2 - Frôler la mort

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Je ne ressens rien. Ou plutôt rien de nouveau. C'en devient presque décevant...

Je ne vois rien que du noir. Du vide.

Je prends peur, ma vie était ennuyeuse et en même temps terrifiante mais maintenant que je suis morte...

Oh non.

Est-ce que c'est sur moi que l'homme masqué à tirer ou... Non, non ce n'est pas possible.

J'ouvre les yeux et crie en voyant le corps sans vie de mon père étalé sur le mien.

Je repousse le corps de Rowan et je recule jusqu'à ce que mon dos heurte un autre mur.

Toujours assise par terre mon regard se pose maintenant sur l'homme qui a enlevé la vie à mon père.

Pourquoi m'a-t-il épargné ? J'étais celle qui devais mourir. Pas Rowan. Moi, Dolores Maes, je devais mourir !

Je n'ai pas envie de continuer à vivre cette vie.

Mais en même temps, maintenant, je suis libre ?

Je me relève doucement en fuyant le regard de l'homme masqué et je ne comprends pas pourquoi cette émotion se réfugie dans mon corps mais... j'ai peur.

Je n'aurais jamais pensé paniquer le jour de la mort de Rowan.

C'est vrai, combien de fois ai-je pensée venir le poignarder dans son sommeil ? Combien de fois ai-je rêvée de le voir mourir sous mes yeux ?

De lui faire payer ce qu'il a fait à mes soeurs et à ma mère.

Une fois, j'ai essayée de me débarrasser de lui.

"Il s'est endormi, enfin !

Il a bu beaucoup.

Je pousse la porte de ma chambre et avance lentement dans la plus grande pièce de notre maison. Je ne peux pas m'y rendre sans l'autorisation du connard qui me sert de beau-père.

En fait, je ne peux aller nul part sans son consentement. Je suis condamnée à rester dans ma petite chambre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Mais quand il s'endort je ne me préoccupe plus de ses menaces.

Après tout, que pourrait-il bien faire dans son sommeil ?

Je sais que mon poids de plume et ma fine carrure, bien que j'aie eu dix-huit ans la semaine dernière, ne vont pas le réveiller mais je prie intérieurement pour qu'il ne se rende pas compte de ma présence.

Je me rend dans la cuisine et étouffe la crise d'angoisse qui me prive déjà d'Oxygène. Avant, je pouvais compter sur Mila ou bien Astrid pour m'aider à me calmer mais maintenant que je n'ai plus personne, je dois me débrouiller seule.

Je vais le faire !

Je vais tuer Rowan et venger mes soeurs et maman.

Enfin !

Je sèche mes larmes inutiles et attrape un couteau éguisé. Je m'approche lentement de papa et lève le couteau au dessus de son corps. Je m'apprête à le transperser de la lame tranchante de mon arme blanche quand je me rend compte que je ne peux pas le tuer.

Je suis déjà toute seule et je ne suis pas une tueuse.

De plus, je deviendrai comme lui si je tuais quelqu'un.

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