Je prie les dieux...

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Du ciel étoilé qui brille joyeusement au-dessus de ma tête, mon regard descend et se pose sur la grande montagne à des kilomètres de moi, qui semble abriter la moitié de la lune derrière elle.

J'ai passé la moitié de ma vie sur cette colline. Depuis mes neuf ans jusqu'à mon vingt-et-unième anniversaire, du lever du soleil au crépuscule. 

Le tapis sombre qu'est cette montagne maintenant m'a vu fille, puis femme. Elle a été témoin de chaque pas qui m'a mené à la personne que je suis aujourd'hui autant que les dieux qui du haut de leur trone, me fixent sans relâche.

Et ce soir, en cette nuit à peine éclairée par la lune, elle est là à me fixer, essayant d'essuyer mes larmes par le vent qui souffle de partout.

Mais qui séchera mes joues quand je pleure celle qui dans son ventre m'abrita neuf mois puis dès ma conception, se battit chaque jour pour que j'ai une vie plus meilleure que la sienne jusqu'à son dernier souffle? Jusqu'à ce que par la faute de mon père, elle rende l'âme?

Et peut-être aussi la mienne…

Un souffle de vent m'effleure la joue me rappelant sa main quand après qu'elle eut été frappé par son mari, elle se glissait dans ma chambre pour me chuchoter d'arrêter de pleurer, qu'elle n'avait rien, que demain serait meilleur même quand elle savait qu'il pouvait être pire, que Dieu ordonne aux femmes de se soumettre à leurs maris et que si quelqu'un vous frappe sur la joue droite, vous lui offrez aussi la gauche.

C'était pendant ces moment que je détestait Dieu et les jésuites qui nous l'enseignent chaque dimanche, au sein de la paroisse sur la montagne qui me fait face maintenant et se moque de moi et de mon chagrin par l'image grandiose et laiteux que lui offre la lâche lune qui se cache derrière elle.

Elle finissait en disant que de toute façon, n'ayant pas de diplôme à exhiber auprès de son mari, elle avait signé pour ça. Et c'est pourquoi elle voulait à tout prix que je fasse des études.

Un jour, elle m'a dit que j'étais celle qui la faisait avancer, son seul espoir et soutien pour continuer mais moi, je me suis toujours vue plutôt comme son porte-malheur. Et cela, depuis ma naissance.

En grandissant, j'ai compris que mon père ne voulait pas de moi, ou plutôt, de fille tout court.

Le comble de malheur, je fus l'aînée et l'unique enfant dont ils eurent droit pendant quinze ans.

La grossesse qui succéda à ma naissance eut des complications à six mois et faillit emporter ma mère. Pourtant, je doute que mon père l'ait jamais regretté. Ce fut une des choses qu'il lançait à ma mère pour la blesser ou la rabaisser, rien de plus.

Les médecins dirent à mes parents qu'il serait sage qu'ils prennent une pause sur la reproduction parce que l'état de ma mère était fragile.

Pourtant, un mois plutard, elle était enceinte, une grossesse qui à quatre mois, elle eut une autre fausse couche. Les médecins la mirent sur des méthodes contraceptives, à l'insu de mon père.

Depuis, elle commença à se battre pour mon bien-être, et peut-être d'une part le sien même si elle ne l'atteint jamais.

Je l'ai vue se lever à quatre heures du matin, préparer le petit déjeuner sur lequel elle en conservait deux tiers pour le petit déjeuner et le déjeuner pour mon père, emballer le reste comme impamba pour elle et moi et le nouer autour d'une houe sur l'épaule. Avec un bidon de cinq lettres sur la tête, et une chèvre enchaînée sur une corde dans une main, moi malgré mes quatre ans dans son dos, elle quittait la maison avant que les oiseaux commencent à chanter pour aller cultiver à une douzaine de kilomètres de la maison.

Je prie les dieux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant