Bonsoir, vous avez de la limonade ?

24

J'ai eu le temps de faire trois fois le tour de la ville, d'aller chez Saturn pour vérifier s'ils n'étaient pas passé par là, mais rien.

Je n'avais aucune idée d'où chercher. Je ne connaissais même pas l'existence de sa mère. Saturn ne m'a jamais parlé de sa famille, je ne les connais pas et je ne sais pas où elle aurait pu l'emmener.

J'ai eu le temps de m'faire un milliard de scénarios pourris. Je ne comprenais juste pas. Il s'était volatilisé.

J'avais essayé d'appeler sur le téléphone de Saturn une dizaine de fois. Sans succès.

Il a fallu trois longs jours d'angoisses et d'incertitude pour enfin recevoir cet appel d'un numéro inconnu provenant d'un poste fixe.

-Allo ?

-Samael, c'est moi, c'est Saturn.

Je me suis relevé précipitamment de ma chaise de jardin, installée sur le toit de mon studio. J'avais un milliard de questions qui me brûlaient les lèvres.

-J'ai pas beaucoup de temps. L'ai je entendu chuchoter.
-T'es où Saturn?? Tu vas bien ?

Je l'ai entendu étouffer un sanglot avant de me dire ces mots glaçants.

-Mm-ma mère m'a enfermé de force à la clinique du trèfle. Ils m'ont mis en isolement et ils veulent me donner un tas de traitement qui vont faire de moi un légume.

Il pleurait en même temps. Ça m'a brisé le cœur d'une force phénomenale.

Je n'étais personne pour dire ce qui allait être bon ou non pour Saturn, mais je ne pensais pas que l'isoler soit la meilleure des solutions. Le connaissant, ça allait juste lui faire péter un câble.

Il avait besoin d'autre chose.

J'ai souris au téléphone, comme s'il pouvait me voir.

J'ai eu envie de l'emmener loin, loin de tout, qu'on parte tous les deux sans se retourner, qu'on recommence tout à zéro.

- Dis moi le numéro de ta chambre, et reste à l'affût. Je viens te chercher Saturn.