Chapitre 2 - Danna

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Je hais Alex Anderson.

D'un pas précipité, mais que j'espère digne, je retourne dans la chambre à coucher que Maïa et Evan m'offrent gentiment quand je viens leur rendre visite. C'était l'ancienne chambre de mon amie avant que celle-ci ne fasse défensivement copain-copain avec le maitre des lieux. Spacieuse, avec une vue à couper le souffle sur le bord de mer, habituellement, cette pièce est ma préférée de la villa. Mais pas ce soir. Ce soir j'ai envie d'étrangler un blondinet à barbichette, de glisser mes mains autour de son cou et de serrer, fort.

Malheureusement, en plus d'être le meilleur ami de l'hôte et mari de ma propre meilleure amie, c'est aussi devenu quelqu'un de très proche d'elle et pour une raison qui m'échappe complètement, elle l'aime beaucoup.

Pour moi, ce n'est qu'un petit con arrogant qui se pense tout permis et qui ne comprend pas à quel point la vie n'est pas un parc d'attractions. Que parfois, la vie, c'est moche. Il prend tous à la légère, n'ai jamais sérieux. Ça a le don de m'exaspérer. Et puis, par sa faute, son incompétence à failli coûter la vie de celle qui m'ai le plus cher au monde, une semaine après avoir perdu notre ami Max. elle lui a peut-être pardonné, mais je suis de nature très rancunière et toucher à ma famille, c'était la chose à ne pas faire.

Allonger dans mon lit, je fixe le plafond d'un œil rageur.

Pour arriver à mes fins, j'ai dû lui donner un os à ronger quand j'ai fini par appeler Alex et lui proposer mes services. Lors d'un appel téléphonique entre Maïa et Evan, j'ai compris à demi-mot qu'il n'avait pas de bras droit et donc personne sur qui se reposer. Gérer deux organisations qui recouvrent les deux plus grands pays du monde, ce n'est pas une mince affaire.

J'ai baigné dans ce milieu toute ma vie.

Avoir une mère dépressive et alcoolique qui, à un jour sur deux, finit avec le nez rempli de poudre blanche, cela m'a permis de savoir me débrouiller seule et d'être indépendante très jeune. Mon père n'est pas un mauvais bougre, mais sa place de bras droit du parrain de la Bratva – anciennement Pavel Sergeev, défunt père de Maïa – ne lui a laissé que peu de temps à me consacrer. J'ai été élevée par beaucoup de nourrices, mais aucune n'a réussi à faire longtemps face à mon tempérament de feu. Depuis toute petite, je sais que je ne suis pas facile à vivre, je n'ai pas ma langue dans ma poche, je n'hésite pas à dire ce que je pense, quitte à blesser la personne en face de moi. Je ne suis pas de nature hypocrite et quand je n'aime pas une personne, je préfère lui faire savoir plutôt que de la caresser dans le sens du poil. Quand je ne suis pas la première à attaquer, je sais quand même me défendre et répliquer.

Quand on a un corps comme le mien, avec des courbes généreuses et surtout qui les assume entièrement, cela dérange. D'ailleurs, j'ai toujours été fascinée par ces personnes qui ont l'audace de juger le corps d'une autre personne, comme si leurs opinions comptaient. Cela va peut-être être un scoop pour beaucoup, mais le corps d'une personne lui appartient. Nous ne sommes personne pour donner un jugement dessus ou même faire un choix à sa place.

J'ai des courbes, et alors ? Je le vis très bien, j'en suis fière et surtout, j'emmerde ceux que cela gêne.

Je ne m'habille que pour me plaire, pas pour voir les moues de dégout de certains et certaines, pas pour que des porcs me sifflent dans la rue, ni même pour me faire agresser sexuellement quand une main passe soi-disant par inadvertance sur mon postérieur. Le dernier qui à essayer, a fini plier en deux de douleur, ses cojones entre les mains.

Je prône le body-positive, car tous les corps sont beaux et pas seulement ceux que l'on voit dans les magazines ou à la télé. Mais c'est encore très mal vu. Heureusement, mon caractère est aussi fort que mes hanches son généreuses, donc le premier qui ose me faire un reproche, me lance un regard d'écœurement ou pire, il sera très bien reçu.

Dark flightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant