Chapitre I

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           ⚠️ TW : viol, agression sexuelle ⚠️

Il était là, juste là. Sous mes yeux ébahis, se dressait le monstre qui avait tourmenté mes nuits sans relâche, pendant de longues années. Je ne pouvais en croire mes yeux, mais j'ai senti sa présence, aussi réelle que jamais.

Ma respiration était saccadée, comme si chaque inspiration était un défi. Mes jambes tremblaient encore, incapables de retrouver leur stabilité, et mes genoux s'entrechoquaient dans un concert de peur. Une décharge électrique semblait parcourir mes jambes, comme pour me rappeler que la terreur était douloureuse.

Mon corps était secoué de frissons, une réaction incontrôlable face à la situation. Je ne savais pas si c'était la terreur qui me glaçait le sang ou la froideur inhérente à cette pièce lugubre qui me procurait cette sensation désagréable.

Une fois de plus, mon sommeil avait été restreint, limité, interdit. Les nuits étaient devenues un terrain de jeu pour mes cauchemars, me privant de tout repos.

Je restais là, allongée sur le dos, incapable de bouger le moindre doigt. Je n'avais certainement pas le droit de le faire. Chaque matin, j'attendais qu'il daigne me donner la permission de me lever. J'étais destinée à vivre à la merci d'un homme. Moi qui critiquais tant ces femmes qui acceptaient de se soumettre à un homme. Je me demandais toujours ce qui les motivait à rester. Avaient-elles peur ? Avaient-elles honte ? Je fixais le plafond depuis ce qui me semblait être des heures, même si cela ne durait peut-être qu'une dizaine de minutes.

Être cloîtrée chaque soir dans cette pièce vide, humide et glaciale, telle une gamine rebelle de quinze ans cherchant à faire le mur, avait complètement altéré ma perception du temps.

Soudain, la porte s'ouvrit. Par réflexe, je resserre mes jambes l'une contre l'autre avec une force inouïe. Je clos mes paupières avec grâce, mordillant ma lèvre inférieure, espérant qu'il me laisse en paix.

Malheureusement, je sentis un poids s'enfoncer dans le lit. Le matelas était imprégné de la sueur causée par la terreur horrible de cette nuit. Mon esprit s'était complètement détaché de mon corps. Je savais ce qui allait suivre, comme à chaque fois que mon oncle se retrouvait seul avec moi dans n'importe quelle pièce de cette foutue maison. Habituellement, il ne prononçait aucun mot. Une fois qu'il avait fini, il me permettait de me lever et de prendre une douche.

Pourtant, sa voix résonne à mes oreilles. J'entends : "Tu mouilles déjà, petite salope ? Tu te plais à des jeux solitaires sans moi ?"

Je n'arrivais pas à dire un mot, et soudain, il écarta mes jambes sans effort. Son poids m'écrasa et je sentis une oppression dans ma cage thoracique.

Incapable de le confronter, je tournai la tête vers la fenêtre à l'autre bout de la pièce, où des barreaux rouillés étaient installés. Ce que je pouvais à peine appeler ma chambre se trouvait à l'étage, il était impossible de m'échapper.

J'étais tétanisée par la peur, offrant mon corps à cet homme que je détestais tant. Avec le temps, la douleur physique s'estompa, mais le bain qui suivait cette torture me faisait toujours m'effondrer en larmes. Je frottais sans relâche mon corps avec du savon, espérant effacer les marques invisibles laissées par ses mains. Je pensais que l'eau abondante finirait par laver mon corps de ce sentiment de saleté et d'impureté. J'avais visiblement tort.

Je sentis enfin mon tortionnaire se retirer de moi. Puis, il se leva et prononça cette phrase que j'appréciais tant : « Tu peux aller te laver, Lilith ». Je répondis par un simple "merci", bien que je ne sache pas exactement pourquoi je devrais le remercier. Merci de t'approprier mon corps à ta guise ? Merci de m'opprimer et de me soumettre à tes ordres ? Merci de me gâcher la vie ? Connard.

LilithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant