Chapitre 9

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Tim

J’ai dû aller me soulager dans la salle de bain. Encore une fois.
J’ignore comment je suis parvenu à lui résister. À renoncer à l’envie, au besoin même de lui arracher ce top qui me laissait un aperçu plus que réaliste sur cette partie de son sublime corps.
La transparence de son haut m'a, je crois, fait davantage d’effet que si elle s’était présentée dans le plus simple appareil face à moi.

Et son regard sur mon torse…
Hazel suffoquait à l’idée que je la touche. Pendant que moi je mourrais de m’en empêcher.
Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
Pourquoi est-ce que je refuse de succomber ?

Peut-être le fait que tout pourrait changer entre nous. Néanmoins, je ne le souhaite pas.
Au bureau, cette fille est une lionne. Elle ne s’abaisse devant aucun client, leur tient tête et défend ses propos comme personne. Au niveau professionnel, elle ira loin, très loin. Gravira les échelons à la force de son caractère, de sa rigueur, de son dévouement. Son avenir est tout tracé.
Si sa relation avec ses parents n’était pas aussi ternie, je n’occuperais pas le poste que j’ai actuellement. Ce serait elle à ma place, je serais le second. Sous elle. Sous ses ordres.
Putain, ne dis pas des trucs comme ça, Tim !

Immédiatement, mon sexe s’affole. Il réagit au quart de tour dès qu’il est question de mon assistante. Et ce, de plus en plus souvent, car la furie que je vais bientôt revoir, après cette nuit étrange, paraît plus déterminée que jamais.
Depuis quelques temps, elle augmente le rythme de ses provocations, elle pousse le vice à l’extrême.

Les occasions vont également s’y prêter. Mon frère va faire sa demande très bientôt à Abigaëlle. Il a trouvé la bonne, sa perle et je suis heureux pour eux deux. Mais cela veut dire que je vais devoir côtoyer Hazel indéfiniment.
Même si, quelque part, je n’avais pas de doutes à ce propos. J’ai toujours pensé qu’elle ne sortirait jamais de ma vie, le futur mariage de sa meilleure amie ne fait que le confirmer. En épousant Abi, Ezio sait qu’il intègre aussi Hazel à notre famille. Officiellement, parce qu’elle en faisait déjà plus ou moins partie.

Et puis, il y a mes parents. Ils sont convaincus que ma collègue et moi allons vivre une histoire digne des plus belles romances de Noël. Combien de fois j’ai entendu dire : « Mon chéri, vous êtes faits l’un pour l’autre. J’aimerais tellement que vous en preniez conscience tous les deux. Pour le moment, vous n’avez pas encore ouvert les yeux sur ce qui vous lie, mais, ce jour-là, je serais la plus heureuse des mères ».

Je suis certain que, lorsqu’Hazel a mentionné sa roue crevée, elle a vu le moment idéal pour nous rapprocher. Si je n’avais pas picolé comme un dingue, elle aurait forcément trouvé quelque chose pour que je reste, moi aussi, ici. 

Je ne peux définitivement pas tout foirer. Je n’ai pas le droit de leur faire ça.
Si les chose se finissaient mal entre nous, cela altérerait la situation avec ma belle-sœur, mon frère. Mes parents seraient déçus et mal à l’aise vis-à-vis d’elle. Ma mère se priverait de la revoir par respect pour moi et je ne le conçois pas. Tout comme je ne m’imagine pas prendre le risque de la perdre. De la sortir de ma vie.
C’est impensable.

Non, vraiment, j’ai bien agi en la repoussant. En mettant un terme à cette chose bizarre qui s’est déroulée dans cette cuisine.
Il valait mieux y mettre fin avant que quoi que ce soit n’arrive.

Qu’est-ce qu’il se serait passé ?
Nous aurions franchi cette barrière ? Je l’aurais embrassé comme un malade, craignant de ne plus jamais être capable de me passer du goût de ses lèvres ? Hazel aurait crocheté ses jambes autour de mes hanches pour que je la ramène sur le marbre du plan de travail. Nous nous serions décalés un instant afin de nous laisser le temps de se découvrir. Mes mains auraient caressé sa peau, ma bouche se serait délectée de la saveur sucrée de son cou. Ses doigts auraient effleuré mon torse, suivant les courbes de mes muscles dessinés avant d’aller se perdre à la lisière de mon pantalon. Je lui aurais permis de me l’enlever, il serait descendu jusqu’à mes chevilles, lui révélant mon désir pour elle. Le feu dans ses yeux m’aurait rendu fou, fou d’envie de lui faire l’amour. Je l’aurais prise là, entre l’évier et la plaque électrique. Ça aurait surement été grandiose, mémorable, extraordinaire et puis quoi ?

Comment nous serions-nous comporté le lendemain au boulot ? Hazel se serait-elle contentée d’une nuit de sexe avec moi ? Parviendrons-nous à passer à autre chose ? Rencontrerait-elle d’autres hommes à qui elle offrirait son corps ? Le supporterais-je ?

Il m’est interdit de m’investir dans quelque chose. Surtout avec elle, mais j’ai conscience, aussi, qu’une seule fois ne sera jamais suffisante. Je ne dois pas craquer. Rester fort, résistant et continuer sur le même chemin que nous avons emprunté il y a cinq ans. Je suis le boss, elle me seconde, voilà tout.

Satané boss !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant