Les blessures de Nicole

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Le grand manoir des Urman n'était plus qu'une bâtisse en ruine, la moitié de ce qui fut, un jour, une des plus belles résidences de la région était complètement ravagée par l'incendie qu'avait causé Julian Hunter quelque mois plutôt.

Décidée de se débarrasser de cette maison qui n'était plus à ses yeux que l'immense tombe de son défunt père, Nicole se chargeait peu à peu de récupérer les quelques souvenirs qu'elle souhaitait garder avant sa mise en vente.

Fière et orgueilleuse comme jamais, elle préféra s'occuper de cette douloureuse tâche sans l'aide de personne. Seule sa fille Mégane pût la forcer à accepter sa présence.

__ Pourquoi veux-tu vendre le manoir, Nicole ?

Nicole se tourna vers la jeune fille en affichant un petit sourire. Elle trouvait la tristesse de sa fille quant à la vente du manoir très touchante.

Leur relation n'était pas encore stable, mais, en peu de temps, Mégane sut lire en elle, et comprit que, malgré sa carapace impassible, la décision de se séparer du manoir n'était pas aussi facile à prendre comme elle le prétendait.

__ Il est à moitié brûlé, Mégane. Sa rénovation me coûtera plus que l'achat d'une nouvelle demeure.

__ Mais tu tiens beaucoup à cette maison. Et on peut toujours la rénover petit à petit, non ?

Surprise d'entendre ces paroles de la bouche de sa fille, Nicole posa sur le sol le tableau qu'elle venait de décrocher du mur, puis elle regarda sa fille sans pouvoir lui cacher sa stupeur.

__ On ?!

Comprenant le sens de la question de sa mère biologique, Mégane posa son balai et s'approcha d'elle.

__ Nicole...écoute. ce n'est pas parce que je tiens toujours à rester auprès des Lewis que tu ne comptes pas pour moi. J'aime bien passer du temps avec toi. Autrement, je ne serais pas ici à faire ce que je déteste le plus au monde...le ménage !

Orgueilleuse, Nicole fit mine de comprendre le choix de sa fille pour ne pas la brusquer.

La sulfureuse blonde était toutefois consciente que Mégane ne disait que la vérité. Rien ne l'obligeait à sacrifier une partie de ses vacances pour l'aider à vider le manoir. Et au fond d'elle-même, elle savait que s'imposer brutalement dans la vie de la jeune adolescente pouvait ruiner leur relation.

__ Tu as raison, Mégane.

Mégane ne fut guère dupée par la réponse peu sincère de sa mère biologique. Elle sentit même qu'elle l'avait gravement blessée.

__ Nicole ? Tu m'en veux ?

__ Mais non, ma chérie ! S'empressa Nicole de la rassurer tout en lui caressant les cheveux. Tu es une merveilleuse jeune fille, Mégane ! Tu n'as rien à te reprocher. Je sais qu'être ta mère est un de tes droits que j'ai bafoué. Du coup, je ne peux te refuser le droit de prendre ton temps, et décider seule de la nature de notre relation. Je ne veux surtout pas brusquer ta vie en jouant les mamans frustrées. Tu es une adulte à présent, et tu es prête à quitter le nid familial. Tu n'as plus besoin d'une mère.

Pour mettre fin à cette discussion de plus en plus pénible pour elle, Nicole s'éloigna de sa fille, et se dirigea vers un des murs pour décrocher un autre tableau.

__ Tu as tort, Nicole. Protesta calmement Mégane. Je me considère comme ces rares filles au monde qui ont la chance d'avoir deux mères. Une première pour les élever et les éduquer durant l'enfance, et une deuxième pour les guider vers la vie d'adulte. Toutes les mères ne peuvent pas être les amies de leurs filles, tu sais ?

Afin d'appuyer ses propres, la jeune fille se jeta dans les bras de Nicole et la serra très fort.

__ Je t'aime beaucoup, Nicole. Sache que je comprends totalement ton choix de me faire adopter.

Double renaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant