-Sean-
Je n'ai jamais vraiment su exactement ce qu'avait la sœur de Ben. Il est toujours resté très discret à ce sujet, se contentant de répondre qu'elle était malade. Ben n'était pas quelqu'un de nature sensible, sauf quand il s'agissait de sa sœur. Plus d'une fois, ça lui est arrivé de quitter la faculté le temps de quelques jours pour aller à son chevet, et en revenir comme si de rien n'était.
Je suis dans la cuisine, en train de me faire couler un café lorsque mes yeux se posent le pilulier ainsi que sur la fiche d'instructions, que la mère de Ben a laissée. Je regarde les boites alignées de façon militaire. Ce ne sont que des mots scientifiques pour moi, dont je ne comprends absolument rien. Mais ma curiosité est bien trop grande et j'en prends une dans les mains.
-C'est pour son cœur, dit soudainement Ben en faisant interruption dans la cuisine.
Je remets la boite à son emplacement exact avant de me tourner vers lui en croisant les bras.
-Tu n'as jamais été très bavard concernant la maladie de ta sœur. Je vois bien que tes parents et toi, vous la surprotégez. Je pense bien que vous faites ça pour son bien, mais tu ne m'as jamais expliqué pourquoi. Je vais vivre ici tout l'été, c'est peut-être mieux que je sache, tu ne crois pas ?
Il soupire avant de venir s'installer à table, regardant dans le salon pour s'assurer que Sarah n'y soit pas.
-Sarah est atteinte de cardiomyopathie hypertrophique. Elle a ça depuis toute petite et elle l'aura à vie.
-Ça veut dire quoi exactement ? Demandé-je en m'installant face à lui, l'écoutant attentivement.
- En gros, ça veut dire que les muscles de son cœur sont trop épais, et ça entraine un tas de complications, des activités physiques réduites, une alimentation super stricte, des traitements médicaux constants.
-Et ça vient d'où ?
- Tu sais que Sarah a été adoptée, elle le tient de son père biologique. Si elle ne fait pas attention, ça pourrait la tuer, d'un coup comme ça, en un claquement de doigt.
Il mime ses mots, lorsqu'il les prononce, claquant ses doigts l'un contre l'autre. J'ai toujours pu constater qu'il faisait très attention à sa sœur, et maintenant, j'en comprends mieux les raisons.
-Merde, ça fait chier.
-Oui, mais tu ne dis rien, tu ne sais rien et tu agis surtout comme d'habitude avec elle. Elle n'aime pas que les gens soient au courant, parce que dès qu'ils savent la vérité sur son état, ils ont tendance à la traiter différemment.
-Oui, je comprends, me contenté-je de répondre avant de me taire.
Les pas de Sarah résonnent dans l'escalier et la voilà qui apparaît à l'entrée de la cuisine. Nous devons tous les deux la fixer un peu trop parce qu'elle lève les sourcils.
-Vous voulez ma photo ou quoi ? dit-elle avant d'aller se servir un café.
Ben se lève pour l'arrêter. Elle ne dit rien, se contentant de lui jeter un regard noir avant de se résigner et de partir avec sa tasse à moitié pleine. Je me contente de la fixer, un peu trop peut-être.
-Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ?
- Oui un truc énorme là en plein milieu, ah merde désolé, c'est ton nez.
Elle murmure un connard avant de quitter la pièce. Ben secoue la tête avant de prendre place face à moi.
-Quoi? Tu m'as dit d'agir comme d'habitude, non ? C'est donc ce que je fais.
Il se contente de sourire légèrement en secouant la tête.
- Je dois aller bosser. Je vais pouvoir te laisser seul avec elle sans que vous vous entretuiez ?
Je me mets à rire à sa remarque lui affirmant que je me tiendrais bien et que de toute manière, je vais sortir. Et c'est ce que j'ai fait, je me suis changé pour aller faire du sport.
J'ai marqué un temps d'arrêt sur le porche. Sarah était installée dans le hamac, comme toujours le nez fourré dans un bouquin. Même si je ne l'appréciais pas trop, j'avais de la peine pour elle. Sa vie doit être rythmée d'une certaine manière et je me demande comment elle peut vivre ainsi, parce que pour moi, ce serait un enfer.
- Tu sais, c'est mal poli de fixer les gens de cette manière, dit-elle en ne levant pas le nez de son livre. Tu ferais mieux d'arrêter, je vais croire que je te plais.
Elle lève les yeux vers moi et me lâche un sourire moqueur. Je m'avance, me penchant pour que nos visages soient face à face.
- Ça te plairait que je te dise oui, n'est-ce pas ? Je reste persuadé que tu ne dirais pas non si je t'invitais à sortir.
- Ce serait un énorme non, ne rêve pas et sans l'ombre d'une hésitation.
Je me contente de sourire avant de me redresser, mettant mes écouteurs pour entamer ma course. Je connais le coin par cœur, et me décide à aller courir sur la plage, passant devant les maisons luxueuses qui s'est dressée en bord de mer.
À mon retour, Sarah n'est plus là, et en montant pour aller me doucher. Arrivée en haut, Sarah est dans la chambre au téléphone. Elle a l'air exaspérée et il est facile de comprendre que c'est sa mère.
Je m'éclipse, entrant dans la salle de bain où je me douche. Lorsque j'en ressors uniquement vêtu d'une serviette, je bute contre Sarah.
Elle s'apprête à me hurler dessus, mais aucun mot ne sort de sa bouche. À la place, ses yeux se perdent sur mon torse et mon abdomen. Je trouve la situation amusante et décide de jouer un peu, retournant la situation.
-Arrête de me fixer de cette manière Sarah, je pourrais croire que je te plais.
Elle explose de rire en s'avançant, se collant littéralement.
- Ton cerveau est si minuscule que tu es obligé de piquer mes répliques ?
-Rien n'est minuscule chez moi microbe, me contenté-je de lui répondre plein d'assurance.
Ses yeux se posent sur mon bas ventre. Lorsqu'elle les relève, un large sourire se dessine sur son visage. Si j'ai appris quelque chose avec elle, c'est qu'elle ne recule devant rien lorsqu'il s'agit de m'humilier. Elle veut attraper le nœud de ma serviette, mais je viens bloquer sa main. Je la tourne rapidement, la plaquant au mur en la bloquant avec mon corps.
- Oh ma belle, doucement, il faut me faire la cour avant de passer aux choses sérieuses.
Elle affiche une mine de dégoût. Pitié pas ça, rien que de m'imaginer coucher avec toi, j'en ai la nausée.
- Tu en es bien certaine ? Répliqué-je en m'avançant pour aller murmurer à son oreille. Alors pourquoi cette chair de poule sur ton corps et avec les températures extérieures, tu ne peux pas me dire que tu as froid.
-C'est le dégoût que tu m'inspires Sean, cette proximité que tu m'imposes en ce moment me donne la gerbe.
Je plante mes yeux dans les siens. La taquiner et la pousser à bout a toujours été mon activité favorite et ça uniquement parce que je sais qu'elle ne marche pas, elle saute tête la première dans mes provocations.
-Tu es une très mauvaise menteuse Sarah.
Je me recule pour la libérer, allant dans ma chambre. Elle se contente de souffler, mais ne bouge pas d'un pouce. Avant de fermer la porte, je lui lâche un petit clin d'œil, voyant son visage virer rouge par la colère. L'été promet d'être vraiment très attrayant.
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Le temps d'un été [ Sous contrat d'éditions chez Glamencia Éditions]
RomanceJ'ai toujours eu conscience que ma vie ne serait pas longue et simple. Atteinte de cardiomyopathie hypertrophique depuis mon plus jeune âge, ma vie était réglée par les traitements, les interventions et la prudence. Depuis mon enfance, on m'avait pr...