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✵ T H E M O R E T H A T Y O U
H A V E T H E M O R E T H A T
T H E Y T A K E ✵


Lorsque Jisung s'était mis à prier que quelque chose se produise pour attiser la flamme qui embraserait la morosité de sa vie, ce n'était pas vraiment ce genre de retournement de situation qu'il avait en tête. Ce fut la première pensée qui lui vint à l'esprit lorsqu'il se retrouva face contre terre, retenu par celui qui avait pénétré dans son grand appartement sans y être convié.

Ce jour-là, Jisung s'était éveillé paisiblement, comme chaque matin. Une douce lumière avait envahi la pièce, le dérobant aux idées fantasques qu'avait fabriquées son esprit toute la nuit durant. La seule source de fantaisie qu'il lui restait vraiment.

Il s'était traîné hors du lit, s'efforçant de faire celui-ci au passage. Il avait ensuite tiré ses rideaux de soie, laissant alors pleinement la lumière du jour l'aveugler, de toute sa force. Porté par la même fièvre soudaine, il avait ouvert sa fenêtre aussi grand que possible et s'était mis à respirer le tout petit peu d'air extérieur qu'il avait jamais pu obtenir.

Mais alors, tristement ramené à la réalité, il avait fini par en détourner le regard, poursuivant la routine presque mécanique qu'avaient pris ses matins. Il avait pris un petit-déjeuner préparé par l'un des domestiques, s'était forcé à lire avant de se forcer à peindre. Avec une lenteur considérable alors, le soleil avait fini par décliner doucement, dévoilant à sa suite la chaleur de belles couleurs.

Alors à nouveau, Jisung avait pris un instant pour s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, celle de son grand salon cette fois. Il avait longtemps observé les couleurs se battre dans le ciel, fronçant légèrement les sourcils en remarquant leur soudain manque de saturation. Pour cause, son léger daltonisme lui menait bien la vie dure, le poussant à devoir porter ces grandes lunettes aux verres épais, simplement pour pouvoir observer le monde dans ses teintes véritables. Riches et vibrantes. Celles qui le faisaient tant rêver.

Il attrapa machinalement sa paire et les déposa sur l'arête de son nez. Elles avaient cette correction très spéciale qui lui permettait de voir son environnement comme il le devrait normalement. Dans toute la vivacité que sa maladie avait arraché à ses iris.

Il essayait cependant de ne pas les porter trop souvent, simplement parce que lorsqu'il les retirait, tout lui paraissait toujours plus triste et déprimant. Terne, d'un coup.

Habituellement, il ne les portait que pour peindre, mais ce soir-là, il avait fait une exception, voulant admirer la beauté du spectacle devant lui. De ce tableau inatteignable dont il avait appris chaque nuance, à la force de son admiration.

Ce fut jusqu'à ce qu'il entende une sorte de nuisance sonore venant de loin derrière lui. Il n'y prêta d'abord pas beaucoup d'attention, tournant à nouveau la tête vers le ciel brûlant et passionné. Pourtant, lorsqu'il entendit de soudains bruits fracassants résonner à nouveau, son attention fut définitivement attirée.

En se retournant, il vit que le grand salon était à présent presque entièrement noyé dans l'obscurité. Des pas lourds se firent entendre et la première chose qui vint à l'esprit soudainement paniqué de Jisung fut de s'enfuir vers l'immense cuisine. Il dévala les escaliers en courant, s'assurant que ses talons ne touchaient pas le sol avec trop de hargne. Sprintant dans la pièce, il attrapa un couteau, le plus tranchant possible.

Inspirant d'un coup, il essaya d'égaliser les battements de son cœur, jetant de rapide regards tout autour de lui avec frénésie. Il commença à sortir lentement de la pièce, remontant lentement les escaliers.

En entrant à nouveau dans le salon avec précaution, il repéra immédiatement deux hommes de grande taille, rôdant près de la fenêtre qui lui servait de mirador un peu plus tôt.

Monopolis {SKZ}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant