Chapitre 1

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Midys

23 heures, Chicago

Je mis mes mains ensanglantées sous l'eau pour les nettoyer. Puis j'ouvris l'armoire afin de trouver de quoi soigner mes blessures. Il ne faut pas que maman voit ça. Pensai-je. J'appliquai une sorte de crème désinfectante sur mes blessures, périmée depuis au moins deux mois, puis enroula le peu de bandage qu'il restait dans l'armoire autour de mes mains.

Soudain, j'entendis la porte d'entrée claquer et des râlements s'ensuivirent.

— Midys ! T'es où ?! Ramène-toi !

Et merde. Je m'empressai de sortir de la petite salle de bain et alla la rejoindre à toute vitesse dans le salon, ne voulant pas la contrarier.
En arrivant, je la vis allongée sur le canapé en train de fumer une clope.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Va me chercher une bière dans le frigo, et plus vite que ça.

Je m'exécutai sans rien dire. Ne pas l'énerver, ne pas l'énerver, ne pas l'énerver. C'était tout ce que je devais faire. Sinon elle allait me refrapper. Comme avant-hier. Pensais-je.

Je me dirigeai vers la cuisine, séparée par un mur du salon, ainsi elle ne pouvait plus me voir. J'ouvris le frigo et vis ce qu'il restait : trois bières, deux yaourts et des restes de spaghettis d'hier. Je saisis la bière et l'apporta à ma mère, qui me l'arracha des mains sans un merci, trop occupée à regarder la télé et à fumer sa clope.

— Va voir s'il y a du courrier. Dit-elle avant de poser sa bière sur la table basse.

Un "s'il te plaît" ça te tuerait ou quoi ? Je sortis donc de l'appartement et descendis les cinq putains d'étages qui me séparaient du rez-de-chaussée.
Elle ouvra la boîte aux lettres, dedans, deux enveloppes et de la pub. En remontant chez moi, je saisi les deux enveloppes et je mis la pub sous mon bras. Sur l'une était écrit "Léna Morel". Ma mère. Sûrement une facture à payer. Et sur l'autre "Midys Morel". Moi.

Je laissai la lettre qui m'était adressée dans ma poche avant de rentrer chez moi.

Je déposai le courrier de ma mère et la pub sur la table avant d'annoncer :

— C'est bon, maman, tout est sur la table.

Et sans attendre même sa réponse - de toute façon elle ne va rien me répondre. J'allais dans ma chambre et me changea.

~~~

Allongée dans mon lit, je restai là, à regarder la lettre. Un bon moment que je n'en n'avais pas reçu. Je m'allongeai sur le dos et l'ouvris.

Pour Midys Morel,

Je ne peux pas trop développer dans cette lettre, mais retrouve moi dans deux jours, à vingt-trois heures, dans le parc le plus proche de chez toi.

Ton père

Une colère naquit en moi, donc mon père, qui m'avait abandonnée quand je n'avais que deux mois, revient comme une fleur au bout de 19 ans ? Quelle audace. Je ne savais même pas à quoi il ressemblait, car je n'avais jamais osé demander à ma mère des photos de lui, ou même comment il était... Et c'était mieux comme ça. Il voulait me voir dans deux jours, c'est-à-dire lundi.

Et qui envoie encore des lettres au 21e siècle, franchement s'il a trouvé mon adresse il aurait pu trouver mon numéro, et en plus de ça il veut se rajouter un air mystérieux, "je ne peux pas trop développer dans cette lettre". Cette pensée me fit rire. En tout cas, qu'il ne s'attende pas à ce que je vienne. Même si j'en meurs d'envie.

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