Prologue

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Il y a des responsabilités auxquelles personne ne peut se souscrire, comme celle d'assassiner des innocents pour le bien d'un Royaume.

Tandis que le vent frotte contre la chair de Kara, tous ses sens restent en alertent, attendant sagement que la nuit soit la plus calme possible.

Elle demeure perchée sur une branche, à bien dix mètres de haut. Elle ne peut s'empêcher de se torturer intérieurement, mais au fond ce n'est que ce qu'elle mérite, et peut-être ressent-elle le besoin de se punir.

Après avoir sautée de son perchoir, Kara retombe délicatement sur ses pieds, comme si elle s'était contentée de sauter d'une chaise. Comme un félin agile et souple, Kara n'a aucune égratignure, elle ne ressent aucune douleur dans ses chevilles ou dans ses genoux. Son cœur ne bat pas à cent à l'heure. Elle n'éprouve rien.

Elle parcourt de ses yeux ce qui l'entoure, comme si elle découvrait ces ruelles pour la toute première fois, comme si elle ne s'y aventurait pas depuis cent quatre-vingts ans. Ce soir, la nuit est aussi noire que les abysses du Royaume de Damon, alors que les étoiles sont d'un jaune ardent et étincelant comme les gloires du Royaume de Phoenix.

Elle scrute sa dague bordeaux, qu'elle maintient fermement dans sa main droite à s'en faire blanchir les jointures. La lame reflète quelques instants son regard si jaune, si déterminé, et si attristé d'y entrevoir les derniers moments qu'elle a pu arracher avec son aide.

Dès lors que Kara avance vers la résidence de sa future victime, elle entend sa voix à lui, comme à chaque fois, qui la hante et la force à lui obéir. Kara souhaite éviter la Recréation, maintenir la paix quoi qu'il en coûte, éviter la guerre comme il y a cent cinquante ans.

Je suis l'enfant de la prophétie.

Je suis l'enfant de la prophétie.

Je suis l'enfant de la prophétie.

Kara a tenté de faire abstraction de ce destin qu'on lui a affligé à la naissance, mais c'est malheureusement ancré en elle. Il a gravé au plus profond de ses souvenirs, tout ce qu'elle serait amenée à faire à l'avenir.

Kara se trouve dans le quartier le plus noble de l'empire de Phoenix, à la périphérie du palais Royal, où sont rassemblés les Faes puissants qui jouissent de pouvoirs plus que triomphants.

Il faut savoir qu'à Phoenix, ce n'est pas l'or ou les pierres précieuses qui régit les lois, mais le pouvoir. Le niveau de magie d'un Fae honore son statut ainsi que la Province à laquelle il appartient. Pourtant, il n'y a aucune inégalité entre chaque Faes, peuple de la nature. Une multitude de pouvoirs circule dans ce monde, chacun est unique puisqu'il n'existe pas un seul Fae qui possède un don identique. C'est un caractère individuel qui les rend uniques, solides, cela constitue l'ADN propre des créatures de la nature.

C'est une caractéristique qui les différencie des autres espèces, plus faibles et fragiles : les humains. Kara les méprise, surtout ceux que le Roi a accepté de recueillir dans leur monde il y a dix ans.

Elle déteste les humains. Elle les déteste tous.

Alors que Kara pénètre dans la maison qui l'intéresse avec une facilité déconcertante, elle referme aussitôt la porte derrière elle, tranquillement. Aucune magie la détecte comme une anomalie, aucune magie ne signale sa présence illégale aux propriétaires de cette propriété puisqu'au fond, elle lui appartient. Comme tout ce qui gît dans ce Royaume.

Cette sublime bâtisse fleurie est si blanche, que personne ne serait capable de soupçonner son existence lointaine. L'entrée annonce la couleur : somptuosité. Si Kara ne les connaissaient pas, elle s'attendrait à ce que les habitants aient des pouvoirs plus que rares. Et c'est bien le cas.

La Princesse de PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant