« La Fin est arrivée il y a vingt-cinq ans.
Depuis ce jour, il n'y a pas eu une seule naissance. Les rares accouchements ont donné lieu à des enfants mort-nés.
Les radiations nous empêchent de procréer. Ce sujet devient obsessionnel pour toute la communauté. Nous diminuons. Notre nombre décroît. Nous vivons tous avec la peur, avec la mort. Celle d'être condamnés à vivre jusqu'à ce que le dernier individu rende son souffle.
Personne ne veut être le dernier.
Après cela, il n'y aura plus d'hommes, plus d'humains.
Nous aurons disparu.
Je ne peux me résoudre à cela.... »
Mémoires, Zephyr E.S, septembre 2124
*
Namjoon
— Pour ceus qui ne me connaissent pas, je suis Bente, je suis aryma libre depuis quelques années, j'ai fondé l'Hydre à partir du moment où j'ai réussi à m'enfuir de mon bâtiment.
Les autres arymas de l'organisation se présentent, mais tu n'as d'yeux que pour Bente. Sa voix, son grain, sa manière de se mouvoir, ses yeux. Une bille noire comme une nuit profonde et ténébreuse, l'autre vert clair comme la cime des arbres et tout ce qui vit.
Tu ne t'es jamais autorisé·x à observer tes semblables ainsi, pas aussi distinctement, pas avec autant de liberté. C'est cette liberté qui emballe ton cœur. C'est l'attraction que représente cès aryma qui te fait déglutir. Le regard de Bente se pose sur chaque visage, observe les arymas rassemblé·x·s ici-bas. Dans ce regard, tu te sens vu·x pour la première fois. Entièrement. Tu n'es pas observé·x comme Rouge, tu n'es pas observé·x comme aryma.
Mais comme une personne.
— Mes adelphes, l'Hydre grandit chaque jour.
Bente a joint ses mains baguées, les flammes des bougies donnent un éclat aux bijoux et attirent immédiatement ton regard.
— Chaque jour notre nombre s'accroît, chaque année nous parvenons à libérer des arymas des camps de concentration.
Le mot te provoque un réflexe, une défense, une angoisse. Bente semble mesurer l'effet de ses paroles.
— Camp de concentration. Vous devez vous habituer à comprendre ce mot, à l'entendre, le décomposer. N'ayez pas peur des mots, mes adelphes. Les beytis, les zoipas, les yénos nous endoctrinent depuis l'enfance, iels nous maîtrisent, nous réduisent à du bétail et nous maltraitent.
Tu vois des têtes acquiescer, mais tu es incapable de bouger. Cela te fait un effet encore plus puissant que les mots sur le papier. Qu'un livre ancien. Tout résonne en toi, tout se fige au creux de ton cœur et l'enveloppe de contentement.
Quelqu'um comprend ce que tu vis, comment tu le vis.
Quelqu'um sait.
C'est un sentiment rassurant, une étreinte dans un grand océan de solitude.
— Les choses ne peuvent pas durer, pas ainsi. Les arymas meurent d'épuisement, de servitude et de torture chaque jour. Nous vivons avec l'évidence que bientôt ce sera notre tour. L'Hydre se donne cette mission : donner une vie à chaque aryma. Une vie décente, une vie où chacum devrait être libre de ses agissements, de ses choix et de son existence.
![](https://img.wattpad.com/cover/358592335-288-k52635.jpg)
VOUS LISEZ
Les Particules [EN PAUSE]
FanfictionLa fin du monde a eu lieu. L'humanité a survécu grâce à des manipulations génétiques appelées "particules" qui ont effacé la binarité des genres et divisé les populations en trois castes distinctes. Trois cents ans plus tard, la paix règne, mais el...