que tu fou ? râla Ezra, la main encore posée sur l'appareil.

― Je joue aux cartes, ça se voit pas ? pestais-je en enlevant mes gants afin de repousser mes cheveux en arrière.

― Ouah, super drôle ! pouffa-t-il, sarcastique. Je vois surtout que tu n'es pas au QG où tout le monde t'attend depuis une heure déjà.

Sans lui adresser un regard, je jetais les accessoires sur le banc avant de me laisser tomber dessus. M'abaissant, j'attrapais ma gourde et bu plusieurs gorgées d'eau.

― Repousse la réunion, dis-je simplement.

― Ça fait déjà deux fois que tu repousse, s'exaspéra-t-il tout en levant les bras en l'air dans un geste théâtrale. Tout ça pour soit jouer de la guitare électrique pendant des heures, ou alors t'enfermer ici et t'entraîner encore et encore. Tu crois pas que tu en a déjà assez fait pendant un an et quelques sérieux ? Et putain aère un peu cette pièce, ça pu le fauve !

Du coin de l'œil, accoudé à mes genoux, je le regardais ouvrir plusieurs fenêtres en abattant.

― Je savais pas que t'était devenu ma mère, râlais-je en essuyant ma bouche du revers de ma main.

― Je ne le suis pas, par contre toi tu agis clairement comme un gamin pourri gâté depuis quelques jours. Laisses-moi cette corvée et redevient le Maze qu'on connaît, s'il te plaît.

― Je ne vois pas où tu veux en venir, soufflais-je, ennuyé. Je n'ai pas changé.

Il me suivit lorsque je quittais la salle de sport tout en essuyant ma nuque avec une serviette bleu marine.

― Tu sais, il y a un concept qui existe depuis la nuit des temps, je ne sais pas si tu connais ça s'appelle: Parler et s'ouvrir aux gens de son entourage.

Je le fusillais du regard, les mains posées à plat sur l'ilôt, la serviette suspendue autour de ma nuque. Je n'avais pas l'intention de m'ouvrir à qui que ce soit, ni même parler d'elle et du rejet auquel j'avais dû faire face il y a quelques jours. Mon égo avait déjà assez pris comme ça, je n'avais pas besoin qu'on se foute en plus de ma gueule.

Tout ce que je voulais c'était qu'on me foute la paix. Je ne voulait voir personne, c'était d'ailleurs pour cette raison que je m'étais soigneusement réfugié et isolé dans ma putain de maison.