Chapitre 2 - Welcome home

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J'ai atterri il y a 2 heures mais je n'ai pas encore quitté l'aéroport. Je suis actuellement coincée entre un jeune couple ultra in love et un bébé qui chouine. Douane de merde !

Je peux pas m'empêcher de taper du pied et d'insulter tout le personnel de l'aéroport dans ma barbe.

Ça avance hyper lentement et tout le monde a l'air aussi impatient que moi. Sa souffle, ça se bouscule de partout, il fait chaud et en plus ça pu le caca de bébé - suivez mon regard.

Je suis de mauvaise humeur ce matin, c'est un fait. D'abord à cause de la fatigue, je me suis réveillée à 3 heure du matin pour ce vol, ensuite à cause du stresse. Beaucoup à cause du stresse.

Ça fait des années que je ne suis pas retournée dans cette ville. J'ai de très beaux souvenirs ici, mais aussi des beaucoup moins joyeux qui me trouent la poitrine.

Maintenant, c'est les mauvais souvenirs qui l'emportent. Enfin, ils ne sont jamais vraiment très loins, mais être ici, c'est autre chose. Tout est plus intense. Je me sens plus seule, moins heureuse. Je le resent partout autour de mois, c'est dans l'air, c'est dans les regards. J'angoisse.

Me dire que dans quelques minutes je vais respirer l'odeur familière polluée de Los Angeles, que je vais voir ses longues routes bordées de palmiers et belles plages, que je vais sentir cette douce chaleur d'hiver, me noue l'estomac.

J'ai changé d'avis. 

JE NE SUIS PAS PRETE ! 

Je ne suis pas sûr de vouloir sortir de cet aéroport. J'aimerais faire un remake du film Le terminal et ne pas bouger d'ici. Finalement on s'accommode à cette odeur de couche pleine et aux crampes aux genoux.

Si seulement j'avais encore le choix, je prendrais le premier vol direction Paris. Malheureusement je ne l'ai plus. J'ai donné ma parole à Maggie que je venais fêter Noël cette année chez elle, avec sa famille, alors je vais fêter Noël chez elle avec sa famille.

Depuis le temps qu'elle me le demande. J'avais toujours une excuse toutes faites pour ne pas la vexer. Là j'étais à cours d'arguments, alors j'ai accepté en pensant prendre la bonne décision. Une partie de moi était persuadée qu'il était temps de mettre un terme à cette exile.

Où est cette partie maintenant hein ? Sûrement en position fœtale, sous un bureau, entrain de trembler comme une feuille.

Enfin, le couple devant moi avance. Attention le déplacement est subtile... 1 mètre.

...je n'en peux plus. Sauvez-moi !

Je suis interrompu dans mes pensés quand je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon jogging. Je viens de recevoir une notification de Maggie, qui me dit qu'elle m'attend au Macdo près de la sortie.

La pauvre, ça fait une heure qu'elle patiente.

J'ai profité de ce moment de longue attente pour réfléchir à quelle version de ma vie je vais lui raconter. Je n'ai pas encore tranché.

Est-ce que je lui dis que j'ai arrêté mes études et que je vis de l'assurance-vie de ma famille que je suis en train de dilapider à coût de voyage trop cher et d'articles de mode intemporels ?

Est-ce que j'assume ma depression et le fait que je ne sache pas, à 23 ans, ce que je veux faire de ma vie ?

Est-ce que je l'informe que je n'arrive à mattacher à personne et qu'inversement personne n'arrive à s'attacher à moi, parceque je fini toujours par tout gacher ?

Aucune de ces options ne semble être une bonne idée. 

Surement que je lui dirais que mes études de droits ce passe bien et que j'ai du mal à choisir ma spécialité entre droit pénal et droit social, que mes « amis » me manquent et que j'ai rencontré quelqu'un.

Ça fait 5 ans que je ne l'ai pas vu. Elle essaye souvent de me contacter mais je ne réponds que très rarement. Souvent elle me propose de la rejoindre pour les vacances, comme aujourd'hui. Je n'avais jamais accepté avant.

Je sais qu'elle tiens à moi et moi aussi je tiens à elle. Si je suis revenue c'est en partie car je commence à en avoir mare d'être seule. 

J'aime Paris, et je me suis fait un tas d'amis  qui dans un autre monde m'aideraient à m'épagnouire. Le problème c'est que je suis toujours bloquée au même niveau. Dès que l'oportunité d'approndire mes relations se présente, je suis incapable de la saisir. 

Alors, le plus souvent, il y a comme un faussé qui se crée. J'essaie de le combler comme je peux avec des conversations qui n'on plus de sens, de l'humour et des fêtes. Je crois qu ça marche pour tout le monde, sauf pour moi. 

Quand 30 minutes plus tard, l'agent des douanes tampone mon passeport et me lance un « Welcome To America », je ne sais toujours pas quoi penser. J'ai peur et je suis triste, mais je ressens aussi une certaine nostalgie couplée à de l'appréhension. 

Je ne me suis jamais sentie aussi heureuse qu'ici. Peut-être que revenir à la maison est la solution à tout mes problèmes ? 

CHAMZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant