Chapitre 2 : Le Patio

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Dimitri le savait : il détestait cette boîte. Mais c'était celle que préférait Aidan et l'Écossais n'avait pas eu l'air de lui poser la question lorsqu'il l'avait traîné jusqu'ici. Alors Dimitri s'accouda au bar, commanda une pinte et observa la foule qu'Aidan avait déjà rejointe, comme à son habitude. Il s'était mêlé aux danseurs dès qu'il en avait eu l'occasion et Dimitri ne lui en voulait même pas de le laisser seul, même compte tenu des circonstances.

Le but de cette soirée était pourtant simple, mais le jeune homme sentait qu'il était toujours bien loin d'effleurer l'objectif. Comment oublier Céleste ici, alors qu'elle était partout ? Dimitri avait l'habitude de trinquer avec elle avant tout, puis de se demander mutuellement leurs avis sur de probables conquêtes. Il n'avait même pas envie de lever les yeux vers la piste de danse tellement son amie faisait partie intégrante du processus. Ils définissaient des cibles et se séparaient pour le reste de la soirée, pour se retrouver le lendemain, avides de se raconter leurs expériences.

Tout devenait déjà fade sans la présence de Céleste et l'ennui le traquait alors qu'il venait à peine d'arriver. Il resta accoudé au bar, les yeux rivés sur sa pinte qu'il vidait doucement. Morose.

— Salut !

Dimitri cligna des yeux avant de tourner le regard vers une jeune femme blonde, souriante et tellement jolie qu'il se demanda si ce n'était pas Céleste qui l'envoyait. Il força un rictus en se présentant vaguement tandis qu'Alice risqua une main sur son épaule pour s'aider à se hisser sur un tabouret de bar. Dimitri la trouvait vraiment mignonne, son maquillage était élégamment travaillé, ses ongles parfaitement manucurés. Au sourire qu'elle lui offrait, Dimitri devinait qu'elle avait confiance en elle et ça lui plaisait.

C'était facile, pour lui. Il plaisait aux femmes et il le savait. Il n'avait pas besoin d'essayer de paraître plus intelligent qu'il ne l'était, ou dans une meilleure situation. Son physique jouait pour lui et il n'avait eu à peaufiner que son éloquence pour obtenir tout ce qu'il désirait.

Alice, c'était du tout cuit pour lui. Mais il n'était pas certain d'avoir envie de ça ce soir-là. Avec qui aurait-il pu débriefer cette soirée puisque Céleste ne débarquerait pas en fanfare le lendemain pour qu'ils se racontent leur fin de soirée.

Il n'avait aimé au fil des années que des filles puis des femmes. Il aimait les regarder, les voir sublimées par des ornements tantôt aussi discrets qu'une simple couche de mascara, tantôt si érotiques que des dessous en dentelle. Il aimait tout. Il aimait les femmes, leurs formes, leur sensualité, leur douceur. Il aimait par-dessus tout celles qui savent charmer tout en discrétion, tout en délicatesse. Celles qui avaient confiance en elles et en leur charme naturel.

C'était un peu le cas de la jeune femme qui s'était aventurée jusqu'à lui. Il avait suffisamment entretenu la conversation pour qu'elle comprenne qu'elle l'intéressait. Juste au cas où. Il était aussi doué pour la drague qu'il était incompétent pour la danse alors il jouait au mieux de ses atouts.

Deux regards se croisèrent ce soir-là, et Dimitri fut perdu.

Il avait cessé d'écouter la petite blonde qui l'avait conquis à peine un instant plus tôt. Il se sentait incapable de détourner le les yeux du spectacle qui se déroulait à quelques mètres de lui. Assez proche pour n'en rater aucune bribe, assez en retrait pour passer inaperçu.

Accoudé au bar, il était envoûté, les yeux rivés sur un jeune homme qui semblait s'embraser sur la piste de danse. Ses cheveux mi-longs volaient autour de sa tête comme une auréole brune, camouflant par instant les traits presque enfantins de son visage. Mais Dimitri le fixait depuis suffisamment longtemps, il connaissait déjà par coeur ce nez droit, cette bouche entrouverte, cette mâchoire dessinée, ce menton franc et surtout ces yeux clos. Le bleu de ses iris avait ensorcelé Dimitri en un quart de seconde, leur teinte s'était imprimée dans sa mémoire et il semblait incapable de regarder ailleurs, comme dans l'espoir de les croiser encore.

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